Voilà ce que j'entends très régulièrement : Il est encore sur l'ordinateur, il passe tout son temps sur l'ordinateur !
J'y passe du temps. Beaucoup de temps, pas vous ?
Mais j'y fais quoi, vraiment ?
J'écris des histoires, je devrais peut-être utiliser un papier et un crayon, mais le papier c'est encombrant, le crayon a toujours besoin d'être taillé. Un dictaphone devrais-je peut-être utiliser ? Encore un appareil de plus et puis pour m'entendre dire : Il est encore avec son dictaphone …
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Je retouche des photos, mais je devrais peut-être utiliser un appareil photo argentique, avec de la pellicule 24x36, et perdre ainsi la possibilité que j'enviais au développeur de recadrer, voire retoucher légèrement l'exposition. Et puis fatalement on en fait moins, ça revient trop cher sinon. J'ai fait un millier de photos cet été, vous imaginez le coût de développement ? Moi je ne préfère pas calculer.
Je travaille pour une association, en m'occupant du futur site internet, entre autre choses, je devrais peut-être le dicter à la secrétaire ? Ça serait sûrement plus facile mais me coûterait une fortune en téléphone.
Je développe des outils avec une bande de copains, là il faudrait peut-être que … que je ne sais pas, arrêter pourquoi pas. J'aide d'autres personnes qui publient elles aussi des textes, des photos, leurs créations sur internet, j'aide et j'explique. J'aime bien enseigner et expliquer. Je devrais peut-être … changer de métier ?
Je lis les journaux, je regarde des photos, on me raconte des histoires d'endroits que je ne connais pas, de temps qui me fascinent, je m'informe au gré de mes envies ou de mes besoins, tout est disponible, tout est là. Je devrais peut-être regarder la télé, écouter la radio, et subir leurs programmes, leurs choix ?
Je parle avec des gens, de tout, de rien, des humeurs du moment, des heurs et malheurs de la vie, si si, même pas d'informatique. Parfois même on se rencontre pour de vrai, on se parle pour de vrai, on se construit des souvenirs pour de vrai.
Tout ça sur l'ordinateur.
Je l'enlève ? Je l'arrête ? Je m'en sépare ? Il est le point commun d'une bonne partie de mes loisirs, c'est un outil, mais il n'est pas perçu comme tel. Pourquoi ?
Seulement voilà, j'ai envie d'écrire, j'ai envie de retoucher des photos, j'ai envie de poursuivre mon engagement associatif avec les compétences que je peux leur apporter, j'ai envie de continuer l'aventure avec les copains, j'ai envie de m'informer au fil de l'eau sans subir une grille de lecture, j'ai envie de garder le contact avec tous le jour, la nuit, le week-end, quand j'ai besoin, quand vous en avez besoin et même, tiens, quand personne n'en a besoin, juste pour le plaisir.
Est-ce une addiction ?
1 De Otir -
Oula... est-ce vraiment une question qui nous est posée là ?
2 De Saperli -
non pas du tout ! Le jeu est une addiction mais pas tous les travaux que tu sites .....Je suis moi aussi bien souvent devant cette fenêtre qui m'ouvre sur le monde !!!
3 De Jean-Michel -
Franck, j'ose pas imaginer qui a dû dire cette phrase. Mais c'est vrai qu'avec l'internet haut débit c'est beaucoup plus facile de rester sur son ordinateur.
J'essaye de me raisonner sur le temps passé mais c'est vrai que ce n'est pas franchement évident de se fixer une limite de temps mais néanmoins c'est indispensable.
4 De mirovinben -
Cette phrase, je l'ai entendu souvent ces 25 dernières années... surtout en phase de programmation (Pascal Objet). Beaucoup de concentration, d'agacement (hélas) quand j'étais dérangé.
Puis mes enfants ont attrapé le virus. Mme Mirovinben a dû faire avec. Et les choses se sont calées progressivement. Plus de puissance sous le capot, moins de programmation, plus de multimédia (photo essentiellement). Le temps dédié à l'informatique s'est décalé vers "tôt le matin" voir, exceptionnellement "tard le soir".
Mon apprentissage (en autodidacte) m'a ouvert de nouvelles perspectives professionnelles. Du coup, le temps passé avec mon/mes clavier(s) a changé de nature et de lieu.
Et est arrivé l'internet haut-débit. Ainsi l'ordinateur est devenu aussi et surtout un outil de communication avec la famille géographiquement éloignée et les cyber-relations.
A présent, en pré-retraite et célibataire la semaine, je l'utilise essentiellement pour son accès à l'internet et surtout, surtout, surtout, la photo numérique...
