Open Time - Série - Brèves de transport
<p>Open time, open mind, open eyes</p>
2024-03-28T05:07:02+01:00
Franck Paul
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Dotclear
Le rapport
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2018-10-08T06:15:00+02:00
2018-10-09T11:52:50+02:00
Franck
Brèves
<p><a href="https://open-time.net/public/illustrations/2018/conduite.jpg"><img src="https://open-time.net/public/illustrations/2018/.conduite_u.jpg" alt="" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p>
<p>Il était rentré dans la rame quelques stations après moi, ce petit matin de la semaine où chacun avait encore les yeux embués de sommeil. Il avait choisi soigneusement son strapontin, à l’opposé des portes qui s’ouvraient sur le quai et s’était assis non sans avoir d’abord relevé légèrement ses deux jambes de pantalon.</p>
<p>Petit, environ un mètre soixante, guère plus, il portait un costume deux-pièces qui avait probablement quelques longues années derrière lui, en tissu noir, une chemise bleu ciel au col serré d’une cravate rayée noire et bleue et un paletot bleu marine vaguement deformé d’avoir été trop porté ; l’ensemble était complété d’une paire de chaussures de ville noire et d’une paire de socquettes de la même couleur.</p>
<p>Ce qui m’avait frappé, alors qu’il était assis presqu’en face de moi, était l’aspect quasi neuf de sa petite serviette en cuir marron posée à plat sur ses jambes, d’excellente facture paraissait-elle, qu’il n’arrêtait pas d’essuyer pour s’assurer qu’aucune poussière étrangère ne venait gâcher son aspect !</p>
<p>Nous avons passé ainsi deux stations avec un petit coup du dos de la main sur sa serviette, de temps en temps, ou bien sur le genou de son pantalon qu’il remettait légèrement en place à l’occasion. Je commençais à me dire qu’il devait avoir un rendez-vous important et qu’il tenait à se présenter de façon irréprochable.</p>
<p>Au milieu de mon trajet, il avait sorti à plusieurs reprises un grand peigne en plastique noir qu’il tenait dans sa poche intérieur de sa veste ; d’abord pour replacer une mèche rebelle de ses rares cheveux argentés, puis pour parfaire l’aspect de sa moustache grise que je n’avais pas remarquée jusqu’ici.</p>
<p>Sa sacoche avait l’air bien remplie et j’imaginais qu’elle contenait peut-être le rapport qui concluait le travail de toute une vie, rapport qu’il allait solennellement remettre à un jury ou à une commission d’études ; j’espérais alors qu’il serait alors reçu correctement et dignement et que son rapport ne serait pas empilé quelque part en attendant qu’il finisse comme bien d’autres dans une poubelle pendant qu’il attendrait une lettre de remerciement, une demande d’approfondissement de telle ou telle partie ou une invitation à venir exposer plus en détail ses travaux.</p>
<p>La minute suivante mes pensées avaient divagué et voilà que la sacoche ne contenait plus qu’une vieille pile de papier journaux et qu’il s’occupait ainsi tous les jours de la semaine à se donner une situation sociale fictive en se promenant au chaud dans le métro en attendant de rentrer le soir dans son petit appartement de la proche banlieue.</p>
<p>Il semblait très âgé, au delà des soixante-dix ans, surement, et probablement plus proche des quatre-vingts probablement ; je me suis demandé, en sortant de la rame, s’il valait mieux être comme ça que dans une maison de retraite à ruminer son passé …</p>
https://open-time.net/post/2018/10/08/Le-rapport#comment-form
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Navette
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2018-02-08T10:52:00+01:00
2018-02-08T14:21:06+01:00
Franck
Air du temps
bus
transport
<p><a href="https://open-time.net/public/illustrations/2018/arret-navette-t6.jpg" title="Arrêt Châtillon-Montrouge de la navette de remplacement du Tram T6"><img src="https://open-time.net/public/illustrations/2018/.arret-navette-t6_u.jpg" alt="Arrêt Châtillon-Montrouge de la navette de remplacement du Tram T6" style="display:table; margin:0 auto;" title="Arrêt Châtillon-Montrouge de la navette de remplacement du Tram T6, fév. 2018" /></a></p>
<p>Or donc, ce matin, confiant, je visite le site de la RATP pour m’informer de l’état du trafic, plus spécialement celui du Tram T6 que je prends à Châtillon-Montrouge pour monter vers Clamart.</p>
<p>Je lis que le Tram est interrompu <strong>mais</strong> qu’une navette était prévue en remplacement. Fort bien, je décide donc de marcher un peu et me dirige vers Châtillon-Montrouge.</p>
<p>Arrivé là-bas, aucune information disponible pour les paumés comme moi qui cherchons désespérément ladite navette !</p>
<p>Je me place donc à l’endroit le plus probable de son passage — il faut dire que ces couillons à la RATP, plutôt que de reprendre le parcours du T6, ont décidé de la faire démarrer porte d’Orléans, quand on connaît le trafic routier à cet endroit, ça fait tiquer ! —, et j’attends…</p>
<p>J’attends, puis après j’attends encore, vois passer quelques bus de lignes régulières mais aucun ne monte à Clamart, donc c’est peine perdue, quand aux navettes T6, nada, rien.</p>
<p>J’en ai vu une, à un moment, passant dans l’autre sens, au bout d’une demi-heure d’attente.</p>
<p>Renseignements pris auprès d’un agent RATP arrivé entretemps, j’apprends qu’ils ont affecté 12 bus (d’une capacité d’environ 70 personnes bien serrées) sur un trajet allongé, pour remplacer des rames de Tram (d’une capacité estimée à plus du double, soit 140 personnes) qui circulent habituellement toutes les 10 minutes (environ), parfois moins.</p>
<p>Bref, après avoir maugréé légèrement in petto dans le dedans de moi-même, vous me connaissez, j’ai décidé de finir le trajet à pied, quand une centaine de mètres plus loin, j’ai avisé un bus rentrant au dépôt proche du boulot et qui attendait au feu rouge.</p>
<p>Négociation avec le chauffeur qui m’a finalement et très gentiment déposé juste devant le taf après un trajet au chaud, à discuter mécanique de bus — j’aurais appris au passage que l’époque des bus qui atteignaient il y a une trentaine d’années, le million de kilomètres parcourus, était révolue ; les plus anciens n’ont guère plus de 400 à 500 mille kilomètres au compteur.</p>
<p>L’est bien cette ligne « Retour Centre Bus » !</p>
https://open-time.net/post/2018/02/08/Navette#comment-form
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Le black aux sourates
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2017-10-24T09:44:00+02:00
2017-10-24T08:59:10+02:00
Franck
Mots
transport
<p>Debout, appuyé sur un coussin qui orne le passage entre deux voitures du tram, il me dépassait largement d’une demi-tête. Habillé d’un pantalon gris clair et d’un trench-coat — ou quelque chose y ressemblant — noir, il tenait à la main une sorte de grand livre plutôt plat. Une besace accrochée à son épaule gauche balançait doucement à la faveur des cahots de la conduite.</p>
