Il y a quelques semaines je suis allé voir le défilé du nouvel an chinois dans le 15ème arrondissement de Paris, d'ailleurs quelques photos prises là-bas sont en cours de publication par ici. Je suis resté environ deux heures et après avoir observé ce qui était possible de l'être j'ai décidé de rentrer à la maison. J'avais décidé de garer ma voiture à Saint-Germain en Laye et d'y prendre le RER puis le métro pour venir et c'est donc à pied que je suis retourné à la station de métro la plus proche de l'endroit où je me trouvais.
Au cours du trajet — quasiment arrivé en vue de la bouche de métro — je croise une famille. Le père pilote la poussette dans laquelle gesticule une petite fille. Le grand frère marche un peu à l'avant comme pour échapper à la surveillance ou à la zone d'influence des adultes restés derrière. Il doit avoir environ neuf ou dix ans et paraît plutôt distrait par son environnement. Soudain il s'arrête sans crier gare. Le père, qui ne l'a pas vu, fonce sur lui sans s'en rendre compte. Le temps de réagir, c'est trop tard. La poussette heurte violemment le garçon qui fait un vol plané et atterrit plutôt lourdement sur le trottoir.
Aussitôt le père réagit : « Ce n'est rien ! Il n'a rien ! » pendant qu'un homme qui passait à côté prenait le temps de relever l'enfant qui commençait à pleurer. L'homme, plutôt interloqué, s'est accroupi et a demandé au garçon s'il n'avait pas trop mal et visiblement rassuré s'est relevé et est reparti. Ni le père, ni la mère — qui n'avait pas à un seul instant cessé de discuter avec un autre membre de la famille, sœur ou cousine probablement vu la ressemblance — se sont inquiété de l'état du gamin. Ils sont repartis aussitôt alors qu'il séchait ses larmes et se frottait le genou.
C'est à ce moment que je me suis souvenu d'un film vu récemment, 300
, un film sur un épisode de résistance célèbre dont les héros sont trois cents spartiates face à une armée de plusieurs milliers d'hommes. Tout le monde connaît ou a entendu parlé du mode d'éducation alors appliqué à Sparte et qui ne laissait guère de place au handicap ou à la faiblesse. Est-ce que le père souhaitait ce type d'éducation pour son fils, ou craignait-il plutôt d'être pris pour le géniteur d'un pleutre ?
J'ai souvent entendu dire, enfant, qu'un homme ne devait pas pleurer !
, parfois même dans la bouche de mon père, mais jamais personne n'a pu me dire pourquoi ! Pourquoi pleurer pour un homme est-il — peut-être devrais-je écrire était-il au lieu d'est-il — considéré comme un signe de faiblesse ?[1]
Notes
[1] Sauf bien sûr dans le cas de l'épluchage viril d'un oignon ou de l'affrontement d'un blizzard cinglant où les larmes sont réputées être tout à fait indépendantes de la volonté du bonhomme, bien que ce dernier éprouve souvent le besoin d'en justifier à haute voix la présence !
1 De cleanettte -
Mon fils a une sensibilité particulière: plus jeune il fallait systématiquement aller le consoler même si les pleurs étaient dues à des remontrances sous peine que cela dure des heures inutilement. Je ne lui ai jamais dit qu'il ne fallait pas pleurer, récemment alors qu'il a bientôt 8 ans, il s'est mis a pleurer doucement au moment du couché il était tout penaud de pleurer sans trop savoir pourquoi mais après quelques questions il s'est avéré qu'il avait eu une journée assez éprouvante mine de rien. Je suis heureuse de voir qu'il arrive a évacué son trop plein de tension par ce biai qui est finalement bien plus sain que l'agressivité et la violence que l'on retrouve chez beaucoup de garçons et d'hommes.
Dans l'anecdote que tu relates je me demande si cette attitude des parents relève d'une quelconque visée pédagogique comme c'était le cas autrefois. A mon avis, aujourd'hui il s'agit surtout d'un j'en-foutisme que l'on retrouve bien trop souvent: j'ai des gosses mais faut surtout pas qu'ils m'emmerdent de trop et donc je ferme mes oreilles à tous leur petits bobos, leur jérémiades et du coup à tout ce qu'ils pourraient me raconter de leur monde intérieur, de leur petits secrets, de leur préoccupations. Et après on s'étonne que le fossé des générations à l'adolescence ressemble d'avantage à une faille sismique dans certaines familles.
2 De Franck -
C'est vrai que j'ai fait l'impasse sur cette possibilité, le j'en-foutisme que tu évoques avec justesse et il est probable que ce soit la réelle attitude de ce père là.
3 De saperli -
moi, enfant dans une situation pareille et avec ou sans témoin, j'aurais en plus reçu une claque et une engueulade pour m'être arrêtée et avoir géné la progression de la poussette....C'est peut-être ce qui serait arrivé à cet enfant s'il n'y avait eu personne pour le relever.
4 De Franck -
C'est pas faux, j'ai quelques vagues souvenirs qui remontent doucement là … sans trop savoir d'ailleurs si ils me concernent ou pas ! Curieux la mémoire tout de même !
5 De pousse manette -
C'est pas si simple. Quand ma fille était enfant et qu'elle se prenait des gamelles, je lui disais "bien fait, t'as qu'à faire attention", pour ne pas trop la couver, pour qu'elle grandisse et devienne autonome, qu'elle ne devienne pas une adulte qui s'appitoie facilement sur ses petits bobos. Ce qui ne nous empêche pas d'être très proches (trop, parait-il). Mais bon, chaque enfant est unique et tout parent est imparfait...
6 De Franck -
Dans le cas où l'enfant ne fait pas attention cela peut éventuellement servir de leçon, bien qu'à mon sens cela n'empêche pas un peu de compassion ou d'empathie comme tu faisais toi-même avec ta fille, mais ici c'est le père qui a provoqué la chute car il ne contrôlait pas son véhicule. Bon j'exagère un peu mais dans l'idée c'est ça.
7 De pousse manette -
Ah oui, excuse-moi, j'ai zappé la faute du père... Tiens, pour rester dans le sujet tout en parlant d'autre chose, ma fille m'a fait une réflexion interessante, l'autre jour: t'as remarqué que les adultes veulent que les enfants soient polis mais ils donnent rarement l'exemple ?(en gros). Alors j'ai un peu mieux regardé et effectivement, les adultes réclament un respect (politesse, savoir-vivre) qu'ils accordent rarement, surtout envers les enfants.
8 De Franck -
Exactement. Je me rappelle qu'une fois, alors que nous étions dans un camping, nous avons vu passer une vieille et forte dame qui hurlait après ses deux petits-enfants en leur criant dessus :
.Elle était attifée en short kaki façon scout, grosse sandales en cuir et soutien-gorge blanc, on était en plein été et pleine cagnat, mais bon ! Tu vois le tableau ?
9 De pousse manette -
Oh oui, je vois très bien! Ou aussi les repas de famille où on impose aux enfants de dire s'il te plait et merci pour montrer comme ils sont bien élevés aolrs que les adultes ne le font pas lorsqu'ils s'adressent à eux...