Mille cinq cents entrées, plus de onze mille échanges.
Et si, jour après jour, chacune de ces entrées disparaissaient comme elles sont venues ? Et si, jour après jour, les échanges qu'elles ont suscitées disparaissaient avec ? C'est la question saugrenue qui m'est venue à l'esprit ce matin en composant cet avis. Je pourrais faire en sorte qu'à partir de demain, le premier billet, publié en octobre 2004, soit retiré de la publication avec les commentaires qu'il comporte. Et ainsi de suite jusqu'au néant prévisible dans … quatre ans environ. Curieuse façon de penser la vie et la mort d'un blog n'est-il pas ?
Mais d'abord, est-ce qu'un blog est vivant ? Pas plus qu'un livre ou un carnet posé sur une table ou qui traîne dans le fond d'un sac — j'en ai un, fidèle, qui ne me quitte jamais bien que je ne l'utilise qu'épisodiquement. Il faut l'ouvrir, avoir envie de le lire après les premières lignes, susciter la réflexion, l'émotion, l'étonnement, que sais-je encore pour l'animer. Est-ce qu'un blog peut se suicider, s'annihiler en se vidant à rebours ou chronologiquement comme je l'évoquais plus haut ?
On peut le vider, comme on viderait une boite, un sac d'aspirateur, ou une vieille malle des Indes, on peut aussi le conserver dans un coin du grenier ou d'une cave. On peut aussi choisir de l'exposer comme une nature morte, tiens encore ce mot qui revient, comme un témoignage des journées et des nuits passées par ici. Ici, mais où ? Ce n'est pas un endroit non plus. On dit qu'on va lire tel ou tel blog, comme s'il fallait se déplacer pour le consulter, alors qu'il n'est fait que d'électrons et de photons, de particules plus ou moins magnétiques stockées quelque part et dupliquées et reproduites à la demande.
Ce n'est pas une chose vivante, ce n'est pas un endroit, c'est une mémoire. C'est la mémoire de quatre années à partager, à rencontrer et à se passionner. Je connais des stakhanovistes de l'archivage. Je me dit parfois que je ne suis pas loin d'en être un moi-même, mais seulement pour certaines choses car j'aime me débarrasser de ce qui m'encombre de temps en temps. D'ailleurs, en ce moment, … mais c'est une autre histoire que je ne raconterai pas ici. Ailleurs mais pas ici. Cette mémoire, dont vous lisez un dernier fragment, est un peu trop exposée, pas assez anonyme, j'y ai perdu la liberté de ton et de parole que je voudrais avoir aujourd'hui. Je m'auto-censure, de plus en plus et je n'aime pas ça.
Depuis quelques semaines déjà, l'envie est là. L'envie de me créer un nouvel espace, une nouvelle mémoire qui soit moins sujette à questionnements au moment d'écrire et de publier. Parce que j'ai des envies d'écriture et quelques histoires à vous raconter. Certaines seront vraies, d'autres moins. J'ai aussi des images qui me plaisent et que je voudrais continuer à vous montrer. Ici je referme la porte et les volets doucement. Les commentaires resteront possibles encore quelques jours, le formulaire de contact restera accessible tant que ce blog continuera d'exister — tiens nous revoilà à parler de l'existence d'un immatériel ou presque — mais je n'écrirai plus ici, je ne publierai plus ici, pas plus que je n'indiquerai ici l'ailleurs où je me rends — tiens ! Me revoilà à voyager vers un…
Ce billet est convenu. Il m'est arrivé d'en lire des comparables de temps en temps sur des blogs que je suivais alors. Le ton est souvent identique, souvent quelques regrets, des envies non satisfaites ou au contraire comblées. Souvent je me suis demandé s'il fallait écrire cela. Souvent je me suis demandé si, par respect pour ceux qui me lisent encore ce jour, je devais user de bienséance, annoncer cette disparition et une naissance. Souvent je me suis demandé si je devais quelque chose à ceux qui sont venus animer cet endroit, ceux qui m'ont permis des rencontres bien réelles — certaines ô combien magnifiques —, et comme je suis bien élevé je choisis de le faire.