<p>J’écoutais de mon côté, les écouteurs vissés dans les oreilles, un billet de François Morel, souvent assez juste sinon amusant, ce qui ne m’empêchait pas d’entendre en fond l’étrange bruit qu’il faisait. Il portait lui aussi des écouteurs et j’ai supposé qu’il écoutait une musique, la radio, ou … allez savoir, peut-être rien ? Et pendant ce même temps il psalmodiait ce qu’il semblait lire dans son livre.</p>
<p>Une jolie écriture arabe, de deux couleurs, noire et rouge, sur un papier légèrement jauni, par le temps ou par choix de l’éditeur, le tout enfermé dans une reliure qui m’a semblé être du cuir d’un rouge profond et orné d’enluminures dorées.</p>
<p>Je l’ai observé distraitement pendant quelques minutes et ai finalement remarqué la jeune femme aux cheveux couverts d’un foulard qui souriait légèrement en le regardant ; communion ?</p>
https://open-time.net/post/2017/10/24/Le-black-aux-sourates#comment-form
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Le porte-fringue de la ligne 3
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2016-06-11T08:02:00+02:00
2016-06-11T07:16:22+02:00
Franck
Brèves
bonheurs du jour
transport
<p>Je me suis souvent demandé à quoi pouvait penser le designer/concepteur des barres de maintien du Tram T3 et m’est avis qu’il ne doit pas souvent le prendre, ce tram, parce qu’il y a un grand espace, entre deux entrées, où on peut se tenir debout mais une seule barre de maintien est disponible, en hauteur — tant pis pour les gamins qui iront se vautrer au premier freinage !</p>
<p>J’ai d’ailleurs le même ressentiment pour les nouveaux abribus de la ville de Paris ; m’est avis qu’ils ne doivent pas souvent le prendre le bus, et encore moins par jour de vent/froid/pluie, parce que les <strong>abri</strong>bus n’abritent quasiment d’aucun élément, ou alors pour une demi-personne seulement ! C’est ouvert à tous les vents, la surface couverte est petite et le toit plutôt trop haut, … Une gabegie.</p>
<p>Bref.</p>
<p>Hier, donc, je rentrais <a href="https://open-time.net/post/2016/06/10/Pedibus-jambus">pedibus jambus</a> à mes petons à pied, donc, mais avec les transports en commun, Tram, Métro et Tram, quand, quelques stations après être monté dedans, deux filles sont montées elles aussi avec moult housses de manteau ou de robe, plutôt des robes, à la réflexion, ça n’avait pas l’air de peser très lourd.</p>
<p>C’est alors que j’ai enfin compris l’idée du designer/concepteur qui ne prend jamais le tram, sauf quand il a des robes à emporter sans les froisser en les mettant vulgairement à plat dans sa Jaguar :</p>
<p><a href="https://open-time.net/public/illustrations/2016/porte-cintres.jpg" title="Cintres accrochés à la barre de maintien supérieur dans le T3"><img src="https://open-time.net/public/illustrations/2016/.porte-cintres_u.jpg" alt="Cintres accrochés à la barre de maintien supérieur dans le T3" style="display:table; margin:0 auto;" title="Cintres accrochés à la barre de maintien supérieur dans le T3, juin 2016" /></a></p>
<p>Il avait tout prévu !</p>
https://open-time.net/post/2016/06/11/Le-porte-fringue-de-la-ligne-3#comment-form
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Odeur abricot
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2008-05-03T00:48:20+00:00
2009-05-06T17:10:44+00:00
Franck
Mots
rencontre
vie
<p>Un matin, deux sœurs, habillées tout en noir, les yeux amandes aux prunelles de corbeau. De jolis visages aux pommettes proéminentes. Leurs longs cheveux noirs, lisses et soyeux sont tirés en arrière, retenus pour l'une par une barrette, pour l'autre par un accessoire représentant un oiseau. Quasi jumelles s'il n'y avaient quelques détails les différenciant. Elles sont assises l'une quasiment en face de l'autre dans ce bus qui nous amène vers mon travail.</p>
<p>Elles se regardent souvent en écoutant leurs musiques, parfois en échangeant un de leurs deux écouteurs pour partager un morceau qui les ravit. Elles ont le regard un peu absent, celui de ceux qui rêvent éveillés. Je les observe distraitement, mon regard allant de l'une à l'autre et observant petit à petit leurs différences qui ne sont pas nombreuses. Une paire de chaussure, noire pour la première, noire et blanche pour la seconde, un bijou autour du cou un peu différent, en or ou en métal brillant pour les deux. Chacune d'elle porte un pantalon moulant différencié uniquement par ce liseré blanc que porte celui de celle qui est le plus en face de moi.</p>
<p>Je leur donne moins de vingt ans chacune ou alors il s'en faut de peu. Pourtant leurs visages portent déjà l'expérience de belles années. Elles paraissent jeunes mais le sont-elles vraiment ? Elles ont ce type un peu exotique renforcé par cette couleur de peau qui tend vers l'ambre, comme un parfum d'orient. Elles ne disent rien, s'échangeant seulement les regards de ceux qui se connaissent depuis longtemps.</p>
<p>Soudain, la première plonge ses mains dans un grand sac qu'elle tient sur ses genoux et les ressort quelques instants plus tard en se les frottant doucement. L'autre la voyant faire plonge aussitôt les siennes dans ce même sac et les ressort bientôt en faisant les mêmes mouvements. C'est à ce moment que j'ai senti cette douce odeur d'abricot remplir l'arrière du bus où nous nous trouvions.</p>
<p>Je descend là …</p>
https://open-time.net/post/2008/05/03/1488-odeur-abricot#comment-form
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Moteur
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2008-02-29T06:51:44+00:00
2009-05-06T17:16:14+00:00
Franck
Mots
société
vie
<p>Le téléphone portable vissé à l'oreille, cela fait déjà vingt minutes qu'elle raconte sa vie à sa collègue de boulot qu'elle vient juste de quitter. Les quelques voyageurs présents dans la voiture la regardent de manière insistante mais sans qu'elle s'en offusque le moins du monde. J'ai résisté environ cinq minutes, plongé dans mon roman du moment — Absurdistan, assez … comment dire, décalé — puis j'ai fermé l'ouvrage et l'ai rangé dans mon sac à dos.</p>
<p>Quelques secondes plus tard, alors que le train redémarrait j'ai hésité un instant entre continuer la correction de mes premiers chapitres en cours d'écriture, ou sortir mon carnet. J'ai ouvert de nouveau mon sac, puis l'ai refermé aussitôt. Ça sera le carnet et le stylo, l'occasion est trop belle.</p>
