Hôtel des Blogueurs - Semaine n°3

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Mes billets de la troisième semaine à l'hôtel, du vendredi 15 au jeudi 21 juillet.

Les références aux résidents de l'hôtel sont signalés par une forte emphase.

Lundi 18 juillet, 13 heures 30

De retour

Me voilà de retour après un week-end très nostalgique. J'ai pu retrouver la ferme où je passais mes vacances petit, mais malheureusement elle était à l'abandon. Je suis monté au village pour me renseigner et le maire que j'ai rencontré au marché m'a expliqué que M. et Mme Lefèbvre (j'avais oublié leur nom) avaient été victime de la vache folle ! Une vache présentait des symptômes ressemblant à ceux de ce syndrome et les services d'hygiène ont imposé l'abattage de tout le cheptel ! Le temps que les indemnités arrivent, ils avaient déposé le bilan. Tout d'un coup c'est toute mon enfance qui est en deuil, la vie est vache parfois. Il faudra que je vois si je peux racheter cette propriété un jour ou l'autre et la remettre en état, j'ai mal au cœur de la voir à l'abandon comme cela.

Pendant mon absence, Alexandre ne s'est visiblement pas ennuyé. Mme Casomon a gentiment veillé sur lui pendant ces quatre jours (il faudra que je l'en remercie dès que je la verrai) et j'ai l'impression que cette liberté nouvelle lui fait le plus grand bien ! D'ailleurs il est beaucoup moins renfermé qu'avant, j'en veux pour preuve le grand bonjour qu'il a lancé à Antoine (le cycliste) lorsque nous l'avons croisé.

J'ai rapporté de la vraie crème fraîche, bien épaisse, à notre cordon bleu qui officie en cuisine, ainsi qu'une quantité quasi industrielle de prunes offertes par le maire de Jumièges qui est lui aussi agriculteur. Il y a des prunes de Monsieur, celles qui sont si bonnes en confiture ou en compote, et des mirabelles. J'espère les retrouver un jour, d'une manière ou d'une autre, sur la carte du restaurant.

Bon, il va falloir que je propose à Mme Rossignol un rendez-vous à la tombée de la nuit pour observer les étoiles. Il faut en profiter tant que la météo s'y prête, parce qu'il y a souvent des nuages pendant la nuit ! J'aimerai beaucoup lui montrer la lune, c'est très impressionnant de voir si distinctement les cratères ...

Ah oui, j'oubliais, j'ai appris que Jean-Benoît Ricin est mort accidentellement pendant un concert ces derniers jours. Une histoire d'électrocution il me semble. Curieuse histoire tout de même. Cet hôtel ressemble de plus en plus à une auberge espagnole ! En plus de ce départ un tantinet particulier, il y a eu du changement dans la liste des résidents. La petite Aïcha est partie à Venise en compagnie de Raphaël, par contre le toucan est resté ! Du coup j'ai un nouveau voisin (ou une nouvelle voisine, je ne sais pas, je demanderai ce soir à Mme Rossignol) dans la chambre n°16.


Mardi 19 juillet, midi moins le quart

Etoile filante

Hier soir nous nous sommes retrouvés avec Mme Rossignol ou plutôt devrais-je dire Violette, comme elle m'a gentiment proposée de l'appeller, pour une séance d'astronomie amateur. J'avais proposé à mon fiston et Jamaïca de venir nous rejoindre mais nous ne les avons pas vus de la soirée, ça ne m'étonne pas, à son âge j'avais aussi d'autres idées en tête. Pour en revenir aux astres, j'avais pu régler mon télescope pour observer la lune qui était quasiment pleine. Le ciel s'était mis de la partie en nous octroyant un ciel clair et dégagé, en un mot idéal !

Une excellente soirée disais-je, qui avait commencée par un dessert surprise concocté par Joséphine Malagar notre chef : Une tarte aux prunes caramélisées encore tiède accompagnée de crème fraîche. Elle avait utilisé les prunes de Monsieur pour faire une compote à la cannelle qui recouvrait la pâte et avait gardé les mirabelles entières posées dessus. Le tout caramélisé avec du sucre roux. Un régal des papilles. Mais bon je m'éloigne du sujet ...