Tout cela sonne faux bien sûr. C'est très égocentrique, tourné vers moi, ce blog est aussi ça. Parce que j'ai envie que certains me suivent. Parce que j'ai envie de ne pas rompre le contact. Parce que j'ai envie. Un blog est avant tout ce qu'on montre de soi. Il compose une quasi personnalité, parfois de fiction, parfois bien réelle, souvent balançant de l'un à l'autre. Vous ne savez pas tout de moi, mais bien plus que certains proches et pourtant j'ai pesé mes mots, mesuré mes propos.
Ailleurs sera nouveau et finira peut-être comme ici, allez savoir… je ne me pose pas la question. Hardi et hauts les cœurs !
1 De akynou -
Ha les changements… On sait quand ça commence, on ne sait jamais où ça fini. Certains se contentent de modifier leur coiffure. D'autres révolutionne tout de fond en comble.
J'ai comme l'impression que ce blog n'était plus vraiment toi, mais l'a-t-il vraiment été ? La carapace du début s'est largement fendillée, même l'habillage est devenu plus esthétique, moins technique.
Cela dit, j'aimerais bien suivre tes nouvelles pérégrinations :-)
2 De Franck -
Il suffit de demander — ici ou par mail — et si ce qui me sert de cerveau y consent, j'envoie derechef l'adresse de l'ailleurs ;-)
3 De Agaagla -
et moi itou, car j'ai pris goût à venir y flâner, j'aime bien tes photos, beaucoup tes histoires, et les réflexions que tu suscites résonnent bien souvent dans mon propre cheminement...
maintenant la question va être comment te retrouver, moi qui ne te connais que par ici ?
4 De gilda -
C'est intéressant cette idée d'effacement progressif. (mais peut-être est-ce parce que mon existence de ces dernières années m'a rendue hyper-sensible à ce thème - de l'effacement -).
5 De Kozlika -
Agaagla, via le formulaire de contact que Franck a mis en lien dans son billet j'imagine. Tu confirmes, Franck ?
6 De Franck -
Tout à fait Kozlika.
Vous pouvez :
7 De Agaagla -
merci bien l'une et l'autre... à bientôt ailleurs alors...
8 De jathénaïs -
Souvent je me suis demandé si je devais quelque chose
Je crois profondément qu'on ne doit rien à "son lectorat". On peut avoir envie, mais on ne doit rien à personne. Ceci étant posé, je suis comme tout le monde jusque là, respectueuse de ton choix, mais avec une grosse envie de pouvoir continuer à lire tes mots, et à voir tes photos. Je me demande juste si je te demande là officiellement de bien vouloir me compter au nombre de ceux que tu autorisera à te suivre dans cet ailleurs, ou si je parie sur la chance de (re)tomber sur toi au détour d'un clic, peut-être même sans le savoir. Après tout, je te laisse juge ;-)
Ps : mais par contre, et tout à fait indépendamment de tes activités bloguesques, j'espère que nous te retrouverons de temps en temps pour les chic des clics dès la rentrée ;-)
9 De mirovinben -
Franck, j'ai vécu tes... heu... péripéties récentes comme d'autres en direct-live sur ce blog.
Péripéties uniquement connues par ce que tu as bien voulu nous en dire. C'est à dire peu et suffisamment pour comprendre qu'il y avait un gros changement, de nouvelles perspectives et quelques abandons (à la fois dans le sens "je m'abandonne" et dans le sens "j'en laisse derrière moi").
Je me doutais bien un peu que ce lieu ne resterai pas "tel quel"... Surtout à la lecture de tes derniers billets. Tu es chez toi (même si c'est digital et immatériel), tu fais ce que tu veux... Juste que j'aimerais continuer à te lire et apprécier tes photos...
L'adresse mail de mes commentaires est totalement opérationnelle... ;-)
10 De Fab des bois -
Mince, une page se tourne ... Enfin tu changes de livre et recommences autre chose.
Malgré l'absence de commentaires laissés sur ton blog (à part quelques messages concernant des plugins), j'étais un fan des photos et autres moments de vie racontés ici. Alors si le wagon des demandeurs d'asile du nouveau blog n'est pas encore plein ... j'oserai demander une place ...
Courage
11 De femme -
a vrai dire, c'est un bon moyen de faire une "sélection"...
12 De Otir -
Ton billet (et ta décision) me font irrémédiablement penser à cette analyse de la mort numérique proposée à l'occasion d'une décision similaire prise dans un autre contexte.
Si cela t'intéresse (ou tes lecteurs) voici le lien vers l'article en question de Yann Leroux, un psychologue qui se penche systématiquement sur ces questions.