<p>Elle est assise presque en face de moi, sur une banquette de trois places, appuyée légèrement contre la fenêtre qui renvoie l'écho de ses paroles. Rousse, un joli et fin visage, des yeux verts assortis à son manteau, elle a probablement l'âge de fêter la sainte Catherine — supposition de ma part basée sur ce que j'ai pu entendre jusqu'ici et sur l'absence d'alliance ou de bague de fiançailles sur la main qui tient fermement le téléphone. je commence à prendre quelques notes qui me serviront plus tard pour écrire cet épisode. Elle m'a rapidement jeté un regard distrait tout en continuant son conciliabule avec sa correspondante. Je l'ai fixée un moment et ai aussitôt repris mon écriture sur mon carnet. Je pensais que cela allait l'intriguer mais je me trompais. Elle a continué son monologue sans se soucier de moi ni des autres spectateurs.</p>
<p>Jolie donc, mais le tableau était malheureusement gâché par le langage de charretier dont elle abusait. C'était très étrange de l'entendre ponctuer ses phrases de <q>bordel !</q>, de <q>putain !</q>, de <q>chié</q> ou <q>merde</q>. Je me serais attendu, pour le moins, qu'elle marque un temps d'arrêt avant de dire ses mots qui juraient avec son allure, ce bref temps pendant lequel on hésite à dire ou pas le mot inhabituel lorsqu'on est bien éduqué. Enfin c'est ce que je croyais. Au contraire elle en usait et abusait avec une aisance qui démontrait une grande habitude. Dommage.</p>
<p>À la station suivante, un jeune homme, plutôt élégant, entre dans la voiture avec quasiment le même appareil vissé à son oreille et en grande discussion lui aussi. Il a marqué un temps d'arrêt puis a finalement décidé de s'asseoir quasiment en face de moi, sur la même banquette que la demoiselle, tout en laissant une place entre eux deux. J'ai compris alors que je finirais le voyage accompagné d'une cacophonie téléphonique, celle où vous n'avez droit qu'à des moitiés de dialogues mélangées avec d'autres moitiés d'autres dialogues. Et bien entendu chacun de hausser le ton pour couvrir son voisin !</p>
<p>C'était un méli-mélo de <q>gourdasse</q>, de <q>péter les plombs</q> d'un côté et de <q>oui</q>, de <q>non</q> et de <q>peut-être</q> de l'autre. Visiblement le jeune homme écoutait plus qu'il ne parlait. Ce qui était très curieux c'est qu'ils étaient particulièrement synchrones. Les gros mots de la fille étaient ponctués par les acquiescements du garçon sans qu'ils ne se recouvrent nullement. Étrange, comme s'ils étaient en conversation ensemble. Comme s'il attendait la fin d'une de ses phrases pour répondre à son tour et vice versa !</p>
<p>J'ai longuement cherché la caméra cachée …</p>
<p>Coupez !</p>
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La sortie
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2008-01-30T08:30:45+00:00
2009-05-06T17:16:14+00:00
Franck
Mots
vie
<p>Ils ne sont pas loin d'une trentaine, regroupés sur le quai de la gare. De temps en temps ils sont là le matin, surtout quand, ayant raté mon train habituel, je prends celui de 9h13. Aucun risque de ne pas les voir, de ne pas les entendre. Ça parle, ça bouge dans tous les sens, l'ensemble est bruyant. Ils ont réquisitionné une bonne partie du quai juste derrière les tourniquets. Pourtant il y a de la place, mais ils préfèrent rester là, n'ayant fait que quelques mètres une fois validés leurs tickets.</p>
<p>La plupart d'entre eux porte un petit sac à dos, que je suppose rempli de leur goûter ou de leur repas du midi. Ils sont habillés pour faire face aux intempéries, heureusement car souvent le temps n'est pas au rendez-vous avec cet hiver un peu particulier où on a droit à une succession de périodes froides ou pluvieuses, parfois les deux en même temps. Le soleil en tout cas n'est pas du voyage, c'est évident.</p>
<p>Je me plais à imaginer leur destination, un musée ou une sortie en forêt, une exposition ou un atelier qui sort de l'ordinaire. Je me souviens que gamin j'adorais ces sorties qui nous emmenaient loin de notre quotidien d'élèves studieux ou paresseux. Je me souviens l'excitation de la veille au soir au moment de ce coucher en pensant à tout ce qu'on verrait de nouveau et d'extraordinaire le lendemain, en commençant par le voyage qui m'apparaissait comme une petite aventure. Je n'ai pas toujours apprécié comme je l'aurais fait aujourd'hui le thème choisi mais qu'importe puisque ça me sortait de l'école — n'allez pas croire que j'étais un cancre, bien au contraire, j'adorais apprendre.</p>
<p>Des petits groupes se sont formés en attendant le train qui ne va pas tarder à arriver. Ce qui m'étonne c'est la mixité. Les garçons et les filles sont mélangés et discutent vivement. Ce qui m'étonne aussi c'est l'absence d'écouteurs dans les oreilles, sauf un ou deux qui sont un peu en retrait, personne n'a l'air d'en avoir besoin. Le train est là, ils montent sans arrêter leurs conversations et ils investissent une bonne partie de la voiture. À peine le train reparti les discussions qui s'étaient apaisées le temps de la répartition reprennent de plus belle et l'ensemble des voyageurs profite alors de l'ambiance. Difficile de lire dans ces conditions, mais personne n'ose dire grand chose. On entend bien un <q>Chut !</q> de temps en temps, mais il n'a que peu d'effet en volume et en durée.</p>
<p>Ma station approche et je commence à me lever. Ils restent, d'après ce que j'ai compris, jusqu'au terminus de la ligne, à Paris. Le train s'arrête, je descend et m'éloigne en écoutant le brouhaha qui diminue au fur et à mesure de mes pas. Les portes se referment et le train repart vers la grande ville où ils vont tous descendre. Tout en marchant mes pensées s'envolent …</p>
<p>Peut-être que moi aussi, un jour, je ferai comme eux, des sorties de carte vermeil !</p>
https://open-time.net/post/2008/01/30/1311-sortie#comment-form
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La gamine
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2008-01-24T07:04:53+00:00
2009-05-06T17:16:14+00:00
Franck
Mots
rencontre
vie
voyage
<p>Elle doit avoir environ seize ou dix-sept ans, les cheveux noir corbeaux, raides et plutôt longs — parfois agrémentés d'une barrette sur le haut du front qui lui tire la frange vers l'arrière de la tête. Elle doit mesurer dix centimètres de moins que moi, mince, elle est habillée à la mode du moment. Son visage au teint très pâle est plutôt petit et porte un minuscule nez en trompette. Des yeux noirs comme ses cheveux et dans lesquels on a du mal à lire une émotion ou même une expression. Pas un canon de beauté, en tout cas pas conforme aux standards du moment, mais un quelque-chose qui fait tourner la tête.</p>
<p>Je la vois très régulièrement à l'arrêt du bus le matin. Elle fait partie des habitués de ce trajet à ce moment de la matinée. Souvent elle a un grand sac dont parfois quelques feuilles de cours sortent de travers. Il m'est arrivé de voir son écriture, fine et minuscule, comme des pattes de mouche et je n'ai jamais réussi à y lire quoi que ce soit. Une fois assise dans le bus, elle chausse ses écouteurs et enclenche son lecteur MP3 puis sort de son sac un livre, une revue ou quelques feuilles dactylographiées ou couvertes de son écriture manuscrite.</p>
