Ça sent le sapin

Bon il faut se rendre à l’évidence, ça sent le sapin, ici. Les visites s’espacent, les commentaires se font rares, et les interactions inter-blogs via rétroliens ne sont plus qu’un vague souvenir. Bref ça sent le sapin.

J’avais le projet d’une interface pour mobile de l’administration de Dotclear, mais pourquoi faire ? Ça aurait été utile il y a encore deux ou trois ans, quand la blogosphère était encore vivace — cela dit ce que je perçois n’est peut-être que le reflet de ma blogosphère, et pas celles des autres ? — mais maintenant c’est du temps perdu. Pourquoi passer des semaines ou des mois pour un outil qui servira une fois par mois ? C’était Il y a deux ans qu’il aurait fallu se lancer la dedans, mais il y a deux ans je ne maitrisais pas suffisamment Dotclear pour ça. Maintenant que c’est un peu moins le cas, c’est trop tard.

Les jeux pour lesquels les blogs servaient de support ont quasiment disparu, en tout cas ceux qui nécessitaient de passer un peu de temps devant le clavier. Il ne reste guère que les concours photos qui accueillent encore pas mal de participations, peut-être parce que c’est facile, immédiat et pas couteux en temps.

Les tutos que j’aimais écrire n’ont été réellement utiles qu’à une demi-poignée de gens. Idem pour les plugins ou les thèmes. On télécharge, on utilise, on en parle pas, ou peu et on passe à la suite. Ce qui fait l’esprit du logiciel libre a été dilué dans la gratuité de ce qui est maintenant disponible. Il est tellement simple d’utiliser Twitter, Facebook, Google+ et consort qu’il ne vient plus à l’esprit de quelqu’un d’ouvrir un blog, ou, lorsqu’il le fait, c’est préférablement sur une plate-forme. Plus besoin de mettre les mains dans le cambouis. Restent quelque geeks qui veulent bidouiller… et eux n’ont pas besoin de mes lumières.

C’est dommage je trouve. Ici, c’était comme accueillir les visiteurs à la maison, j’aimais bien. Ça créait du lien, même s’il n’était que virtuel. Et parfois on décidait de se retrouver une soirée de temps en temps, comme à Paris-Carnet, qui sent le sapin tout autant qu’ici — deux éditions de 2011 ont été annulées faute de participants, et les autres ne consistent dans le meilleur des cas, qu’en une assemblée d’une douzaine de personnes.

Cela dit, tout seul, je ne peux rien, à part continuer de résister, à publier de temps en temps. Mais je me connais, ça ne durera qu’un temps. Je reconnais que c’est assez égoïste comme réflexion, de se dire qu’on a du mal à refermer cette fenêtre, cette maison, parce qu’on y tient, parce qu’on y a mis de soi, et même du soi profond dans certains cas. Parce que publier et ne pas avoir de retour, c’est un peu crier dans le vide, ça ne sert à rien, à part comme aujourd’hui évacuer un peu le ressentiment intérieur.

Je ne sais pas qui a dit un jour qu’on était pas grand chose, qu’une chose fugace et sans grande importance. Ici c’est encore moins. C’est un tout petit morceau d’une chose fugace et sans grande importance. Alors pourquoi ça coûte autant de le fermer, de le supprimer ?

Mon réseau disparait. Le virtuel mais aussi le réel. Celui dans lequel j’avais fini par me faire une place et dans lequel je me retrouve aujourd’hui singulièrement seul. C’est étrange comme sensation. Vous avez rêvé d’en faire partie et finalement quand vous y avez pris toute votre place vous constatez que le reste à disparu. Ou plutôt non, que ceux qui le formaient à l’origine en ont formés d’autres et ont quitté celui-ci.

Bref, ça sent le sapin.

Reste la photo, j’aime la photo. Malgré les critiques récurrentes à propos des bateaux que je photographie. Tant pis, vous n’êtes pas, personne n’est obligé de regarder les photos que je publie. Quoique si personne ne vient voir, à quoi bon les publier ? J’aurais bien été photographe professionnel, ou reporter photographe, ou je ne sais quoi avec de la photo dedans, dans une autre vie. Aujourd’hui je suis noyé dans la multitude de photographes qui publient sans compter, tous les jours, partout.

Reste les gens, mes gens. Heureusement qu’il y a mes gens. Mais là je m’aperçois aussi que j’ai surtout adopté les gens des autres. Cela dit ça fonctionne peut-être comme ça, avec les gens. Il faut peut-être les adopter et puis se faire adopter, pour qu’ensuite ils deviennent, en tout cas certains, mes gens. Je crois que c’est pour ça que ce que je préfère, au delà de la photo de bateau, c’est la photo des gens. Heureusement dans ce cas, ça ne sent pas le sapin.

Bon, il arrive quand mon caillou ? Ça commence à faire long m’sieur le marchand !

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