13 De TiBen -
Pour te dire, depuis plusieurs mois je ne lisais pratiquement plus tes écrits, feuilletant de temps en temps quelques billets, mais me détachant de ce flux qui ne me correspondait plus. Et ce nouveau chemin que tu sembles prendre, je ne le suivrais pas, pas pour l'instant. Peut-être le croiserais-je à nouveau, plus tard ; comme j'ai croisé ce carnet, m'y attachant par son coté personnel mais pudique, par sa manière de montrer une vie sans trop en dévoiler. un exutoire libéré du voyeurisme, un réel exercice de style pour cela, mais passant avec le naturel de la sincérité.
mais depuis quelques temps, des écrits, des photos, mais plus de vie.. en y repensant, je crois que le fait de te voir en vidéo (pour ton émission sur la 5 je crois) m'avait déjà déçu, cette aperçu tenant déjà selon moi d'un besoin de montrer quelquechose qui n'est pas nécessaire.
je n'ai plus le temps de t'en dire plus, mais je lirais la suite de ces commentaires pendant encore quelques jours.
bon vent, bon ailleurs
tiben
14 De Gilsoub -
En ce moment, les remises en questions de blogueur et la fermeture des dits blogues semble êtres dans l'air du temps, et mes abonnement RSS maigrissent à vue d'oeil! La plupart revienne sous une autre forme, d'autre ne reviennent pas et certains rouvrent simplement. Quelques sois ta décision j'espère que tu me compteras parmi les privilégiés qui pourront te suivre... car comme l'as dit femme, c'est un bon moyen de faire un tri... tout provisoire... parce que sur le net, on finis toujours par te retrouver ;-) Quoiqu'il en soit, bon courage pour la suite et j'éspère à l'instar de Jath, que tu seras des notres pour les prochains "Chic, des clics".
15 De cleanettte -
Un blog ne vit que dans l'instant présent les archives en dehors de quelques articles traitant de sujet particulier ne sont que rarement consultée. je parcours parfois des billets assez ancien d'un blog lorsque je le découvre pour savoir ou je mets les pieds mais c'est tout. Si je n'ai pas encore fermé et supprimé les billets de mes anciens blog c'est uniquement parceque je n'ai pas trouver de moyen de les archiver et de pouvoir toujours les consulter à ma guise si besoin car si les autres ne consultent pas mes archives, j'aime bien moi y remettre le nez de temps en temps. Parceque le premier public de mes blogs c'est d'abord moi.
Quand à ton prochain blog: est-ce qu'il me plaira autant que celui ci si il évolue? j'aimerais bien pouvoir en juger par moi-même alors j'espère que tu m'enverras le lien.
16 De Anthom -
Je fais partie de ceux qui ont écrit très peu de commentaires mais j'aimais ces photos de l'Atlantique qui me parlent tout particulièrement, à moi qui suis amoureuse de l'ile d'Yeu, mon deuxième lieu d'habitation et j'aimais lire ces textes riches et pudiques livrés à nos regards d'internautes voyeurs. Aurai-je le droit d'accéder discrètement à cet ailleurs où toute cette richesse continuera à s'exprimer? Merci en tout cas pour les instants d'émotion offerts.
17 De biou -
bah tu ne peux pas mettre une redirection ? :) y'a des jours j'aimerai quand même dire des trucs intelligents, si, si, promis :)
18 De darcy -
Merci d'exister, c'est vraiment peu de choses mais ce que tu donnes m'a donné envie d'ouvrir enfin un blog Merci sincèrement
19 De darcy -
Ha zut, je ne me suis pas relue Je disais donc Merci ... d'exister
20 De Mavie -
Je suis heureuse d'avoir pu découvrir ton univers via le jeu des sabliers...J'ai été une lectrice occasionnelle mais attentive (mais peu bavarde ds les comms). Je préfère laisser le hasard se faire. Peut-être trouverais-je le nouveau blog, peut-être pas...ça fait pour moi partie du jeu de mes découvertes bloguesques...Bonne route et merci.
21 De Tsunade -
Rigolo,
J'arrive aujourd'hui sur ce blog, alors que tu y écris ton dernier billet.
Il est en signet depuis un moment dans mes favoris et cela fait un bail que je n'étais pas venu le lire.
Je ne me souviens pas encore comment j'avais atterri ici, dans cet espace virtuel. Je vais chercher un peu et je trouverai probablement.
