La maladie invisible

Je m'interroge depuis longtemps sur la place prise par toutes les œuvres et actions en faveur des affections graves, surtout celles des enfants. Qui n'a entendu parler du Téléthon, des myopathies, des scléroses en plaque ? Qui n'a entendu parler de la Leucodystrophie soutenue avec force par un célèbre footballeur ? Autant pour ces enfants-lunes qui ne peuvent supporter un rayon de soleil, autant pour les enfants autistes dont le comportement nous interpelle[1], ou bien encore pour ceux qui souffrent d'infirmité motrice cérébrale[2] ? Toutes ces maladies ont un impact immédiat car elles sont visibles, physiquement ou par le comportement. Toutes ces affections ont ceci de particulier qu'on peut les montrer et par conséquent susciter la compassion, l'empathie ou l'interrogation.

Il y en a d'autres, plus insidieuses parce qu'invisibles, qui ne profitent pas de ces médias. Je pense au Sida qui a perdu son aspect spectaculaire depuis que les thérapies — je ne suis pas sûr qu'on puisse les nommer de cette manière, plutôt les palliatifs — ont rendu ses effets moins sensibles ou en tout cas plus lents à se manifester. Qui ne se souvient de ces corps décharnés des premiers malades lorsque les médicaments n'existaient pas encore ? Depuis que les tri-thérapies sont là, depuis qu'on en meure — je me limite volontairement à nos régions car il n'en est pas de même partout sur la planète, loin de là — beaucoup moins ou disons plus lentement pour être exact, cette maladie a perdu son statut médiatique et il faut pour s'en convaincre regarder le faible engagement remarqué lors du dernier Sidaction.

Enfin, il y en a aussi, de moins sévères dans bien des cas, mais toutes aussi handicapantes, dont on ne parle pas. Le diabète, très peu, l'épilepsie quasiment pas, etc. Ces maladies n'ont pas la cote, et ne l'auront probablement jamais. Pas d'images spectaculaires à montrer, pas de sensationnel pour faire un sujet dans un journal, sauf bien sûr lorsqu'il s'agit d'expliquer un accident ou un comportement particulier. Jamais pour la maladie en tant que tel. Il y a bien quelques associations qui tentent d'organiser des actions, à minima pour faire connaître ces affections. Il y a quelques traces sur internet, ici ou là. Mais toujours rien de très marquant. Connaissez-vous une vedette, un personnage célèbre, quelqu'un qui ait une parole écoutée et respectée dans les médias, pour parler de diabète ou d'épilepsie ? Non, évidemment pas, ça n'est pas vendeur. Pas la peine de s'investir si il n'y a pas de retour sur investissement, pas assez de buzz dans le plan comm'.

C'est invisible donc on n'en parle pas. Il ne faut pas s'étonner du peu d'engagement des parties prenantes et du public dans ce cas. On préfère ignorer. On sait que ça existe mais on ne vendra pas du papier avec ça. D'ailleurs ce billet ne servira pas, ce n'est que quelques électrons bientôt transformés en photons sur quelques écrans et puis pffuitt, plus rien. Ni plus ni moins …

Notes

[1] Otir, à ce propos, nous en parle régulièrement.

[2] Je vous conseille d'aller faire un tour sur le blog de la très dynamique Catherine à ce sujet.

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