Pour en revenir aux étoiles, j'ai pu montrer à Violette les cratères de la lune. Je sais que c'est toujours impressionnant de les voir d'aussi près. Ça n'a pas loupé, c'était des oh et des ah incessants, et moi pendant ce temps là je m'efforçais de conserver un réglage correct de la lunette (ce n'est pas très facile car en moins de 2 minutes la lune sort du champ de vision et il faut corriger presque en permanence pour la conserver au centre). Elle n'arrêtait pas de s'exclamer à propos de tel ou tel cratère, que cela lui faisait penser à de la dentelle ou alors a une crêpe. Et puis elle s'est tue. Rapidement je me suis senti très troublé d'être aussi prêt d'elle, c'était une sensation nouvelle pour moi et je me sentais tout d'un coup comme un adolescent, un peu à l'image de mon fils avec Jamaïca (j'imagine). En sentant son parfum si proche, j'ai piqué un fard et j'en ai perdu tout mes moyens. Cette femme m'impressionne tellement que je ne sais pas comment l'aborder. Elle doit certainement trouver ça puérile, une séance d'astronomie amateur en guise de rendez-vous. Alors que je n'avais qu'une envie, la prendre dans mes bras, la serrer fort, lui dire ... je ne sais pas ... je n'ai jamais su ... qu'est-ce qu'il faut dire dans ces cas là ? Je crois qu'elle a perçu mon malaise et m'a gentiment proposé de ranger mon matériel et d'aller faire un tour du côté de la plage. Mais le charme était rompu, ce silence que j'avais cru complice et prometteur était parti, je ne me sentais plus le courage de quoi que ce soit. Comment retrouver cet instant, je donnerai tant pour cela ...

Nous nous sommes quittés peu après en nous promettant une autre séance, à la manière de ces gens qui se promettent d'écrire à la fin des vacances mais qui le font jamais. Je vais le regretter longtemps ... à moins qu'une bonne étoile daigne faire un petit signe à l'éternel optimiste que je suis ! A ce moment précis, j'ai clairement vu une étoile filante traverser le ciel et j'ai aussitôt fait un vœu ... devinez lequel ?


Mercredi 20 juillet, 11 heures 20

D'jeuns

Hier soir j'avais invité Mme Casomon (et ses filles) pour la remercier pour l'œil observateur qu'elle avait eue sur Alexandre pendant mon absence ainsi qu'Angèle ma nouvelle voisine de la chambre n° 16 à dîner. Nous nous sommes retrouvés à une grande table et dès le début du repas nous avons commencé à faire du bruit, beaucoup de bruit ! Normal direz-vous avec quatre enfants à table, le rire prends ses quartiers d'été. Je crois que cela convenait bien à Angèle qui visiblement avait déjà quelques complicités avec les filles. Mme Casomon quand à elle avait l'air un peu distraite ou ailleurs, je ne sais pas, mais en tout cas pas avec nous, elle chipotait doucement dans son assiette sans nous voir ni nous entendre.

Peu de temps après, on avait pas encore commencé nos entrées, nous avons été rejoints par les deux enfants du Dr Ralph, un médecin lyonnais en vacances ici jusqu'à fin août. Mathilde et Félicien avaient l'air plutôt soulagés de quitter leur table familiale pour nous accompagner dans nos délires. Résultat, c'était ambiance colonie de vacances avec son lot de rires et de moqueries, les autres clients du restaurant ne sont pas restés longtemps, je peux vous l'assurer. Qu'est-ce que ça fait du bien de se lâcher comme ça !

J'en ai profité pour apprendre deux ou trois expressions de d'jeuns comme ils disent : trop d'la balle, ça j'ai compris, relou, je ne sais toujours pas ce que ça veut dire, visiblement ils l'utilisent beaucoup en parlant des adultes, je me demande pourquoi. Ah oui il y a chelou aussi, toujours à propos des adultes. Il faudra que je demande à Alexandre un de ces jours. Heureusement que Madame DE n'est pas là ! Tiens ça me fait penser qu'elle ne me manque absolument pas celle-là ! J'ai appris grâce à une carte postale de mon beau-frère qu'ils avaient écourtés leur séjour en Égypte et qu'il avaient choisis Venise pour terminer leurs vacances. Si seulement elle pouvait être victime d'un accident définitif. Je crois que je supporterai assez bien le veuvage ! Tiens j'y pense, ça serait drôle qu'ils y rencontrent Aïcha ou Raphaël !

A la fin du repas, j'ai proposé à tout le monde d'aller faire un tour à la soirée karaoké au casino. Bien sûr tout le monde a accepté sauf Max, nous nous appelons par nos prénoms dorénavant, qui m'a demandé si je pouvait m'occuper de ses filles le lendemain, c'est à dire aujourd'hui mercredi. Elle m'a appris que M. Bombard (vous savez, le navigateur solitaire en canot pneumatique) était décédé et qu'elle devait préparer une nécro, je crois que c'est le bon terme, car elle le connaissait plutôt bien. Elle devait pour cela faire un aller-retour à Paris. J'ai bien sûr accepté de bon cœur et elle a paru soulagée.

