J'ai passé pas loin de vingt ans à utiliser ma voiture pour me rendre quotidiennement au travail. Depuis la semaine dernière, un peu contraint il est vrai, j'utilise à nouveau les transports en communs et j'ai voulu, avant que ma mémoire ne me fasse faux bond, écrire mes premières impressions.
Ce qui n'a pas changé ? Les gens pressés qui courent pour ne pas rater leurs correspondances, parfois au mépris des plus lents en bousculant sans qu'aucune amorce d'excuse ne soit perceptible. Les visages fermés des voyageurs, leurs allures résignées, sauf de temps en temps un groupe bruyant et vivant de jeunes adolescents. Les courants d'air qui vous glacent sur les quais de gare, ou qui vous réchauffent dans le métro, qui vous décoiffent ou qui vous envoient votre écharpe dans le visage. Les portes des vieux trains qui peinent à s'ouvrir. Les bus qui vous secouent dans tous les sens, au gré des aléas de la circulation. Ils ont toujours d'aussi bons freins.
Ce qui a changé ? Les véhicules sont plus modernes, je dirais plus confortables. J'ai vu quatre patrouilles de policiers en cinq jours sur le même trajet, les contrôleurs se déplacent en groupe de trois ou quatre. Ca laisse une impression diffuse, non palpable, d'insécurité. J'ai vu plus de tags sur les murs courants le long des voies, moins de tags à l'intérieur des rames, sauf, et c'est nouveau pour moi, les mots et les dessins gravés sur les vitres. Il y a vingt ans, la mode était au gros marqueur noir ou bleu, maintenant c'est plus agressif, directement dans la matière, je ne sais pas pourquoi mais ça me rend très triste. Moins de gens lisent des livres, plus de gens écoutent leur lecteur MP3. Moins de gens lisent des journaux payants, beaucoup lisent le gratuit vingt minutes. Et le plus marquant bien sûr : ce téléphone portable qui me donnera surement matière à bloguer !
Un exemple de vitre dégradée dans le train (clic pour zoomer).
Je suis étonné de la rapidité avec laquelle j'ai repris mes marques. Il m'a fallu deux jours pour retrouver mes automatismes, la capacité à s'abstraire des bruits ambiants pour se plonger dans la lecture du moment. Savoir à quelques minutes près le moment où l'on arrive à sa destination, sans lever le nez — et c'est pourtant un trajet nouveau pour moi. Trouver aussi quel était le chemin le plus court et le plus rapide, le plus économe et le plus facile pour aller de la maison à la gare, ou pour en revenir.
Je passais jusqu'à maintenant deux heures et demie en voiture tous les jours, en écoutant la radio. Je passe maintenant trois heures et demie par jour à lire, à regarder et à écouter. Vais-je continuer comme ça ou reprendre mes vieilles habitudes ? Pour l'instant je (re)découvre un univers. Je me dis qu'il va y avoir plein de photos à faire, plein de choses à raconter. Mais combien de temps cela va durer ? Combien de temps cela aura-t-il l'attrait de la nouveauté ?
1 De Douja -
Fort intéressant ce billet. Les transports en communs, sujets de billet. Pour sûr, tu tiens un filon. Tiens, je note que sur mon trajet, c'est (à la louche) 50/50 pour le MP3/livres. Quant à la presse écrite, c'est les gratuits c./L'équipe.
Bienvenue dans le monde des petites fourmies ;-) J'ai hâte de lire la prochaine chronique.
2 De Lo -
mais comment fais-tu? C'est la première remarque qui vient à l'esprit d'un nouvel ardéchois qui a quitté l'agglomération grenobloise pour fuir les 45 minutes que l'on mettait le matin pour parcourir une dizaine de kilomètres, et qui maintenant profite de la quiétude de sa campagne. Et puis la seconde, c'est bien sûr, que chacun fait comme il peut, tout le monde n'a pas le choix.
3 De Franck -
Comment je fais ? Bonne question ! Comme beaucoup je suppose. Mon fiston m'aide à supporter tout ça.
4 De François Granger -
Courage. Si tu craques, essaye le scooter... ;-)
5 De Vinch -
Ce plaidoyer me fait penser à la chanson de Grand Corps Malade... Désolé pour la référence douteuse !
