J'ai l'intuition qu'on ne change pas sa nature profonde, ce qui constitue l'essence de soi, mais que par contre la partie ou les parties qu'on en dévoile varient au fil du temps. Partant de ce constat il devient illusoire de se forcer à vouloir changer, même si l'on est persuadé d'y arriver, pour s'adapter à une demande ou une attente différente, différente parce que ces variations ne sont pas isolées. On peut modifier sa façon d'appréhender quelqu'un à condition que cela n'implique pas un reniement de soi.
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1 De peano -
On ne change pas sa nature profonde....
Oui, par certains aspects , à 58 ans je ne me sens pas très différent de qui j'étais à quatorze ans...
Toutefois les rencontres des uns et des autres m'ont amené à relativiser..
Vouloir changer , pourquoi ?
Nos richesses ce sont nos différences...
Il faut savoir fleurir là où Dieu nous a plantés ( sans aucun prosélytisme de ma part mais c'est ma conviction )
En bibliothèque universitaire en 1968 j'avais trouvé une table de logarithmes ( ouvrage totalement digne des musées de nos jours ) qui en exergue citait une phrase de Saint Paul : " Que chacun mette au service des autres les dons qu'il a reçus ".
Dans nos échanges, croyants ou incroyants, nous réfléchissons sur ce qui fait l'essentiel de nos vies.
L'idéal, c'est de pouvoir vivre à l'unisson de nos différences...
Ceci est ma conviction . Facile de le dire, pas toujours évident de le vivre. Simple témoignage ave la simple volonté de partager mais non de convaincre.
Amitiés aux uns et aux autres.
2 De cleanettte -
;-) c'est tout a fait ça. J'ai parfois l'impression d'être multiple, les histoires de dédoublement de la personalité me parlent beaucoup car j'ai parfois l'impression de donner à certains une image très limitée de ce que je suis ( de peur de choquer, de leur donner une image de moi qu'ils ne comprendraient pas et de me faire cataloguer) et bien peu connaissent finalement toutes mes facettes.
3 De gilda -
Très d'accord avec toi en plus que j'ai remarqué au fil du temps que les personnes qui voulaient qu'on change, bizarrement, ne le souhaitaient jamais dans un sens pour nous agréable. Personne ne m'a par exemple jamais demandé de consacrer moins de temps aux tâches ménagères, personne n'a jamais voulu faire de moi quelqu'un de moins bosseur, et peu ont tenté de m'inciter à modifier ma tendance naturelle à une relative frugalité en matière de sexualité ou de consumérisme (n'y voir aucun lien, fors un manque d'appétence chronique et des moyens vitalitaires ou financiers limités). C'est quand même curieux, non ?
Cela dit, j'ai ces derniers temps peur d'avoir changé en profondeur et d'être devenue quelqu'un de triste, même quand rien ne va trop mal. Ce que je n'étais pas. Peut-être que certains événements ont la faculté de nous changer.
4 De mirovinben -
Je partage l'avis de peano (ici et ailleurs)... (Sans doute l'effet de l'âge : bientôt 57 ans) Et ajoute mon grain de sel :
On ne peut pas demander à un roseau de devenir un chêne, ni l'inverse... Par contre, à l'aide de tuteurs, d'un arrosage ciblé ou d'une taille adéquate, on peut faire en sorte que la plante s'épanouisse, donne des fruits et ne soit pas étouffée par son environnement immédiat. Maintenant... qui est ce "on" ? Qui est le jardinier ? Soi-même, l'Autre, Eux ? Et jusqu'où peut-il aller ?
Pour rester dans les analogies jardinières : une carotte reste une carotte. Mais elle poussera bien droite si la terre est fine, tordue si la terre est caillouteuse. Meilleur goût ? Meilleure Apparence ?
Beaucoup de questions et peu de réponses. Je sens que je n'ai pas fait avancer le schmilblic... Désolé.
5 De Pierre Kubick -
De mon expérience professionnelle et à mon âge (57 ans), j'ai bien dû constater qu'il est effectivement des personnalités qu'il est impossible de changer, personnalités pathologiques dont celle des pervers par exemple.
Nous sommes le produit de notre environnement (parents, école, milieu culturel, professionnel) et notre personnalité actuelle repose sur un schéma corporel et un schéma mental (pour faire court).
On voit bien que la perception de notre schéma corporel peut évoluer au fil de nos rencontres (le regard de l'autre) et de notre avancement en âge. Mais aussi qu'il est possible de le modifier, par exemple après une maladie ou un accident. On se reconstruit différemment pour vivre autrement.
Il en va de même pour notre schéma mental. Soit on s'inscrit dans un destin qui nous échappe parce qu'il est le résultat d'une divinité, soit on s'inscrit dans la conception qu'étant le produit de notre environnement, on peut modifier celui-ci ou les résultats de celui-ci.
Un exemple médical : celui d'une personne alcoolique qui décide de traiter son alcoolisme et de se donner les moyens physiques et psychologiques de ne plus boire.
On fonctionne par projets (personnels, professionnels) que nous choisissons, on peut aussi fonctionner pour rencontrer les projets que d'autres ont faits pour nous. Mais on peut modifier nos projets, pour nous (être plus « vrai », être mieux dans sa peau) ou pour rencontrer ceux des autres Comme l'écrit R.M. Rilke, « deux solitudes qui s'inclinent l'une devant l'autre ».
Rien n'empêche donc de modifier son « projet de vie » pour autant que cette modification fasse sens pour nous.
Partir du principe qu'un projet va nous obliger à nous renier nous-même, c'est considérer qu'on est « terminé », que ce que nous percevons de nous-même est la « vérité ».
Or nous construisons notre réalité en permanence avec les filtres inclus dans notre schéma mental et en se « confrontant » aux autres, rien n'empêche donc de modifier nos filtres et de « rester nous-même » en modifiant nos projets.