C'est la devise de la Hollande, une devise que j'ai longtemps faite mienne en préservant autant que possible ce que j'avais réussi à construire, au fil des années. Chaque pas, chaque conquête était l'occasion de consolider l'ensemble et j'ai vécu comme cela pendant plus d'un quart de siècle, comme je suppose la plupart des gens. J'ai pris des risques au début et puis de moins en moins, par peur de remettre en cause l'édifice. J'ai fait des rêves aussi, que j'ai remisé dans un coin pour probablement les mêmes raisons. Les priorités ont changé au fil du temps, mais toujours avec le soucis de maintenir ce qui constituait l'élément stable de ma vie.
Il m'a fallu longtemps avant de me rendre compte que parfois les fondations ne sont pas toujours solides, qu'il faut parfois savoir les modifier, voire même les reconstruire. Alors bien sûr tout ce qui en dépend vacille, forcément, mais d'autres moyens je n'en connais pas. Alors maintenant je navigue un peu à vue, parfois perdu, parfois submergé par l'ampleur de la tâche. Parfois la lumière d'un phare luit quelque part et je retrouve quelques repères ici ou là et je mesure aujourd'hui la qualité d'être et d'avoir des amis car ils sont là, parfois présents parfois pas. Mais je sais pouvoir m'appuyer sur eux quand il le faudra.
Il me semble aujourd'hui que je passe de l'avoir à l'être. J'accorde beaucoup moins d'importance aux possessions, sauf peut-être celles de l'âme. C'est parfois déroutant ou parfois enivrant et certains ne me suivront pas sur ce chemin, mais je maintiendrai ce cap là, j'en ai besoin !
1 De Gilsoub -
héhéhé, cela s'appelle le début de la sagesse ;-) Je crois que l'on a tous une période dans notre vie où l'on se remet en question. Parfois cela permet de se changer, à aspirer à d'autre chose, et parfois pas. Cela dépend des gens... J'avais 35/36 ans quand je me suis réveillé, mal, un matin et que je me suis dit que je faisais fausse route. Certains on parlé de dépression (et s'en était certainement une!) depuis j'en suis sortis différent, avec une autre philosophie de vie, beaucoup plus basé sur le présent que sur le futur, sur mon bien être que sur le "quand diras t'on". Mais le travail sur soi n'est pas finis, loin de là ;-) Bref il y a des moments dans la vie où l'on change, si l'on le veux bien, et c'est à ce moment là aussi que l'on reconnaît les vrais amis, que certain disparaisse et d'autre apparaisse...
2 De gilda -
Je plussoie sur Gilsoub.
Pour ma part c'est l'écriture qui fut le déclencheur. Me rendre soudain compte que ni mieux ni moins bien que d'autres qui n'étaient pas nés "en bas" (l'expression est d'Annie Ernaux), j'étais capable de coordonner les mots. Bien des bouleversements en ont découlés car si cela ne changeait pas fondamentalement ma façon de considérer les choses (j'ai toujours vécu au jour le jour et fort peu dans la possession ni affective ni matérielle) l'entourage a dû s'adapter ; en particulier j'ai peu ou prou tout laissé de côté des tâches domestiques qu'auparavant j'assumais. Plus le temps. Perdu pas mal d'amis pour qui écrire n'est pas un travail mais plutôt une fantaisie à moins qu'un besoin malséant d'épanchement. Ai fait par ailleurs de formidables rencontres que le changement avait permis (et je ne parle même pas des blogs !!).
Après, il y a eu d'autres complications qui n'avaient rien à voir et du fait du cumul je patauge toujours dans un quotidien "en recherche". En attendant, une fois qu'on a trouvé son chemin si difficile soit-il, je crois qu'on n'a plus le choix, on s'y tient (quels que soient les domaines). Pour la bonne et simple raison qu'aussi passé un certain âge on ne peut plus se leurrer par des auto-promesses de type OK pour l'instant je fais avec tel ou tel truc dont on sent qu'il ne nous va pas (dans mon cas un job devenu sans intérêt et même pénible) en attendant des jours meilleurs. On est bien obligés de se dire que c'est maintenant ou jamais. (aheum, peut-être que là j'aide pas du tout ... :-( )
3 De Franck -
Je ne suis pas certain qu'il soit vraiment question d'âge, peut-être plus une prise de conscience plus aigüe du temps passé et restant, mais c'est très vrai que le leurre n'a qu'un temps !