<p>Je ne sais pas où elle descend — mon trajet se termine avant le sien, je ne sais quasiment rien d'elle, alors j'ai construit à partir des quelques éléments que je possède, une histoire qui doit probablement être assez éloignée de la réalité. D'ailleurs je me suis aperçu que je fais de même avec tous ceux que je reconnais maintenant que je pratique le même trajet depuis plus d'un an et que fatalement j'y rencontre souvent les mêmes visages.</p>
<p>Je l'imagine avec ses histoires d'ado, en conversation avec ses copines, ses quelques histoires amoureuses qui vont et qui viennent, les cours où l'on se rend avec plus ou moins d'entrain, les vacances où l'on cherche à s'évader des contraintes familiales. Des envies de vêtements ou de musique, des envies d'ailleurs et de découvertes. Tout ce que j'ai pu vivre à son âge. Tout ce que la plupart des jeunes comme elles doivent vivre ou espérer.</p>
<p>Je l'ai revue hier matin et je me suis aperçu qu'il y avait au moins un mois qu'elle n'avait pas pris ce bus, mais le plus étonnant est qu'elle avait un ventre rond, un ventre très rond, un de ces ventres qui n'oblige pas aux régimes. Comment avait-elle réussi à masquer son état pendant tout ces derniers mois ? Comment va-t-elle faire avec ses études, si tant est qu'elle en fait comme je l'ai déduis de mes observations ? A-t-elle un compagnon, a-t-elle une famille qui la soutient ?</p>
<p>Elle a l'air si jeune, elle avait l'air si jeune car elle tout d'un coup pris une autre envergure, un autre visage. Ce n'est plus la gamine que j'ai vu la première fois il y a plus d'un an, c'est une future mère que j'ai croisée hier et ses yeux portent dorénavant une petite lueur sympathique. Elle a surtout un je-ne-sais-quoi qui la rend différente, comme détachée de notre univers très usuel. Elle ne lira probablement jamais ces quelques lignes, mais je lui souhaite tout de même tout le bonheur du monde.</p>
https://open-time.net/post/2008/01/24/1306-la-gamine#comment-form
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La petite maison
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2007-11-15T07:22:24+00:00
2009-05-06T17:18:25+00:00
Franck
Mots
vie
<p>Il était une fois une petite maison. On la trouve bord de la voie ferrée. On y accède par un chemin de cailloux et plein d'ornières qui longe un champs et un petit bois. Les trains passent à quelques mètres en la faisant vibrer légèrement.</p>
<p>Petite, en parpaings gris, grossièrement construite, elle abrite depuis des années des sans-logis, je dirais plutôt des non favorisés par la vie vu qu'ils ont un toit et guère plus. Un peu de bazar hétéroclite traîne autour. Une vieille bassine qui contient encore un peu d'eau croupie et un manche de pelle ou de pioche brisée, un sommier qui a sûrement connu des jours meilleurs et probablement plus heureux. Le toit en tuile rouges à l'air en bon état, les fenêtres ont des vitres quasiment toutes intactes — on distingue une ou deux fêlures ici et là — à part celle du côté des rails qui arbore fièrement un morceau de carton rouge et blanc.</p>
<p>On ne voit pas de lumière à l'intérieur. Il est probable que la fée électricité n'ai pas étendu ses tentacules jusqu'à ce petit bout de nul part et pourtant un grand pylône en transporte suffisamment juste à côté. L'eau courante est fournie par un vieux bidon qui recueille l'eau de pluie à l'extérieur. Un petit lopin de terre a l'air d'avoir été un peu jardiné mais rien ne pousse, en tout cas rien de visible. Les mauvaises herbes ont tendance à empiéter sur le terrain dégagé autour des murs.</p>
<p>Je passe devant tous les jours de la semaine, lorsque je vais travailler. Souvent, à cette heure là, elle est au milieu de la brume matinale et donne l'impression d'être hors du temps, surtout lorsque le soleil commence à pointer à l'horizon et donne cette lumière particulière. Elle me fait souvent penser au film <q>Les enfants du marais</q>. Elle donne envie de s'arrêter, pour faire une pause, pour profiter de ce moment, histoire de goûter un instant une autre vie.</p>
<p>Est-ce que ceux qui y habitent vivent là toute l'année ? Je ne sais, je n'ai jamais su. On voit rarement quelqu'un au dehors, pourtant il y a des signes, des choses dérangées, parfois un vieux break rouillé est garé derrière, près du bois. L'été dernier, à plusieurs reprises, j'ai remarqué un peu de remue-ménage aux alentours. Des voitures, en bon état, visiblement de société à moins que ce ne soit d'administration. Des personnes avec du matériel de mesure, des plans et des dossiers, un géomètre y a même déployé son trépied un matin. Puis plus rien jusqu'à la semaine dernière.</p>
<p>Ce matin gris de novembre alors que j'observais le paysage noyé dans le crachin qui effaçait l'horizon, je suis passé devant, dans l'habitude de mon quotidien. Je n'y faisais pas trop attention perdu dans mes pensées et soudain j'ai sursauté. J'ai tourné rapidement la tête pour m'assurer de ce que j'avais vu. Mes yeux ne m'avaient pas trompé, ce que j'avais aperçu du coin de l'œil était la réalité : une pelleteuse, un tas de gravas et un vieux sommier rouillé !</p>
<p><q>Requiest in pace</q></p>
https://open-time.net/post/2007/11/15/1220-la-petite-maison#comment-form
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Les piplettes
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2007-10-18T00:44:45+00:00
2009-05-06T17:18:25+00:00
Franck
Mots
vie
<p>Elles sont trois, se retrouvent tous les jours au même endroit et à la même heure sur le quai de cette gare de banlieue pour prendre le train qui nous ramène vers nos logis respectifs. Et elles parlent, elles caquettent, elles cancanent.</p>
<p>La première est arrivée un peu avant les autres. Elle fume une cigarette blonde en attendant ses compères. Elle est assise sur un des banc métallique disponible le long des quais. Elle est plutôt petite, la quarantaine usée par le travail, les cheveux plats et coupés approximativement au carré. Elle a peut-être été mince il y a quelques années, mais le temps, les tracas, et la lassitude sont passé par là. Elle ne l'est plus et c'est visible lorsque l'on observe la manière dont elle est habillée. Elle porte un jean en tissu plutôt élastique et moulant qui ne cache rien des disproportions. Le haut est paré d'un blouson assez bouffant. Ses petites chaussures de ville renforce l'image de poire inversée qu'elle offre aux regards. Tous les jours la même tenue, tous les jours la même cigarette.</p>