Et l'activité de webmestre me/nous permet de cumuler un certain nombre de compétences techniques et artistiques acquises depuis toutes ces années sur un même... heu... machin.
5 De gilda -
C'est terrible, je te vois tomber dans chacune des étapes qui m'ont saisies il y a quatre ans (sauf pour la part développer des outils avec une bande de copains, parce que chez moi l'écriture a précédé et ne me laisse plus de place pour rien, compte tenu que mon gagne pain même à temps comprimé me pompe énormément). J'espère que tu t'en sortiras mieux que moi. J'espère que tu n'iras pas, comme je l'ai fait (1), jusqu'à te mettre en danger.
Sinon la réponse est dans ton billet : l'ordinateur est l'outil et non la fin en soi. Bizarrement les gens qui disent qu'on y est toujours passent généralement au moins autant de temps vautrés devant leur télé (et sans se poser la moindre question de si c'est ou non addictif).
Pour ma part je sais parfaitement où sont mes addictions : 1/ lire (sur papier ou sur ordi) 2/ écrire (sur ordi parce que ça va plus vite, sur feuille quand ça n'est pas possible ou dans certains cas précis - lettres essentiellement et pas du tout d'ordre administratif -) 3/ communiquer avec des personnes physiquement pas tout près (là, vraiment sur ordinateur, parce que je n'aime pas le téléphone que je trouve fatigant pour moi pour entendre (parce qu'il faut être dans un environnement non bruyant, entre autre) et invasif (pour l'autre, que je dérange peut-être en appelant)
et, mais de façon plus atténuée : 4/ la photo (pareil, je m'autorise encore parfois le plaisir argentique, l'ordinateur est l'intermédiaire aux modes modernes et aussi au partage qui avant était si compliqué (je fais retirer les photos, je les envoie par la poste))
Alors oui, je peux moi aussi donner toutes apparences d'une addiction à l'ordinateur, mais en fait non.
Etrangement, quand je suis à l'usine, alors que je m'éloignerai bien volontier de cette machine muette sur laquelle je suis tenue de m'échiner, personne ne m'en reproche jamais l'usage long et lourd.
(1) en même temps les circonstances n'ont pas aidé, vraiment pas.
6 De bénédicte -
Coucou Franck
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ton interrogation-justification et les commentaires qui suivent (Hi ! Gilda !)...
Bah oui c'est une addiction, et alors ? C'est péché ? Arrêtez de vous justifier boudjiou ! Tout le monde décline sa bonne raison d'allumer son PC comme une auto-absolution, c'est marrant. Assumez quoi :o)))))
Le nolife qui sommeille en vous a le droit d'exprimer son bien-être, non ? huhu ! :oP
@+++
7 De Janusz -
Si je me souviens bien, une addiction est une sorte de passion dont on ne pourrait pas se passer qui est à la fois chronophage et qui aurait tendance à nous couper de la réalité. Dans ce que tu dis, je n'y vois aucune dépendance mais plutôt l'utilisation d'un outils devenu universel.
Y passer du temps, d'accord. Mais est-ce qu'à coté tu bouges, tu rencontres des amis, tu arrives à maintenir une certaine homogénéité avec ta famille ? Dans ton cas, en te lisant depuis plusieurs années, je sais que c'est la cas.
Enfin, est-ce que le problème sous-jacent ne se situe pas au niveau de la bulle que génère des relations avec des personnes que l'on ne rencontre que très rarement IRL (In Real Life). Par exemple, je me suis souvent demandé ce qu'en pense mon entourage - ma femme plus particulièrement - au sujet des contacts ou plus généralement des hobbies que j'ai sur Internet. A près tout elle ne sais pas grand chose de mon coté "Informatique" et ce, même si nous discutons très souvent. Pourrait-on rapprocher ça à une sorte d'intimité personnelle ?
L'informatique nous permet une ouverture sur le monde. Mais au départ, il n'y a que nous.
8 De lipki -
- Addiction
C'est surement le mot le plus gentil que mon entourage a associé à « l'ordi ».
Moi je suis pour mon entourage, amoureux de mon ordinateur, acro à mon ordinateur, dépendant de mon ordinateur, qui est d'ailleurs, c'est un fait établi, mon deuxième cerveaux, si ce n'est pas mon premier.
Il est difficile de faire comprendre a toutes ces personnes que l'ordinateur est un outil, un outil complet, certes, mais seulement un outil.
Il doit être tout aussi difficile de faire comprendre à une personne qui vie de chasse et de pêche depuis des générations, que la télé est passionnante.
Alors, on est en procès avec sa famille, obliger de se justifier, obliger de trouver des excuses pour eux et
mêmesurtout pour nous.