6 De Franck -
François j'y ai pensé moult fois. J'ai même passé mon permis moto il y a pas loin de dix ans mais sans jamais passer le cap de l'achat. Et c'est pourtant pas l'envie qui me manque, mais pas pour aller au boulot, uniquement pour la balade, faut que ça reste un plaisir.
Quelle référence douteuse Vinch ? Je n'en vois aucune !
7 De TiBen -
un petit air de dansletgv.com ..
8 De lio -
Le plus surprenant c'est que tout le monde prend le train/rer toujours à peu pres à la meme heure donc on se retrouve à souvent "cotoyé" les memes personnes, c'est un bien grand mot car personne ne se parle mais ça laisse place à l'immaginaire.
9 De Franck -
TiBen oui un peu, sauf qu'il a beaucoup plus de talent pour dépeindre l'atmosphère.
lio, tout à fait d'accord. Je commence à repérer des têtes déjà vues. Pas plus tard que ce matin, dans le bus, j'ai détaillé à la sauvette un bonhomme qui pourrait donner matière à !
10 De François Granger -
Ca pourrait te permettre de passer de trois heure et demi (ou deux heures et demi) à une heure et quart ... mais sans possibilité de lire ;-)
Enfin pour moi, ça a donné ça quand je travaillais à la Défense, une heure dix en transport ou en voiture, vingt/vingt cinq minutes en scooter.
11 De Eric C. -
A propos du freinage des bus, m'est venue une idée. Deux, en fait :
porcsânessauvagesA part ça, chapeau. 2h1/2 de caisse tous les jours, je crois que j'aurais du mal. Ceci dit, 3h1/2 de tec, même si tu y gagnes la possibilité de lire et un peu plus de régularité, il faut également les supporter.
En ce qui me concerne j'ai choisi la moto, parce que le gain de temps est conséquent (facteur > 2) ; si ce n'était pas le cas, je me poserais sérieusement la question ...
12 De Franck -
La moto, j'aimerai bien si ce n'était pas si dangereux ! J'en ai vu des accidents avec des motos depuis vingt ans, et c'est parfois pas beau !
13 De Otir -
Franck : ton billet me parle enormement. J'ai vraiment hate que mon ordinateur revienne de reparation pour pouvoir ecrire plus librement et rebondir, je me sens decidee hyper frustree de ce muselage...
14 De la belle bleue -
Du temps où je prenais le train tous les jours, j'avais remarqué des habitudes (j'en avais moi-même, toujours dans le même wagon, pour pouvoir éventuellement rencontrer mes parents s'ils prenaient ce train là) : notamment deux hommes (un jeune comme moi à l'époque et un vieux comme moi maintenant) qui jouaient aux échecs pendant le trajet du retour, avant de quitter le train à deux arrêts différents. J'avais trouvé ça très sympathique.
15 De Franck -
Otir, je comprends ta frustation, je l'expérimente de temps en temps au gré du bon vouloir de mon FAI !
Dans ces moments là je note sur un petit carnet que j'ai toujours avec moi et qui ne tombe jamais en panne.
16 De Franck -
La belle bleue, c'est vrai que l'idée est séduisante, que deux personnes puissent se donner un rendez-vous ludique dans le train. On ne voit pas ça tout les jours !
17 De Otir -
Franck : je suis bien d'accord, le petit carnet, c'est la bouée de secours, mais il faudra que je raconte un jour aussi pourquoi ou comment il est tombé en panne un jour celui-là ! (si, si... :-) )
18 De Franck -
Ah bon, ça tombe aussi en panne ces petites choses ? Pfff, on peut plus se fier à rien alors !
Racontes, j'aime bien te lire.
19 De Jim -
Personnellement, entre la voiture le matin a Paris ou le metro le matin a Paris, le stress me parait equivalent.
Moi qui descend a Porte d'Italie je regarde meme goguenard ces automobilistes frustres de leur automobile immobile.
Pendant mes deux heures de trajets quotidiens, je lis. Je lis tous les matins, livres ou presse. Je suis dans ma bulle: le cerveau droit a la lecture, le cerveau gauche inconsciemment attentif a l'heure d'arrivee.
Mine de rien, deux heures de lecture par jour, ce n'est pas rien. Et j'en ai appris des choses sur ces deux heures. Deux heures par jour, cinq jours ouvrables par semaine, 240 jours ouvrables par an, cela fait 480 heures de lecture. Soit, 20 jours de lecture complets sur une annee...
Une chance que n'a pas l'automobiliste.