Hôtel des Blogueurs - Semaine n°2

Photo

Mes billets de la deuxième semaine à l'hôtel, du vendredi 8 au jeudi 14 juillet.

Les références aux résidents de l'hôtel sont signalés par une forte emphase.

Vendredi 8 juillet, 8 heures

Orage, ô rage

Finalement, le calme des vacances n'aura pas duré très longtemps. Madame DE s'est remise à me faire la morale sur le rôle normal et dévoué d'un mari prévenant, et patati et patata ... Plus le temps passe, plus je me dis qu'il va falloir trouver une issue définitive à ce mariage - j'ai des envies de meurtres en ce moment, vous pouvez pas savoir ! Enfin, ce qui me gêne le plus c'est que du coup David a passé un très mauvais moment à notre table où nous l'avions invité ! Il va falloir qu'à mon tour j'aille m'excuser auprès de lui, je crois n'avoir pas été très amical à son endroit !

C'est pas une si mauvaise idée ça, une disparition définitive de mon épouse arrangerait bien mes affaires ! Alexandre en serait passablement affecté, mais la jeunesse a un pouvoir de récupération étonnant et je ne m'inquiète pas trop pour lui. D'ailleurs la petite Aïcha a du commencer son dévergondage, j'ai bien vu le grand sourire qu'avait Alexandre lorsqu'il revenu avant-hier soir de sa journée avec elle ! Mais seulement le meurtre n'est pas bien vu dans nos contrées, même avec des circonstances atténuantes comme celles que je pourrais avoir, continuons de rêver ...

Je vais certainement retourner faire du cerf-volant sur la plage aujourd'hui en espérant qu'il n'y ait pas trop de pluie, bizarre ce temps pour un mois de juillet. Ceci dit il est à l'image du moral de nos amis anglais, j'imagine, j'ai appris le malheur qui les frappe depuis hier. Ah oui, j'oubliais, j'ai reçu hier le matériel de réparation que M. Fabre m'a envoyé suite à ma demande. Je vais pouvoir réparer mon vieux cerf-volant et pourquoi pas en construire un autre pour la petite Aïcha.


Samedi 9 juillet, 14 heures 30

Permission de minuit

Mme Rossignol avait encore organisé un cocktail pour les résidents hier soir, mais cette fois ci il avait lieu sous la véranda étant donné le caractère aléatoire de la météo de ce début juillet. J'ai pu m'entretenir avec David à qui j'ai pu expliquer que mon attitude à son égard la veille à dîner était déplacée et que j'en était profondément désolé. Après tout il n'est pour rien dans l'état de délabrement de mon couple, si on peut appeler cela un couple. De bonne grâce, il a accepté mes excuses, et nous nous sommes promis de nous retrouver rapidement sur la plage pour une séance de cerf-volant. Je lui ai d'ailleurs proposé de lui apprendre à les réparer, c'est très facile, en espérant ainsi qu'il soit plus à l'aise la prochaine fois.

Après dîner, j'ai pu m'échapper une fois ma ronfleuse endormie et descendre au bar pour enfin réfléchir sérieusement à la suite de mes vacances. J'ai commandé un petit Calvados, un Boulard de 30 ans d'âge, celui que je préfère et un peu enivré par l'alcool je me suis perdu dans mes pensées ...

... si seulement on pouvait résilier un mariage comme on résilie un abonnement, ça serait pratique :

– Allô, le service après-vente ?

– Oui, Nathalie Deschiens à votre service, que puis-je pour vous ?

– Bonjour madame, Benjamin de Favières au téléphone, voilà, euh, j'aimerai mettre fin à mon abonnement de mariage,

– Votre numéro d'abonné est bien le 1 543 952 712 ?

– Oui, c'est bien cela,

– Il faut que vous nous envoyez une lettre de résiliation en recommandé avec accusé de réception et nous ferons le nécessaire. Normalement après le mois légal de préavis, votre contrat sera résilié et vous serez dégagé de vos obligations conjugales.

– merci, alors un mois de préavis après l'envoi de ma lettre et c'est réglé ?

– Oui, voilà.

– Et pour notre enfant, la maison, et tout le reste ?

– Conformément à votre contrat d'abonnement, nos avocats conseils se chargeront de tout pour le montant forfaitaire prévu. Vous n'avez rien à payer, c'est inclus dans le contrat.

– Merci beaucoup, au revoir madame !

– Au revoir monsieur, bonjour chez vous, et au plaisir de vous revoir chez Cupidon S.A.

Seulement là, la réalité dépasse la fiction, quand on a signé, c'est pour la vie ! Et quelle vie ! Si seulement on pouvait avoir, je ne sais pas moi, disons six mois d'essais pour se faire une idée ! Mais non, tu signes en bas du registre, tu fais un grand sourire, tu respire un bon coup, et hardi petit en avant pour l'inconnu ! Un peu comme le loto, parfois tu gagnes, souvent tu perds. Si seulement j'étais célibataire, je me verrais bien faire une cour discrète à notre hôtesse, elle a l'air charmante, pleine de ressources - il en faut pour mener un hôtel comme elle le fait - et toujours avec le sourire ! Sûr que ça me changerait du masque mortuaire de Madame DE.

