Silences

Je ne peux travailler qu'en silence. Je ne peux me concentrer que si le bruit ambiant est en deçà d'un niveau sonore plutôt faible. Je ne peux écrire que si je peux m'entendre penser. Je ne peux lire vraiment que si je me trouve dans un endroit reposant, à l'abri des agressions sonores. Quel que soit l'objet de l'écriture, de la lecture ou du travail en cours, que ce soit une histoire à écrire, un logiciel à développer, un compte-rendu à étudier, il me faut du silence. Je tolère un bruit de fond pour autant qu'il ne vienne pas submerger mes pensées.

Souvent je lis ici ou là qu'untel préfère mettre du rock pendant qu'il code. Un autre préférera de la musique classique ou du R'n'B, parfois même avec un casque sur les oreilles pendant qu'il lit le journal ou un roman — j'en vois beaucoup dans les transports en commun avec de la musique dans les oreilles pendant qu'ils lisent. Je n'y arrive pas. J'ai essayé car j'aime la musique, mais pas moyen. La musique, si elle est présente, m'occupe tout mon cerveau. Je l'écoute, je ne fais rien d'autre.

Du coup, j'écoute très peu de musique, je n'achète que très peu de CD — j'ai du en acquérir un seul depuis 2 ans — et je ne télécharge jamais quoi que ce soit. Ma bibliothèque numérique sur mon ordinateur est quasiment vide. Et c'est comme ça depuis très longtemps. Depuis que je travaille. Depuis plus de vingt ans.

Alors bien sûr ma culture musicale est très limitée et particulièrement ancienne. On a beaucoup parlé ces temps derniers du dernier disque de Radiohead distribué en dehors des circuits habituels. Poussé par la curiosité je suis allé voir leur site et puis je suis passé à autre chose. À quoi bon acheter et télécharger si c'est pour l'oublier au fond de l'ordinateur ? Et puis pour écouter de la musique il me faut du silence. Paradoxal non ? Et bien non ! Je ne vais pas allumer la chaîne stéréo si la télé est allumée, je ne vais pas écouter un CD si à l'étage en dessous c'est perceuse et marteau-piqueur. Je veux du silence pour le remplir avec ce que j'ai choisi.

Quand je parle de silence, je ne parle pas du silence absolu. Non, je parle des silences, celui d'une après-midi à l'ombre d'un arbre l'été, celui d'un bureau confortable et bien isolé, celui de la bulle qu'on se construit avec l'habitude dans les transports en commun — parfois malgré l'insistante volonté de quelques jeunes à vouloir nous faire apprécier leurs goûts musicaux, et il y en a parfois de bons. Il y a toujours du bruit, au fond, au loin. Et puis il y a la musique que j'ai dans la tête, celle des mots, celle des idées, celle qui parfois accompagne les images. Cette musique, ma musique, je ne l'entend que si il y a du silence.

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