Enfin, nous nous sommes tous retrouvés la-bas, et c'est là que mes souvenirs s'arrêtent ! Je crois que j'ai dû un peu trop forcer sur la boisson hier soir. Tout ce dont je me rappelle, c'est que je me suis réveillé nu comme un ver sur mon lit dans ma chambre ce matin, mais comment je suis arrivé là ? Mystère !

Bon je file, les enfants et Angèle (qui va m'aider à surveiller tout ce petit monde) m'attendent à la réception ...


Jeudi 21 juillet, 13 heures 50

Ado-sitting

Nous avons passé la journée d'hier à faire de l'ado-sitting avec Angèle. Le matin je leur ai proposé d'apprendre à faire des pizzas. J'avais demandé à Joe l'autorisation d'utiliser son laboratoire. Celle-ci me l'a gentiment accordée en me précisant toutefois qu'elle souhaitait retrouver sa cuisine dans un état irréprochable.

Nous nous sommes dons retrouvés Angèle et moi à confectionner nos pizzas entourés des gamins. Heureusement que l'aspirateur de l'hôtel est costaud, si vous aviez vu l'état de la cuisine au bout de quelques minutes ! Il y avait de la farine partout sur sol, saupoudrée gentiment d'un quantité incroyable d'olives et de câpres, et il a fallu que je m'énerve un peu pour qu'Alexandre daigne nettoyer ce foutoir. Aussitôt Jamaïca et ses sœurs, qui jusque là n'avaient pas bronché, se sont mises à tester leurs talents de jongleuses avec les œufs. Vous imaginez le résultat ?

Enfin, quelques longues minutes plus tard, nous avions réussi à composer une sorte de pizza qui ressemblait assez à un patchwork. Chacun s'était réservé un coin et avait garni celui-ci en fonction de ses goûts. Il y avait, dans le désordre, quelques anchois, une ou deux olives qui avaient échappé au carnage du matin, quelques champignons frais trouvés dans le frigo, du jambon cuit et cru, du chorizo, quelques lardons couverts de crème fraîche, un peu de saumon fumé, et plus surprenant encore un demi abricot et de la confiture de prune ! J'ai glissé la plaque dans le four que j'avais préalablement mis à chauffer et en attendant la fin cuisson j'ai exigé de tout le monde un coup de main pour remettre la cuisine dans un état acceptable.

Vingt minutes plus tard, la cuisine rangée et nettoyée, la pizza a été sortie du four. Sachant ce qu'elle contenait, je n'aurai jamais imaginé qu'elle puisse sentir aussi bon ! Nous l'avons posée sur la table, découpée pour que chacun retrouve son coin, pas facile lorsque la mozarella et le gruyère a tout recouvert. En plus j'ai l'impression que la chaleur avait provoqué la migration et le mélange de certains des ingrédients. Finalement tout le monde a pu en déguster un morceau avant de se précipiter au restaurant pour compléter ce frugal repas.

Une fois le repas terminé, j'avais espéré un moment de repos dans ma chambre mais les charmants enfants s'étaient mis en tête de faire un paint-ball sur la plage avec du matériel trouvé dans un coin de la salle de ping-pong de l'hôtel. Nous nous sommes alors dirigés vers la plage, Angèle papotant gaiement avec les filles, et moi en train de demander à Alexandre s'il était sûr que le sirop de grenadine était bien conseillé pour ce genre d'activité.

A peine arrivés, ils se sont empressés de remplir leurs armes et de commencer une bataille rangée. C'était l'outre-mer contre le continent : les filles Casomon s'étaient naturellement mises ensemble tandis qu'Alexandre avait rejoint les deux lyonnais. J'avais réussi à me mettre plus ou moins à l'abri avec Angèle dans une des petites cabanes de plage laissée ouverte, lorsque l'équipe outre-mer a décidé de nous utiliser comme otages ! Nous nous sommes retrouvés allongés par terre serrés l'un contre l'autre, solidement ligotés. Rapidement j'ai senti, comment dire, une certaine chaleur m'envahir et j'avais beau gigoter dans tous les sens pour regagner un peu de liberté, rien à faire. Les nœuds étaient bien serrés ! Angèle me voyant impuissant, m'a embrassé et a éclaté de rire. Je l'ai alors regardée et la voyant radieuse, un énorme fou rire m'a pris ce qui n'a en rien arrangé ma situation ! Je vous laisse imaginer ...

Je crois que je me souviendrai longtemps de cette journée !


La fin dimanche prochain ...

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