Très chère Espérance,
Je trouve enfin le temps et quelques sérénités pour vous répondre, mais les temps sont difficiles pour moi en ce moment.
Pendant toute la semaine j'attends dans le calme relatif de mon bureau d'être en week-end pour m'occuper de ce qui me plaît en ce moment — un peu d'écriture, un peu de science et de technologie, un peu de photo et de peinture, et puis de parler avec vous et avec les autres.
Le week-end j'attends dans le bruit bien présent d'être enfin au calme, et je tente de réfléchir à ce que je ferai quand j'y serai. J'essaye d'écrire, mais quelques phrases ont vite raison de ma concentration. Les distractions sont trop fortes, trop envahissantes. Et pourtant les projets attendent, les idées sont mûres, les canevas sont tracés.
J'attends le jour d'être le soir, très tard, où j'aurai enfin la tranquillité espérée pour me lancer dans mes occupations favorites.
Le soir, très tard, le moment venu, je suis trop fatigué, plus assez motivé pour affronter la lassitude qui me gagne. Alors je flâne, je lis, au ralenti et j'attends d'être fourbu pour me coucher, tard dans la nuit. Parfois j'arrive à me convaincre de faire quelques gammes, mais l'énergie manque une fois que la volonté a cédé.
Mes passions se sont épuisées à force d'attendre, le plaisir de l'attente s'est épuisé à force de patiences.
Mes envies se sont évanouies en attendant, ma vie file en m'oubliant. J'ai perdu quelques espoirs que je croyais définitifs, j'ai perdu d'autres horizons qui me semblaient pleins de promesses.
Je suis un éternel optimiste, malheureusement, alors je refais des projets, je reconstruis d'autres rêves. Comme Sisyphe je me lève tous les jours avec une nouvelle volonté, et je me couche tous les soirs avec le regret d'une journée d'attente, d'une journée perdue.
Mais nous sommes lundi, le travail m'attend, alors il faut que j'aille attendre en attendant …
Votre dévoué et fidèle serviteur.
1 De mirovinben -
Ben ça alors, comment tu m'as deviné ? Sauf pour le bruit le week-end et le fait que je suis plutôt du matin et fourbu dès 21h30, c'est tout moi ça !
2 De Agaagla -
un beau billet sur ce que l'on ne fait jamais... (c'est où qu'il faut signer ?)
3 De O-plus -
Voilà un très beau texte qui me parle bien. Bravo, Franck.
4 De gilda -
Toi mon gars, si tu continues comme ça tu finiras mi-temps comme moi ... (quel triste monde où les activités les plus saines ne sont pas ou peu ou pour si peu rémunérées, au sens où elles permettraient de gagner sa vie afin de pouvoir s'y consacrer)
5 De catherine -
Je ne trouvais pas les mots pour dire ce que je ressentais en cette période . Merci Franck, tout est dit !
6 De samantdi -
Même s'il ne reste que quelques instants volés pour écrire, écris Franck, écris car tes mots nous parlent. L'attente change de camp et le lecteur attend le billet qui viendra, demain, peut-être, si tu as le temps...