Donc je vais prendre un moment pour feuilleter ce livre qui va bientôt être au feu !!
En tout cas bon nouveau blog.
22 De François Granger -
Là, ce soir, je suis à la bouure. Je reviens tout juste de Lille, je pars demain aux aurores retrouver mon Elle et a Merveille pour deux jours rapides. J'ai eu tout juste le temps de lire mes mails... Je n'ai donc lu aucun commentaires. Mais...
Un blog est un lieu, un peu comme une maison. Tu y entres, tu y sent une ambiance, et tu t'incrustes, ou tu t'enfuis... ;-)
Il y a des blogs ou je me suis incrusté depuis le jours ou je les ai découverts, d'autres ou je ne fais que passer.
23 De femme -
avant que tu ne partes... Tu ne nous a pas dit si ton fils avait aimé tes histoires... je crois que je laisserais faire le hasard... Comme quand j'ai trouvé ton blog, et puis je ne veux pas être déçue si je te donne mon mail et que je ne fais pas partie de la sélection... T'es écris me manquerons...
24 De Franck -
Oui il aime mes histoires ;-)
25 De Akynou -
Donc je confirme, j'aimerais bien avoir l'adresse de ton nouveau ailleurs. Mon adresse est tout à fait valable :-)
26 De Romuald -
Parfois, pour que quelque chose vive, il faut que quelque chose meure...
27 De François Granger -
;-)
28 De Personne -
Bonjour Frank, Tu ne me connais pas, je vis très loin de toi, dans un autre pays. C'est mon premier commentaire sur ton blog que je suis depuis des années. J'apprecie de suivre ton évolution, tes sentiments, souvent proches des miens, sans avoir à te rencontrer, sans avoir à me dévoiler. Merci pour tes témoignages et ta lucidité. N'hésite pas à arreter ce blog. La seule chose qui compte étant in fine seulement toi-même, tes enfants, ta famille. La vraie vie. Enchanté et Adieu en meme temps !
29 De brol -
C'est quoi "la vraie vie" ? Pourquoi vouloir à toute force opposer les miettes de vie qu'on peut exposer dans un blog à celle qui ne serait pas couchée sur écran ? A ce compte, laisser un commentaire sur un blog aurait moins d'importance, de sincérité, de réalité qu'un mot dit en face... Bref, qu'est-ce que ça peut m'énerver toutes ces fadaises autour du virtuel en opposition à cette "vraie vie" !
30 De Franck -
Qui aura le dernier mot ?
31 De luciole -
Je rentre de vacances et je repars bientôt, mais j'aimerai bien suivre tes pérégrinations, moi qui vient à peine de découvrir ce blog.
32 De Pierre Kubick -
Qui aura le dernier mot ?
Le compteur activé par le conteur, qui le 17 juillet signalait une vingtaine de jours avant extinction.
je ne suis pas repris dans les heureux qui ont eu un droit de suite.
Merci donc pour les thèmes (j'en ai utilisé 2 dont le dernier en date).
Merci pour ton regard sur les choses, les êtres.
Comme brol, je pense qu'il n'y a pas la "vraie vie" ce qui supposerait qu'il y aurait une "fausse vie". Or ce sont bien des morceaux de toi, de ta vie que tu as donnés à voir, à lire. Comme ceux qui posent des commentaires mettent des morceaux d'eux-mêmes.
Que le sens que tu donnes à ta "nouvelle" vie te permette de vivre harmonieusement avec toi-même, les autres et ton environnement.
Carpe diem
33 De Franck -
Ah bon ? Il suffit pourtant de demander !
La suite par mail ;-)
34 De Sou -
Pour moi qui n'ai jamais été très assidu à la lecture de mes fils RSS et, par conséquent, aux commentaires des blogs, je dois dire que de ne plus te lire me manquera. Si j'ose, j'aimerais avoir la possibilité de te lire encore et sincèrement. Tu a fait partie de mon univers depuis plusieurs années maintenant.
J'espère à bientôt.
35 De Franck -
No problemo, … you've got a new mail ;-)
36 De Mika -
Dis, tu m'ouvres la porte de ton ailleurs ? Je ne suis pas toujours très loquace dans les commentaires, mais j'aimerais bien continuer à suivre tes pérégrinations...
37 De Franck -
Idem … par mail ;-)