<p>La seconde la rejoint quelques minutes plus tard. Il y a encore du temps avant que le train arrive. Blonde passée et frisée, assez grande, la quarantaine aussi usée que sa comparse, un nez bizarrement crochu qui détonne sous les lunettes. Un pantalon de ville sombre avec des mocassins assortis, un chemisier d'un autre temps, un manteau ou un imperméable qui a connu des jours meilleurs. Elle fume une cigarette blonde en se rapprochant. Elle reste debout et commence à discuter avec la première. Le travail, les enfants, les bons plans que les gens de banlieue pas très riches aiment à se partager. On fera une bonne affaire, certainement.</p>
<p>Enfin la troisième arrive. Le volume sonore augmente dès les bonjours rituels. Elle est beaucoup plus jeune que les deux autres, moitié plus jeune. Habillée de sombre pour cacher quelques rondeurs, elle ne fume pas de cigarette, pas encore. Elle est toute neuve dans le monde du travail et les deux autres la cornaquent. Elles savent, elles disent comment faire du haut de leurs expériences passées. Elles conseillent, elles guident, parfois de travers lorsqu'il s'agit de sujets qu'elles maîtrisent mal, mais elles ne le montreront pas. Non, elles sont omniscientes, elles savent. Et elle écoute et parle peu sauf quand on l'interroge et boit les paroles de ses deux aînées.</p>
<p>Tous les jours de la semaine elles se retrouvent sur le quai de cette gare, au même endroit, à la même heure. Depuis quelques jours je ne monte plus dans la même voiture, je les évite pour profiter d'un silence tout relatif, jusqu'à la correspondance suivante. Elles descendent comme moi et se dirigent vers l'arrière du quai pendant que je reste a l'endroit où je suis descendu. Leurs discours s'estompent au fur et à mesure de leur pas qui les éloignent.</p>
<p>Hier encore, je les ai vues, elles étaient là, toutes les trois, avec chacune une cigarette blonde au bout des doigts …</p>
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L'écrin
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2007-10-04T07:19:17+00:00
2009-05-06T17:19:49+00:00
Franck
Mots
histoire
vie
<p>C'est une petite boutique devant laquelle je passe tous les jours lorsque je rentre chez moi avec le bus. Elle est coincée entre un bureau d'architecte et une porte cochère derrière laquelle s'abrite une société immobilière. La devanture est usée, les dorures sont fanées, on aperçoit le vieux métal oxydé derrière les lettres au dessus de la porte vitrée. L'écrin n'a plus l'éclat de sa jeunesse.</p>
<p>Lui, âgé, porte une loupe binoculaire sur le front. Il travaille doucement devant son établi éclairé par une lampe à l'éclat violent. Il est économe de ses gestes, il ne bouge presque pas. Elle, encore plus âgée, encore plus voûtée, attend les rares clients et s'emploie à dépoussiérer avec un grand plumeau les réveils et les horloges qui dorment dans la vitrine. Ses gestes sont un peu plus maladroits, elle a du mal et doit se concentrer pour ne pas bousculer l'agencement des objets dans la vitrine. Ils sont nés d'un autre temps, d'un temps qui s'oublie, un temps qui se fait rare. Celui où il n'était pas compté, pas encore.</p>
<p>Je les observe tous les jours sauf le lundi, jour de fermeture hebdomadaire. Ils répètent inlassablement les mêmes gestes. Souvent elle est assise dans un coin de la boutique, elle observe son mari puis tourne la tête pour observer cet autobus qui rompt la monotonie du paysage, qui tranche sur la façade grise de l'immeuble d'en face. Parfois, c'est rare, un client est dans la boutique, visiblement pour faire réparer une montre, un bijou ou une horloge. Le contenu de la petite vitrine a depuis longtemps cessé de plaire, d'attirer les convoitises.</p>
<p>Je me demande souvent comment ils font pour vivre, pour en vivre. Ils ont largement passé l'âge de la retraite, celle des salariés. Ont-ils eu une période faste et suffisamment de bon sens pour se constituer une cagnotte ou vendent-ils leurs stocks à perte au fur et à mesure ? Un jour, je passerai devant la devanture fermée, et ce ne sera pas un lundi. Une histoire qui s'effacera doucement comme tant d'autres.</p>
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Kiosque gratuit
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2007-09-26T08:11:48+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
rencontre
société
vie
<p>Depuis quelques mois, depuis que je prends les transports en commun, j'observe un manège surprenant à l'arrêt de bus où j'attends une fois sorti de mon train de banlieue. Tous les matins donc, une ou deux personnes que je sais prendre le même bus que moi, traversent la rue pour en emprunter une autre. Ils marchent un petit peu, s'arrêtent, s'approchent de l'immeuble que le trottoir longe et en reviennent muni d'un journal gratuit, comme ceux qu'on trouve le matin dans les gares parisiennes et de la petite banlieue — j'habite visiblement trop loin pour bénéficier de cet offre.</p>
<p>La semaine dernière, n'ayant rien à lire en attendant le bus et pour une fois seul à l'arrêt, je me dirige vers l'endroit repéré. C'est là que j'ai rencontré cette vieille dame aux cheveux grisonnants. Je lui ai dit bonjour et c'est à cet instant, alors que je cherchais un distributeur de journaux gratuits, que j'ai vu les sacs qu'elles portaient à chaque main. Elle s'est arrêtée devant une fenêtre d'un appartement du rez-de-chaussée et a déposé sur le rebord le contenu de ses sacs. Des journaux gratuits, au moins une vingtaine de chaque titre disponible le matin. Elle a soigneusement arrangé les piles et a replié ses sacs en plastiques qui avaient l'air très usagés.</p>
<p>J'ai compris à ce moment que c'était elle qui fournissait les journaux aux voyageurs des deux lignes de bus qui s'arrêtaient près de chez elle. Je lui ai demandé la permission d'en prendre un et elle a commencé à m'expliquer qu'elle avait fait cela, une fois, comme une blague avec une de ses amies et que devant le succès de l'opération elle avait décidé de continuer. Depuis, tous les matins de la semaine, elle se lève aux aurores pour se rendre à Paris où elle fait son <q>marché</q>. Puis une fois bien chargée elle revient chez elle pour offrir son butin. C'est elle qui habite là, dans ce petit appartement dont la fenêtre sert de kiosque sauvage.</p>
<p>Elle m'a dit que ça l'obligeait à se bouger, et qu'elle avait envie d'être utile, pour se sentir vivre. Voyant mon bus arriver plus haut dans la rue, je l'ai remerciée et saluée en lui souhaitant une bonne journée. Elle m'a répondu d'un <q>Revenez quand vous voudrez ! Tous les jours si vous voulez, c'est là pour ça !</q>.</p>
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L'indien
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2007-09-18T07:13:40+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
histoire
rencontre
vie
voyage