Enfin, j'ai croisé Anne Mézie, ma voisine de palier, qui s'est empressée de s'excuser de la gêne occasionnée par ses ronflements nocturnes. Je l'ai bien vite rassurée en lui expliquant que je n'étais absolument pas perturbé par cela étant donné les concerts que nous offre mon épouse tous les nuits ! Elle a rit et est repartie rassurée.

Aujourd'hui, de nouveaux résidents sont arrivés, une famille avec plusieurs petites filles (trois je crois), par contre je n'ai pas vu le papa. C'est bien qu'il y ait de nouveaux enfants, ça va mettre un peu de gaieté dans l'hôtel. Alexandre va être content, car j'ai l'impression qu'il est parfois un peu dépassé par les évènements lorsqu'il est avec Aïcha.


Lundi 11 juillet, 9 heures moins le quart

Départ précipité

Ma femme a piqué une crise de nerf hier dans la voiture alors que nous rentrions de notre escapade à Honfleur et aux Petites Dalles, où d'ailleurs nous avons croisé Mme Amandine, la dame à la 2cv. Celle-ci ne nous a pas remarqués, il faut dire que mon épouse à la fâcheuse manie de se promener avec un énorme parapluie toujours ouvert et avec le vent qu'il y avait, pas moyen de le tenir sans le mettre à l'horizontal !

Toujours est-il qu'en revenant, Madame DE a exigé que je lui prépare ses bagages et que je l'emmène illico à la gare la plus proche pour qu'elle puisse aller chez sa soeur à Verneuil. Elle m'a avoué qu'elle entendait des bruits bizarres tous les soirs et que cet hôtel lui semble hanté. J'ai eu du mal à retenir un fou rire. Un hôtel à Houlgate, hanté, mais nous ne sommes pas en Écosse ! Il y a peut-être des personnes un peu spéciales, mais rien d'inquiétant, enfin à mon avis. Elle n'en a pas démordu, alors résigné (et secrètement ravi) je lui ai fait ses malles et je l'ai posée au train de 20h28. Elle était tellement pressée de partir qu'elle ne s'est même pas rendue compte qu'elle allait se retrouver seule dans Paris un dimanche tard dans la soirée, je la vois d'ici tremblante comme un feuille en attendant son taxi. Enfin libre !

Notre première semaine a été très calme ici à Houlgate, c'est agréable de pouvoir se reposer en toute quiètude. De nouveaux locataires sont arrivés. Un groupe de musiciens. Ils ont l'air un peu, comment dire, décalés, mais je ne suis pas sûr d'avoir un goût très sûr en la matière. D'ailleurs ils vont nous donner un concert ce soir dans la serre. J'ai proposé à Alexandre que nous dînions tôt pour pouvoir y assister, et il a aussitôt accepté. Nous pourrons alors juger sur pièce.

J'ai proposé à Aïcha, David et à Mme Casomon et ses filles de leur faire un cours de cerf-volant mardi après-midi sur la plage. J'aimerais bien trouver deux partenaires pour mettre en place un petit ballet aérien avec Alexandre et moi, comme j'ai vu faire souvent dans les championnats. Seulement ça promet de longues heures de démmelage de lignes alors je ne sais pas si c'est une bonne idée. Il faudra aussi que je trouve un petit lecteur de CD portable mais puissant pour nous accompagner en musique.

Je vais aller demander à Mme Rossignol quel est l'horaire d'ouverture du club de pétanque. Pour une fois que je peux pratiquer ce jeu qui m'attire tant. Ils vont sûrement être impressionné par mes talents de pointeur ! En plus ça me fera un bon prétexte pour la rencontrer, et tant que j'y pense je l'informerai également du départ de Madame DE.

Cet hôtel me plaît vraiment, il est, comment dire, différent de ceux que j'avais déjà fréquentés. C'est peut-être à cause de la personnalité des estivants présents. Il y règne une atmosphère étrange et par moment je me demande si je ne suis pas victime d'un énorme canular et que tout les autres sont en fait des acteurs ! Mais dans ce cas, où sont les caméras et les micros ? Et puis qui aurait l'idée de piéger un petit cadre comme moi ? Ne rêvons pas. Si je peux et si il y a de la place, j'essaierai de revenir y passer une quinzaine début septembre.


Mardi 12 juillet, 21 heures 45

Toucan : 1 - Cerf-volant : 0

Où l'on apprend qu'un toucan est plus costaud qu'un cerf-volant.

Je viens à peine de rentrer de la plage où j'ai fini par donner de violents coups de canifs dans tout cet entrelacs de lignes que je m'était mis en tête de démêler et j'ai tout mis à la poubelle. Hop, bon débarras.

Et pourtant tout avait bien commencé ...

