La panne

Ce matin, en arrivant sur le quai, voilà ce qu'on pouvait lire sur les écrans :

Écrans d'information sur le quai

Villepreux, février 2007 (clic pour zoomer).

Je reprends ici pour plus de clarté :

En raison de la panne d'un train en gare de Paris Montparnasse et la présence de personnes sur les voies, la circulation est totalement interrompue.

Je me retrouve donc à attendre, en lisant un livre, un hypothétique train qui m'emmènerait vers mon travail. Régulièrement, l'employé de la gare ne manquera pas de nous tenir informé de la suite des évènements et nous apprendrons successivement que les personnes ont été mises en sécurité — là j'ai tout de suite imaginé l'escadron de CRS en train de tirer les gens couchés sur la voie, mais je m'égare — puis qu'une motrice avait été dépêchée, mais pas trop vite, vers le train en panne. Finalement un train est arrivé une demi-heure plus tard alors que j'entamais la deuxième moitié de mon bouquin commencé la veille au soir.

Le train était bien entendu bondé mais pas suffisamment pour qu'il ne resta pas quelques places disponibles ici et là sur les deux étages de cette voiture. Je monte les escaliers et vise une place libre un peu plus loin. Je m'installe et ressort mon ouvrage pour reprendre ma lecture. Quelques stations plus loin, à Versailles pour être précis, nous entendons décodons ce que les haut-parleurs nous braillent dans nos pauvres oreilles à savoir que le train desservira toutes les gares jusqu'à Paris. Chouette ! Je ne vais avoir à attendre de correspondance et vais pouvoir continuer tranquillement à lire mon roman. Visiblement nous étions quelques personnes à nous demander si nous aurions de la chance et des soupirs et quelques remarques de satisfaction n'ont pas manqué d'éclater à divers endroits.

Seulement voilà, mon voisin d'en face n'était pas du tout satisfait de notre futur immédiat de voyageur. Habillé en costume cravate, le veston soigneusement plié et occupant un siège à lui tout seul, nonobstant le peu de places disponibles dans le wagon, le journal chiffonné et jeté sur le siège voisin, il poussait des soupirs d'exaspération bruyants en regardant frénétiquement sa montre. Visiblement monsieur avait un rendez-vous urgent ! Plutôt grand, le cheveu rare, une barbichette façon cardinal de Richelieu, la surcharge pondérale de celui qui déjeune régulièrement au restaurant, on sentait qu'il usait de ce moyen de transport que contraint et forcé malgré sa condition de cadre très supérieur. Vous savez, celui qui accuserait le pauvre chauffeur de taxi dans les embouteillages de lui faire perdre l'affaire du siècle à cause d'un rendez-vous manqué !

C'était sans compter sur l'art et le savoir-faire de notre hôte ferré qui, dans l'idée de satisfaire le plus grand nombre, avait transformé ce rapide direct en un tortillard omnibus. Et de gare en gare, d'arrêt en arrêt, je le voyais qui se trémoussait sur son siège, qui regardait dehors comme si il pouvait pousser ceux qui montaient et descendaient des trains pour faire accélérer le mouvement. Je le sentais se tendre dès que le train frémissait, comme pour lui apporter encore plus d'énergie et de vitesse dans sa phase d'accélération et il trépignait dès que celui-ci faisait mine de perdre le moindre kilomètre-heure dans une courbe ! Il serait descendu pour pousser s'il avait pu, j'en suis persuadé.

Et pendant ces quelques minutes, j'ai eu beaucoup de mal pour ne pas éclater de rire, et c'est avec un sourire au coin des lèvres que j'ai pris quelques notes pour écrire le billet que vous êtes en train de lire. Puis, une fois ma destination atteinte, je me suis levé et je l'ai laissé à ses promesses de malédictions envers tous les employés de la SNCF et de leurs descendants jusqu'à la vingtième génération pour le moins. Enfin c'est ce que je me suis dit qu'il devait penser à ce moment-là de son périple !

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