<p>Il arrive toujours à la même heure, pour prendre le train de 8h42. Il avance jusqu'au bout du quai, pour l'attendre. Il s'avance jusqu'au panneau curieusement marqué d'un double T<sup>[<a href="https://open-time.net/post/2007/09/18/1131-l-indien#pnote-1131-1" id="rev-pnote-1131-1">1</a>]</sup> alors que celui-ci est placé en queue de train. Il recule jusqu'à ce qu'il soit quasiment enfoncé dans le buisson qui borde le quai le long de la cloture. Il est complètement caché de la vue des autres voyageurs par la petite casemate placée à cet endroit.</p>
<p>Il est grand, plus grand que moi. Toujours habillé de la même façon avec un pantalon classique, une chemise boutonnée jusqu'à l'avant-dernier bouton, des chaussures de sport plutôt habillées et un blouson de mi-saison. Quel que soit le temps ou la météo. Il a ce teint et l'aspect particulier des indiens d'Asie. Ceci dit il est peut-être pakistanais, birman ou indonésien. J'ai envie de croire qu'il est indien.</p>
<p>Le train arrive. Il sort de sa cachette et revient vers nous car le vieux train gris de banlieue n'est pas assez long. Il monte d'un air décidé dans la dernière voiture, celle qui comporte un local particulier pour le transport des vélos. Nous montons de notre côté et nous installons à nos places préférées. Il ferme violemment la porte qui sépare le local du reste de la voiture comme pour nous faire comprendre qu'il souhaite rester seul.</p>
<p>À partir de cet instant, avant même que le train ne reparte, il sort son téléphone et appelle quelqu'un. Je ne sais pas qui, je ne sais pas pourquoi. Mais chaque matin il le fait et la conversation dure jusqu'à ce que je descende du train, vingt minutes plus tard. Tous les matins sans faute.</p>
<p>Qui est-ce ? Que fait-il ? Est-ce un travailleur immigré loin de chez lui qui a la nostalgie du pays ? Est-ce un espion ? Est-ce seulement pour se donner une contenance et ne pas être dérangé ? Mystère indien.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://open-time.net/post/2007/09/18/1131-l-indien#rev-pnote-1131-1" id="pnote-1131-1">1</a>] Je suppose que cela veut dire Tête de Train.</p></div>
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Agréable
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2007-07-11T11:40:23+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
vie
<p>L'hiver approche, il y a du chauffage dans les trains depuis ce matin ! La chaleur monte à travers les interstices des banquettes de ce vieux train de banlieue métallique. Presqu'une sensation de brulure à travers le pantalon … désagréable.</p>
<p>Le gamin rentré avec sa cigarette qui sent bizarre et qui avait ouvert bien grand la fenêtre où il était assis s'est fait sermonné par un à peine plus vieux que lui ! Penaud, il est sorti à la station suivante pour grimper dans la voiture précédente. Fenêtre restée ouverte … chauffage à fond … un mélange de courants d'air chaud-froid … désagréable.</p>
<p>Le pacha du bus est là ce matin, bien installé au fond, dans la rotonde. Il occupe trois places à lui tout seul avec son habitude de s'étaler, d'allonger ses jambes, de disposer sa collection de journaux gratuits du jour — qu'il possède d'ailleurs en de nombreux exemplaires, de placer ses sacs plastiques à portée de main sur les banquettes. Il est comme chez lui. À le voir on pense tout de suite à un imam, d'ailleurs il en a le type, la barbe, … Il écoute de la musique orientale en chantonnant visiblement très fier de lui. La musique est forte, me ramenant sans cesse à la réalité alors que mes pensées divaguaient en attendant mon arrêt … désagréable.</p>
<p>J'ai noté tout cela sur mon carnet Moleskine© … agréable, très agréable !</p>
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Douanes
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2007-06-26T07:00:44+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
société
vie
<p>Dimanche dernier, alors que je me trouvais sur un des quais de la gare de Lyon, j'ai remarqué deux fonctionnaires des douanes en train de fouiller, à même le sol, la valise d'un voyageur. Je les ai observé un moment en me demandant pourquoi ils avaient spécialement choisi cette personne. Rien, à part sa couleur de peau bien noire, ne pouvait à mes yeux de profane faire soupçonner un comportement illicite.</p>
<p>Ils auraient tout de même pu se mettre à l'écart plutôt que de rester en plein milieu du passage où pas mal de voyageurs pressés se dirigeaient vers les voitures en jetant un coup d'œil furtif à l'opération en cours. Ce n'est pas la place qui manque, légèrement plus loin juste au dessus d'une grande esplanade. Un endroit pratiqué par quelques fumeurs en mal de nicotine avant le voyage. Un des fonctionnaires visiblement agacé de me voir les observer m'a lancé un regard qui voulait dire : <q>Circulez, y'a rien à voir !</q>. J'ai bien senti qu'il aurait voulu accompagner son message d'une sollicitation un peu plus physique mais il en est resté là.</p>
<p>Ils ont fini de fouiller la valise du pauvre bonhomme qui se demandait bien ce qu'il faisait là et l'on laissé repartir vers son train. Puis ils ont enlevé leurs brassards fluorescents et visiblement dépités de n'avoir rien trouvé sont repartis vers le début du quai en parlant à voie basse. Pas un mot d'excuse, pas un merci, pas un au revoir monsieur, pas un au revoir tout court, ils lui ont seulement rendu ses papiers d'identité et ont tourné les talons.</p>
<p>Je veux bien croire qu'il y a des impératifs policiers (ou douaniers) dont je ne connais pas la teneur mais rien, à mon avis, qui puisse empêcher un comportement préservant la dignité des gens.</p>
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Narcolepsie ferroviaire
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2007-06-24T07:38:46+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
vie
<p>Souvent lorsque je rentre à la maison après une <del>fascinante</del> dure journée de labeur, le <em>tac-tac</em> lancinant du train sur les rails m'endort régulièrement et c'est avec difficulté que je résiste à l'envie de faire une sieste. Pourquoi ne pas céder à la tentation me direz-vous ? Et bien certainement parce que je redoute de rater mon arrêt et ainsi rajouter quelques dizaines de minutes à mon trajet déjà suffisamment long. Peut-être aussi parce que je suis un peu paranoïaque et crains de me faire délester des quelques effets que je traine avec moi.</p>
<p>J'ai toujours été étonné de voir ceux qui profitent des quelques minutes qui les séparent de leurs destinations pour piquer un roupillon. Certains ont laissé glisser le journal ou le livre en cours de lecture, à l'endroit où ils ont piqué de la tête. Parfois un tressautement de la voiture ou un message sonore vient troubler leur repos, mais jamais très longtemps. Ils s'assurent de la position actuelle du train et, visiblement rassurés, retournent dans les bras de Morphée aussitôt. D'autres encore tentent de résister mais leurs têtes et leurs paupières se font de plus en plus lourdes.</p>