J'avais passé la soirée d'hier à préparer tout le matériel nécessaire pendant que tout le monde était au concert dans la serre. Soit dit en passant, je crois d'après ce que j'ai pu en entendre que je n'ai pas loupé grand chose. Il faudra tout de même que je demande à Alexandre ce qu'il en a pensé. Mais je m'égare là, revenons à notre fil ou plutôt à nos lignes.

Nous avions débuté gentiment à apprendre le maniement du cerf-volant avec Mme Casomon et ses filles, lorsque nous avons vu arriver Aïcha avec le toucan de Raphaël délicatement posé sur son épaule (ils avaient l'air de tenir une grande discussion), accompagné de David et d'Aaron. Ni une ni deux, chacun de prendre qui un cerf-volant delta pilotable (pour Aïcha), qui un quadrifoil (sorte de petit parachute pilotable) pour David et Aaron et de commencer des évolutions plus ou moins abouties. Jusque là pas de soucis. Je ne m'inquiétait pas outre mesure de la maladresse de David vu que l'engin qu'il avait choisi sur mes conseils ne comportait pas d'éléments fragiles.

Les problèmes ont commencés lorsqu'Aïcha a gentiment proposé de faire une course aux mouettes avec les cerf-volants, ce que bien sûr tout le monde a accepté avec entrain. Et nous voilà tous en train de courir dans tous les sens en tentant plus ou moins bien d'attraper les mouettes qui passaient par là, voire même d'essayer de leur couper les ailes à l'aide des lignes. Quand soudain, j'ai vu un flou coloré me passer devant les yeux et quand j'ai pu comprendre ce qu'il se passait, c'était digne d'un combat aérien. Le toucan de Raphaël avait visiblement décidé que ces engins mécaniques n'étaient vraiment pas fait pour voler et il s'acharnait avec entrain à passer à travers ! Oui, à travers. Ça n'a pas duré longtemps, en moins de deux minutes tous les cerfs-volants étaient par terre - enfin ce qu'il en restait - et les lignes faisaient un joli plat de spaghettis. Le toucan, visiblement très fier de son exploit était revenu nonchalamment sur l'épaule d'Aïcha et si je n'étais pas si cartésien j'aurais pu jurer qu'il souriait !

Je peux vous dire que cela a provoqué un fou rire général, moi le premier, et du coup la fin prématurée de notre séance de cette après-midi. Moi qui pensais proposer une nouvelle séance collective à Mme Rossignol, je crois que je vais dorénavant m'occuper à autre chose. De plus moi qui avait l'intention de jouer à la pétanque ce soir, vu l'heure c'est raté, alors je crois que je vais aller essayer mon nouveau télescope après dîner.


Mercredi 13 juillet, 21 heures 15

Régression

Comme mon célibat me le permet enfin, j'ai décidé de m'échapper d'Houlgate pendant ce long week-end de fêtes nationales et de sillonner la Normandie de mon enfance. C'est décidé, je prends la voiture et je pars. J'ai proposé à Alexandre de m'accompagner mais ce dernier (comme je m'y attendais) à refuser mon offre prétextant un rendez-vous d'astronomie avec des copains. J'ai bien compris qu'en fait il était ravi de pouvoir rester sans surveillance avec la petite Jamaïca pendant quatre jours. Je n'ai rien dit mais j'ai tout de même laissé un mot à l'accueil à l'attention de Mme Casomon pour qu'elle garde un œil sur lui pendant mon absence, on ne sait jamais.

D'ailleurs il faut que je me dépêche car le parking de l'hôtel est encombré de voitures ce soir. J'ai cru comprendre qu'un personnage important était de passage dans la région, mais je n'ai pas bien saisi qui exactement. Toujours est-il que la cour est saturée de voitures, de camionnettes et de moto de presse. Mme Rossignol ne savait plus où donner de la tête.

J'ai eu des nouvelles de Madame DE en fin d'après-midi. Elle m'a appris qu'elle avait décidé de partir en compagnie de sa sœur et de son banquier de mari en croisière sur le Nil jusqu'au début du mois d'août. Elle m'a également annoncé qu'il ne fallait pas compter sur elle pour revenir à Houlgate et encore moins dans ce bouge tenu par des folles et fréquenté par des malotrus, je reprends ses propres paroles.

Pour en revenir à mon escapade, j'ai prévu d'aller à Jumièges pour revoir l'abbaye et si c'est possible les fermiers qui m'accueillaient tout les étés quand j'étais gamin. J'aimerai retrouver les odeurs et l'obscurité des étables et des granges qui sentent le cidre et les pommes. J'ai des souvenirs encore vivaces de deux sœurs du village qui fabriquaient elles-même une crème fraîche à se damner. Jamais je n'en ai retrouvée d'aussi ... comment dire ... divine ? Oui c'est le mot. Avec un peu de sucre, j'en avalait un bol entier en revenant des moissons où j'officiais en tant que conducteur de tracteur. Et le lait, encore chaud juste après la traite, un nectar ...

Allez, je boucle la valise, et j'y vais ...


La suite dimanche prochain ...

Ajouter un commentaire

Les champs suivis d'un * sont obligatoires

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant la syntaxe Markdown Extra.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://open-time.net/trackback/1817

Haut de page