4 De Gilsoub -
De toute façon chacun réagit à sa manière, et les déclics peuvent êtres nombreux. Moi, le déclic du "renouveau", après 3 ans de vrai "mal-être" (comme Kozlica je n'aime pas le terme de dépression!) fut mes 15 jours de trekking dans le désert Mauritanien. Sans portable, téléphone, radio, aucune nouvelle de ce bas monde. Plus de confort habituelle, les toilette sont derrière la troisième dune à gauche et n'oubliez pas de brûler votre papier! La vaisselle est faite au sable fin (efficacité redoutable!), l'eau est rare!, pas de douche, seul concession à la modernité des lingettes humides pour se débarbouiller un tant soi peu, 20 Km de marche par jour dans des paysages féeriques, la méditation seul en haut de sa dune en train de regarder le coucher de soleil! Et un retour difficile à la modernité, j'avais attrapé le virus des grand espace ;-) Ce fut mon premier déclic du retour à une autre vie, une autre façon de penser, d'agir. S'ensuivit la découverte de la sophrologie, des blogues (ben oui...) ect ;-) et surtout de ce sentiment d'être plus en accord avec soi-même et finalement c'est le plus important, me semble t'il...
5 De Franck -
Reste que cela se fait souvent au détriment d'autres, parfois proches, donc ces décisions sont extrêmement difficiles à prendre, à tel point que je les repousse déjà depuis plusieurs années.
En aparté, Gilsoub, je comprends mieux le choix de ton avatar ;-)
6 De Pierre Kubick -
Toute rencontre est le début d'un adieu.
Cheminer la vie en commun fait partie du rêve pour beaucoup. Mais le chemin réserve des aléas.
Et quand l'aléas s'incarne dans un enfant, le couple souvent s'ignore pour s'investir comme parents, parce que c'est nécessaire, parce que c'est moralement obligatoire.
Et la souffrance morale est telle qu'au fil du temps, les yeux se remplissent de silences, de non-dits parce que, toujours, on est irrémédiablement seul que ce soit pour souffrir ou pour aimer.
Comme l'écrit Rilke, « l'amour c'est deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant et s'inclinant l'une devant l'autre ».
Mais pour donner un meilleur à ce petit (dans mon cas une petite) qu'on aime par dessus tout, « qu'on aime infiniment », on met des parenthèses, on se place des visières qui limitent le champ à celui-ci quelles que soient par ailleurs les fondations qui inexorablement s'enfoncent dans les sables mouvants de nos (res)sentiments.
Le problème s'accentue quand on veut faire un choix entre nos aspirations et notre réalité, car choisir c'est exclure et s'exclure de ces moments savourés qui a eux-seul justifient que l'on reste malgré tout sur un chemin incertain, aléatoire.
Il y a 25 ans je faisais une rencontre.
7 De Franck -
, je me demande s'il faut s'en effrayer ou pas ? Est-ce inéluctable à ce point qu'il ne faille vouloir s'engager à jamais ? Je croyais il y a longtemps en ce genre de serment, mon idée à ce sujet serait aujourd'hui beaucoup plus nuancée.
Ceci dit il se peut qu'une rencontre en devienne une autre puis encore une autre au fur et à mesure du temps, lorsque par exemple, l'amour cède peu à peu la place à une sorte de tendresse bienveillante. J'ai perdu tout de même les belles certitudes de mes vingts ans.
Il y a 25 ans je faisais moi aussi une rencontre.
8 De samantdi -
"Je maintiendrai", le futur de l'indicatif inscrit le mode de l'action dans la réalité. C'est une belle devise.
9 De Gilsoub -
->Y'a t'il des décisions facile à prendre? Surtout quand elle concerne sa vie et celle de ses proches... Ah oui mon avatar, c'est vrai que j'avais pas fait gaffe ;-)
10 De Pierre Kubick -
« Ceci dit il se peut qu'une rencontre en devienne une autre puis encore une autre au fur et à mesure du temps (...) »
Je pense aussi qu'il est inéluctable (parce qu'on évolue sans cesse) qu'une rencontre amoureuse évolue parsemée de deuils (« d'adieux ») et effectivement dans ce cas, quand on parvient à éviter l'amertume qui peut naitre au fil de ces deuils, on peut alors accéder à un état de tendresse bienveillante, s'inscrire en partie dans un triptyque existentiel : vivre en harmonie avec soi-même, avec les autres, et son environnement.
Mais souvent un des deux s'est aigri, nulle bienveillante, nulle tendresse non plus d'ailleurs
"Tendresse bienveillante" : cela sonne bien, cela sonne chaud, cela sonne comme une mer étale.
Ah, je crois que je devrais certainement adorer
11 De Franck -
samantdi, oui, c'est une belle devise qui montre l'opiniâtreté de celui qui est prêt à préserver, à protéger, à perpétuer. C'était la devise du Prince d'Orange qui l'a d'ailleurs complétée ensuite en .