<p>À chaque fois que j'observe un de ces dormeurs, je ne manque pas de me demander à quoi il a consacré sa dernière nuit au lieu de se reposer. J'imagine parfois un diner en ville, une nuit de révision avant un examen, une sortie entre amis, ou bien une nuit devant un jeu vidéo, ou bien encore une nuit polissonne. Le choix est vaste et souvent la posture et l'aspect de la personne me guide vers l'une ou l'autre de ces possibilités — qui doit certainement être totalement erronée. Comme un jeu qui me tient éveillé.</p>
<p>Ce <em>tac-tac</em>, ce léger balancement de la voiture — qu'on appelle tangage ou roulis, je ne sais jamais quel est le bon terme — devient hypnotique à force de laisser divaguer ses pensées. Au point qu'il devient difficile de lire et qu'il faille que je range mon roman du moment pour me limiter à observer les paysages connus et familiers. Ce n'est qu'à l'arrivée que j'émerge enfin de cette <em>brume</em> narcoleptique.</p>
<p>Bon, il est l'heure, il faut que je me réveille, la gare est là, toute proche …</p>
https://open-time.net/post/2007/06/24/1069-narcolepsie-ferroviaire#comment-form
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Contrôle a vue
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2007-06-21T11:03:24+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
société
vie
<p>Depuis que je prends le train et le bus, j'ai remarqué deux choses. La première est que les contrôles des titres de transports — j'ai toujours aimé cette façon de dire contrôle des billets — se font en groupe — ils ne sont jamais moins de trois ou quatre — et la deuxième concerne le matériel dont ils sont dotés.</p>
<p>Vous n'êtes pas sans savoir<sup>[<a href="https://open-time.net/post/2007/06/21/1067-controle-a-vue#pnote-1067-1" id="rev-pnote-1067-1">1</a>]</sup> que depuis plusieurs mois, le <a href="http://www.stif.info/" hreflang="fr">STIF</a> (autorité organisatrice des transports publics de Paris et de sa région) promeut sa toute nouvelle carte Navigo censée remplacer nos cartes orange munies de leur coupons. Ordoncques nos braves contrôleurs, lors de leur <em>tournée</em>, passent de voiture en voiture en se répartissant les contrôles. Un ou deux à chaque extrémité pour se donner rendez-vous au centre ou de l'autre côté s'il s'agit de train à deux étages.</p>
<p>Encore ce matin, ils étaient quatre, un en haut et deux en bas, parcourant la voiture et demandant au passage les billets ou les cartes (Orange ou Navigo). Mon contrôleur s'est avancé vers moi, je lui ai tendu ma carte Navigo, il l'a prise, l'a tournée, l'a regardée un moment puis me la rendue en me remerciant. Je me demande encore comment il a pu s'assurer de la validité de mon titre de transport ? Comme ça, rien qu'avec les yeux ! Ils sont bioniques les contrôleurs ?</p>
<p>Tout ça pour dire que les moyens de contrôle ne suivent pas la campagne marketing effectuée à grand renfort d'affiches et de panneaux lumineux dans toutes les gares, et à la place de ce contrôleur, je l'aurai un peu mauvaise d'être ainsi réduit à faire semblant de faire mon métier, d'avoir l'air ou de passer pour un idiot car je ne dois pas être le seul à m'être fait ce genre de remarques !</p>
<p>Doter d'un seul appareil susceptible de vérifier la validité des cartes Navigo pour chaque groupe de 3 ou 4 contrôleurs est un peu juste, ou alors leur procédure de contrôle est à revoir. Je comprends qu'ils soient aussi nombreux pour faire les contrôles, certaines banlieues sont certainement un peu <em>chaudes</em>, je comprends également qu'ils souhaitent empêcher les <em>fraudeurs</em> de s'esquiver en contrôlant les voitures en partant de chaque extrémité, mais je ne comprends pas pourquoi il ne fournissent alors dans ce cas au moins deux appareils.</p>
<p>Ou alors ils sont réellement bioniques …</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://open-time.net/post/2007/06/21/1067-controle-a-vue#rev-pnote-1067-1" id="pnote-1067-1">1</a>] Et si vous ne le saviez pas, et bien maintenant cette lacune est réparée !</p></div>
https://open-time.net/post/2007/06/21/1067-controle-a-vue#comment-form
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Transports
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2007-05-31T11:33:59+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
vie
<p>Hier 17 heures …</p>
<p>Ma formation est terminée et j'ai une réunion prévue à 18h30, rue Falguières à Paris au numéro 133 pour être précis. J'interroge le site <a href="http://www.transilien.com/web/site/" hreflang="fr">Transilien</a> gracieusement mis à disposition par je ne sais pas qui — une probable émanation de la SNCF et/ou du <acronym title="Syndicat des Transports d'Ile-de-France">STIF</acronym> je suppose — pour déterminer le trajet le plus rapide. J'entre mon adresse de départ, celle d'arrivée, je précise quelques options et j'envoie la requête. Résultat quelques secondes plus tard. J'apprends que je dois prendre un bus jusqu'au terminus de la ligne 13 du métro puis que je devrais descendre à la station Duroc pour enfin me diriger vers ma destination finale en à peu près 7 minutes de marche à pied. Résultat, je suis sorti à la station Duroc comme prévu, ai trouvé la rue Falguières et ai commencé à la parcourir. Il m'a fallu environ 25 minutes d'un pas alerte pour atteindre le n° 133.</p>
<p>Conclusion, je suppose qu'il vaut mieux trouver la station de métro la plus proche de la destination finale et se limiter à cette destination lorsque je demande un trajet à ce site, les temps de parcours pédestre n'étant pas d'une extrême fiabilité.</p>
<p>18 heures 45 …</p>
<p>Je réunionne gaiement. Bla, bla, …</p>
<p>21 heures …</p>
<p>L'heure du retour à sonné et nous nous dirigeons vers la gare Montparnasse qui nous permettra de retrouver nos lits respectifs sans manquer de nous offrir une étape Kebab juste avant d'arriver afin de soulager nos ventres affamés …</p>
<p>Bla, bla, miam, miam, bla, bla …</p>
<p>22 heures 30 …</p>
<p>Une d'entre nous se dirige vers son bus tandis que nous rentrons dans la gare. Un petit café au service extérieur du <em>rapide</em> (vous savez le concurrent du clown) en attendant le train de 23 heures …</p>
<p>Bla, bla, glou, glou, bla, bla …</p>
<p>23 heures …</p>
<p>Nous montons dans le train, puis parcourons petit à petit toute la ligne.</p>
<p>Bla, bla, tchou, tchou, bla, bla …</p>
<p>Une descend rapidement, arrivée à destination et je me retrouve seul, à lire, en attendant ma gare. Arrivé à l'avant-dernière, certains voyageurs descendent, d'autres montent et nous attendons la sonnerie qui signalera la fermeture des portes comme à chaque fois.</p>
<p>Bla, bla, dring, dring, bla, bla …</p>
