Nous étions quelques uns, ce jour là, à observer la mer, furieuse, au moins autant que le vent qui la secouait.
Alors que derrière nous, bien à l’abri du fracas, le clapotis venait lécher les petites coques fragiles.
Un petit phare, minuscule, presque caché, à se demander s’il servait vraiment à l’usage auquel on destine ces constructions.
Sur les quais, comme chaque jour de pêche, les cales sont vidées de leurs chargements. Poissons nobles et crustacés défilent sous nos yeux qui ne savent qu’à peine la peine qu’ils demandent à être rapportés.
Je suis dans une période sombre. Envie d’ombre, de lumières frêles, de noirs profond et de blancs à peine dessinés, à peine discernables.
Et puis l’eau, partout sur le verre des carreaux, qui s’accroche, qui luit, qui zoome, qui focalise.
Le bois n’en peut plus d’être gorgé, c’est normal, novembre n’a jamais été très joyeux question météo.
Le gris s’installe, partout, y compris dedans, comme s’il fallait s’accorder au temps.
Alors je repasse côté couleur, un peu, sans forcer, en commençant d’abord par les bleus, ma couleur préférée.
La mer démonte le port, enfin elle essaie sempiternellement depuis qu’il est bâti.
Nous cherchons les meilleurs spots pour capturer ces instants, inconnus qu’ils sont à la capitale, et qui nettoient la tête, les pensées. Ceux qui rendent l’arrivée au chaud, derrière la porte refermée, tellement appréciable.
La mer conserve un pouvoir attractif immense. Je ne crois pas connaître quelqu’un qui y soit insensible, vraiment.
Les lumières du soir me rappellent étrangement mes séjours au bord de Seine, quand gamin j’observais les bateaux monter et descendre le fleuve entre Rouen et Le Havre.
Pas de bruit, un peu de lumière, des hautes formes sombres surplombent les bateaux à quais. L’atmosphère est plus calme, plus tranquille que pendant la journée.
Les lendemains nous transportent ailleurs, vers d’autres rives.
Le piège à cauchemar fonctionne bien là-bas !