On passe souvent sur cette route, qui part de la pointe de la Torche pour aller vers la plage de Pors-Carn et sur cette lande balayée par les vents du large, les arbres et les maisons penchent tous dans le même sens, vers la terre
J’écris ici, me demandant un peu ce que je vais bien pouvoir vous dire, et puis une envie de citer des gens me traverse l’esprit, un court instant et aussitôt je pense à une autre idée que j’ai depuis quelques années, restée inaccomplie, comme souvent, et ce n’est pas un regret, c’est juste que le vent n’a pas assez soufflé dans cette direction
Mais les vents changent, alors qui sait…
C’était une crêperie, il y a longtemps, très longtemps. D’ailleurs je ne l’ai jamais connue autrement que délabrée, cette maison de la rue de la Grève Blanche, au Guilvinec ; et pourtant une vieille dame a tenu à y loger, jusqu’à son dernier souffle et depuis elle continue de se délabrer, la maison, petit à petit, et de temps en temps je prends une photo ou deux
De vieux journaux repassés au blanc depuis qu’ils ont perdu leurs couleurs et leurs encres, des bouteilles qui n’en finissent pas de sécher ou de se remplir, tête en haut, tête en bas ; souvenirs des gens d’antan
Alors je joue avec les lumières, les ombres, les noirs, les blancs et les gens
Certains vont se reconnaître ici ; d’autres vont les reconnaître là ; ils font partie de ma tribu
J’ai beau chercher, pas de souvenirs précis d’ombres chinoises dans le passé
Si, faisant passer la lumière d’une bougie par un petit trou, vous placez à un pied de distance la surface A d’un pouce carré, cette surface jettera sur B qui est à deux pieds, une ombre de quatre pouces carrés ; sur E qui est à trois pieds, une ombre de neuf pouces ; sur D qui est à quatre pieds, une ombre de seize pouces ; sur cinq, une ombre de 25 ; sur six, une ombre de 36 ; en un mot l’ombre augmentera comme le carré des distances
Étienne
Peut-être le coin que je préfère dans cette maison ; d’ailleurs dans la plupart des maisons aussi : la cuisine
Je guette souvent les vélos, les bicyclettes, les biclous comme on disait étant gamin, pour mettre sur les photos, comme faisait Willy Ronis quand il le pouvait. Question de mouvement, de dynamisme, de vie
J’aime bien les bords de mer, pour mettre des gens sur les photos ; ils ont des gueules qu’on a envie de capturer
Ce petit phare ne fonctionne plus, surplombé depuis longtemps par son grand frère, juste derrière, celui d’Eckmhül ; j’hésite toujours à grimper en haut de ce dernier, pas franchement convaincu que la vue en vaille la peine, même si tout le monde prétend le contraire. Peut-être qu’un jour j’irai, qui sait ?
Un vieux manège mélancolique, derrière ses bâches transparentes et glauques à force de subir le temps ; ça manque de lumière, de bruit, de musique, de cris d’enfant — tout ce qui me ferait fuir finalement !
Alors on retourne dans des endroits ralentis, au calme, à pied, le nez au vent et les idées qui vagabondent
On devine le niveau de la marée haute à sa trace laissée flots et jusants après flots et jusants
Qu’est-ce qu’il peut bien sortir de cette trape, d’après vous ? Des eaux usées, un égout ? L’eau de mer utilisée pour rincer la criée plusieurs fois par jour ? Mystère
Parfois je me demande ce qu’il m’est passé par la tête, lorsque j’ai titré les photos que j’avais l’intention de publier, ici ou ailleurs.
Haze: a slight obscuration of the lower atmosphere, typically caused by fine suspended particles : “ a tenuous cloud of something such as vapor or smoke in the air: a faint haze of steam. ”
Je n’ai jamais bien compris ces pêcheurs, qui pendant des heures restent à l’affut d’une canne qui frétillent, avec en général un mulet gavé de fioul et autres ordures qui trainent au raz de l’eau dans le port
Quel goût, une fois cuit ? Pas envie
Rencontre pas banale d’une espèce en voie de disparition, les curés manquent, les offices s’en ressentent me dit-on, là où il y a quelques décennies chaque église avait son curé, elles se partagent souvent un seul et unique aumônier et les messes se raréfient ; sauf ici, dans le 13e à Paname, ou l’église à l’air en pleine santé si j’en juge par les cloches qui sonnent à pleines volées tous les dimanches !
Est-ce qu’un jour un robot prendra la place de ce cariste ? Ou alors est-ce qu’un jour ce chariot sera un robot ? Probable… mais quand ?
Je me dis que je serai surement bien content, dans trente ou quarante ans, alors probablement plus capable de piloter une moto, voire de conduire une voiture, de trouver un voiture robotisée pour m’emmener là où j’aurais envie ou besoin ! Pas vous ?