Depuis que je prends le train et le bus, j'ai remarqué deux choses. La première est que les contrôles des titres de transports — j'ai toujours aimé cette façon de dire contrôle des billets — se font en groupe — ils ne sont jamais moins de trois ou quatre — et la deuxième concerne le matériel dont ils sont dotés.
Vous n'êtes pas sans savoir[1] que depuis plusieurs mois, le STIF (autorité organisatrice des transports publics de Paris et de sa région) promeut sa toute nouvelle carte Navigo censée remplacer nos cartes orange munies de leur coupons. Ordoncques nos braves contrôleurs, lors de leur tournée, passent de voiture en voiture en se répartissant les contrôles. Un ou deux à chaque extrémité pour se donner rendez-vous au centre ou de l'autre côté s'il s'agit de train à deux étages.
Encore ce matin, ils étaient quatre, un en haut et deux en bas, parcourant la voiture et demandant au passage les billets ou les cartes (Orange ou Navigo). Mon contrôleur s'est avancé vers moi, je lui ai tendu ma carte Navigo, il l'a prise, l'a tournée, l'a regardée un moment puis me la rendue en me remerciant. Je me demande encore comment il a pu s'assurer de la validité de mon titre de transport ? Comme ça, rien qu'avec les yeux ! Ils sont bioniques les contrôleurs ?
Tout ça pour dire que les moyens de contrôle ne suivent pas la campagne marketing effectuée à grand renfort d'affiches et de panneaux lumineux dans toutes les gares, et à la place de ce contrôleur, je l'aurai un peu mauvaise d'être ainsi réduit à faire semblant de faire mon métier, d'avoir l'air ou de passer pour un idiot car je ne dois pas être le seul à m'être fait ce genre de remarques !
Doter d'un seul appareil susceptible de vérifier la validité des cartes Navigo pour chaque groupe de 3 ou 4 contrôleurs est un peu juste, ou alors leur procédure de contrôle est à revoir. Je comprends qu'ils soient aussi nombreux pour faire les contrôles, certaines banlieues sont certainement un peu chaudes, je comprends également qu'ils souhaitent empêcher les fraudeurs de s'esquiver en contrôlant les voitures en partant de chaque extrémité, mais je ne comprends pas pourquoi il ne fournissent alors dans ce cas au moins deux appareils.
Ou alors ils sont réellement bioniques …
Notes
[1] Et si vous ne le saviez pas, et bien maintenant cette lacune est réparée !
1 De Spica -
Ou alors y'a une astuce que tu n'as pas repéré sur la carte... ;-) Mais bon, même sans appareil de contrôle, ça permet déjà de débusquer ceux qui n'ont pas de ticket du tout, ou éventuellement de repérer ceux qui ont l'air inquiet en tendant leur ticket pour vérifier avec l'appareil ensuite. Je crois que dans les contrôles, l'effet dissuasif est aussi important, si ce n'est plus, que la répression.
2 De Franck -
Ou c'est une histoire de gros sous. Tout est passé dans la campagne et dans la nouvelle tenue — pas mal au demeurant — et il n'y a plus rien au budget pour les appareils ?
3 De Vroumette -
Ah ah, j'connais bien le STIF. Dans le cadre de mon boulot, je suis régulièrement amené eà leur écrire. Tu veux que je fasse une lettre de ta part ?
4 De Jean-Michel -
Moi ils ont bien tous un appareil chacun. C'est vrai que c'est dommage qu'il ne soit pas donné la peine de vérifier.
5 De Franck -
Jean-Michel, je peux t'assurer que celui qui m'a contrôlé ce matin n'avait aucun appareil en sa possession !
Vroumette, anonyme la lettre voyons, anonyme !
6 De TaD -
Bonjour,
Ancien francilien, je suis donc ignorant de la chose. Cependant, j'ai lu un papier d'Alain Rémond dans Marianne (n°529) au sujet de la carte Navigo. Le journaliste fustige un tel dispositif de traçage.
En effet, la technologie RFID fournie par les sociétés ASK et Axalta permet à bon escient de lutter contre la fraude, mais aussi de conserver et d'utiliser les informations personnels de l'utilisateur sans qu'il en ait donné son autorisation puisqu'il accepte de facto le principe (Minority Report).
Je vous accorde volontiers le caractère quelque peu réac de l'article, Mr Rémond affirme qu'"on ne pourra même plus faire comme les oiseaux, qui se cachent pour mourir : on ne pourra plus se cacher nulle part". Par contre, connaissant très bien pour des raisons purement professionnelles ASK et le RFID, je peux comprendre l'inquiétude et le désir de résistance face aux dérives liberticides.
Apparemment, la technologie est prête pas la SNCF.
TaD.
7 De Franck -
Bonjour TaD,
Effectivement on peut suivre à la trace une personne se déplaçant avec une carte Navigo, mais aussi avec une carte bleue ou un téléphone portable, …
À méditer …
8 De TaD -
Exact!
le RFID est un technologie de plus dont les caractéristiques favorisent grandement le traçage. La triangularisation GSM est complexe, donc couteuse, réservée aux services de renseignement. Alors que le RFID par sa simplicité sera ouvert à un grand nombre d'application de type fichage, publicité, etc. Sans contrôle, cette technologie me parait être très dangereuse et liberticide.
D'ailleurs, les anglais, pourtant champion du monde de la caméra de surveillance (une pour 14 habitants), commencent à se poser de sérieuses questions quant aux nouvelles dispositions concernant le péage urbain (déjà précurseur), la première génération de péage était une grande réussite (le critère économico-écologique est exceptionnel). Le futur système permettra une facturation de l'usager au kilomètre, il ne paiera pas plus, ni moins. Contrepartie : il sera tracé avec une précision à en faire pâlir n'importe quel GPS.
Mes méditations sont difficiles en ce moment ! ;-) TaD.
9 De Lars -
Le coût des contrôleurs et des dispositifs RFID, des tourniquets, des appareils de vente de billets est supérieur aux recettes que produisent la vente des billets.
La non gratuité des transport est un choix politique.
Concernant la RFID, je vous rappelle que suite à la sortie des passeports RFID en Angleterre, internaute amateur de technologie a démontré qu'il était possible et simple de lire les informations contenues dans le passeport sans avoir à ouvrir l'enveloppe qui le contient.
10 De Lars -
Lire le livre RFIDiot pour en savoir plus.
11 De Franck -
Lars tu dis que, je cite,
.C'est la publicité et les collectivités locales qui comblent le déficit ?