<p>Cette sonnerie nous l'avons attendue, 10 minutes, puis 20, puis 30, pour enfin apprendre que la rame ne pourrait pas repartir d'elle-même ! Elle était quasi-morte, dixit le conducteur — je me demande si il n'y a pas un autre terme pour ce métier ? Je l'ai vu s'activer avec un étrange outil en bas des portes ouvertes mais visiblement sans succès vu la tête qu'il faisait et l'immobilisme avéré de notre train. Quelques voyageurs, plutôt calmes, discutaient sur le quai, d'autres dormaient dans les voitures.</p>
<p>Bla, bla, ron piche, ron piche, bla, bla …</p>
<p>Par moment le train redonnait quelques signes de vie en se rallumant pendant quelques secondes puis les moteurs s'arrêtaient doucement, comme fatigués par leur effort d'un instant.</p>
<p>0 heure 50 …</p>
<p>Finalement il aura fallu attendre la rame suivante, celle de 0 heure 40, qui est venue s'accoupler avec quelques minutes de retard seulement dans un grand éclair électrique. Nous sommes enfin repartis, soulagés de constater que nous arriverions finalement à nos destinations.</p>
<p>Bla, bla, ouf, ouf, bla, bla …</p>
<p>1 heure …</p>
<p>Je descend du train, me dirige vers ma voiture qui m'attendait sagement sur le parking de la gare, monte, démarre et me dirige vers mon chez moi, vers mon lit surtout, j'étais claqué ! Au détour d'un virage, je vois un camion de pompier, tous phares allumés, un spot halogène puissant branché et un peu d'animation autour. Je suis trop fatigué pour m'en inquiéter et je rentre me coucher.</p>
<p>Bla, bla, oh, ah, bla, bla …</p>
<p>Ce matin, 8 heures 30 …</p>
<p>Ma voiture est garée dans une rue près de la gare, il n'y avait plus de place sur la parking comme souvent à cette heure là. Je prends mon sac et me rends à la gare. Au détour d'un virage, le même que la veille au soir, je découvre la carcasse noircie d'une petite voiture calcinée. Voilà la raison de la présence des pompiers plus tôt ce matin. Je me suis approché de la voiture, ai fait deux photos et constaté que les pneus de la voiture n'avaient pas brulé ! J'aurais imaginé le contraire … bizarre, bizarre.</p>
<p>Bilan de la nuit : Nous déplorons la perte d'une rame et d'une voiture de banlieue, pas de victime, uniquement des gens fatigués. À vous les studios …</p>
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Les habitués
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2007-05-25T06:32:06+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
société
vie
<p>Ce matin là, alors que j'attendais le train, une dame s'est approchée et a stoppé tout d'un coup voyant que j'occupais la place où elle avait l'habitude de patienter sur le quai, juste devant le deuxième panneau publicitaire, vers l'arrière du train. Elle était visiblement désemparée, perdue, en peine de savoir quoi faire, puis, doucement, s'est approchée autant que la courtoisie le lui permettait de la place où je me trouvais. J'avais affaire à une habituée !</p>
<p>Les habitués. Ceux qui se retrouvent toujours au même endroit du quai en attendant le train, ceux qui se retrouvent à deux, trois ou encore plus, dans la même voiture, sur la même banquette et bien sûr à la même heure le matin. Parfois même un ou plusieurs compagnons les rejoignent au fur et à mesure des stations.</p>
<p>Les habitués. Celui qui lit toujours le même journal, celui qui remplit son sempiternel sudoku ou ses mots-croisés. Celui qui se lève deux minutes avant l'arrêt en gare pour être sûr d'être un des premiers à sortir.</p>
<p>Ils sont beaucoup, ils se reconnaissent, parfois se saluent d'un léger signe de tête, souvent avec un regard quasi complice car l'autre habitué connait. Il sait, il respecte les habitudes de l'autre. On pourrait presque parler de solidarité, peut-être celle qui délie les langues pendant les grèves ou lors d'un incident.</p>
<p>C'est une sorte de clan, construit par la force des choses, qui rassure. On n'y entre pas si facilement, il faut du temps, le temps nécessaire pour observer avec quelques craintes le nouveau venu, celui qui peut vous bousculer ou, plus grand malheur encore, bousculer vos chères habitudes. L'habitué, l'élément stable de cette foule transportée, malmenée, dirigée. Ils servent de repères, comme des icônes, on finit par les reconnaitre et lorsque c'est le cas, nous ne sommes pas loin de faire partie de leur clan, du clan, de notre clan. Puis, rite de passage qui ne dit pas son nom, vous devenez un habitué lorsque les autres habitués ne sont plus inquiétés par votre présence. Vous faites partie du sérail, vous êtes passé de l'autre côté. Et bien sûr, vous observez avec méfiance les nouveaux venus …</p>
<p>Le train arrive, il faut que je me dépêche sinon je ne vais pas pouvoir prendre possession de ma place, sur ma banquette — le deuxième en partant du fond, à droite — de la dernière voiture du train de 8h27. Un <em>nouveau-venu</em> serait capable de me la prendre, le goujat !</p>
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Fair game
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2007-04-26T07:29:31+00:00
2009-05-06T18:16:09+00:00
Franck
Mots
société
éducation
<p>Il y a quelques jours je me trouvais dans le train qui m'emmenait vers le centre de la France pour y prendre quelques vacances. J'étais assis en face d'une petite fille d'environ dix ans accompagnée de sa mère. D'après leurs conversations, j'en ai déduit qu'elle allait en villégiature chez <em>grand-mère</em>.</p>
<p>Peu de temps après le départ, la petite fille a commencé à parler à sa mère des cadeaux qu'elle souhaitait avoir pour son futur anniversaire, en particulier cette console de jeu portable qui est <em>trop cool</em> ! Le modèle qu'elle espérait, une PSP, était bien sûr indispensable parce que sa copine Julie … et parce que son copain Damien … etc.</p>
<p>Je sentais bien la mère un peu réticente à l'idée de laisser une machine de ce genre dans les pattes d'une petite fille. D'ailleurs elle a commencé à argumenter que les jeux disponibles étaient plutôt destinés aux adultes et … Aussitôt sa fille lui a coupé la parole en lui rétorquant qu'au contraire, elle connaissait un jeu génial et a commencer à lui expliquer ce qu'il en était :</p>
<p>– Alors tu vois, à un moment, tu marches dans la rue et puis il y a une voiture au feu rouge qui attend.<br />
– …<br />
– Et puis par exemple, tu ouvres la portière, tu tire le bonhomme par terre et tu lui voles sa voiture.<br />
– …???</p>
<p>Et comme ça elle a commenté avec force détail, les différentes actions possibles, en parlant de vols, de cambriolages, de courses poursuites et je crois bien de meurtres. Tout ça dans la bouche d'une ravissante petite fille aux cheveux blonds et bouclés à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession (ou presque) ! À dix ans ! Le plus surprenant dans tout cela a été la réponse de sa mère :</p>
<p>– On verra, hein ? On verra !</p>
<p>Ces gamins là, ils vont jouer à quoi une fois majeurs ?</p>
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