Langue

La langue est un outil formidable. Plus je l’utilise plus je constate les capacités et les trésors qu’elle peut recéler. On ne l’imagine pas lorsqu’on la découvre et ce n’est qu’au bout de longues leçons d’apprentissage et d’exercices que petit à petit nous finissons par en maîtriser les secrets. Enfant déjà, le goût nous amène à faire des découvertes lorsque doucement on essaye telle ou telle façon de l’utiliser. On peut l’accommoder à toutes les sauces, elle peut prendre tous les goûts, être épicée comme un argot de coin mal famé, être brutale ou au contraire douce comme un rayon de soleil de printemps, poétique comme le discours d’un amoureux ou colérique comme une brute avinée. Chaque pays a sa manière de l’utiliser, chaque région y ajoute son accent, comme des épices qui viennent parfumer ou envouter les sens. Souvent elle est imagée, souvent on y lit le pays d’où elle est née, portée sans même qu’elle y fasse attention par la personne qui l’utilise.

Il m’arrive, de temps en temps, de la tourner, de m’en servir comme un moyen de découvrir des domaines inexplorés. Alors j’invente au fur et à mesure des combinaisons et bien souvent je me rends compte qu’elles sont cependant comprises. Mon épisodique dyslexie m’offre parfois des détours intéressants, c’est même parfois surprenant. Elle peut être rapide ou douce, frénétique ou lente, langoureuse, plate ou au contraire pointue, affutée comme une lance. Elle touche, parfois émeut, provoque fréquemment des sensations nouvelles à ceux et celles qui en profitent, tout entiers tendus vers les expérimentations à venir. Parfois, souvent même si l’on est un esthète, cela peut mener à l’extase, pour celui qui la pratique et parfois même encore plus pour celui qui la reçoit. La langue a ceci de particulier que chacun en est doté. Chacun peut la tester, s’en amuser, en jouir de différentes manières. Cela peut être un dialogue ou un monologue, parfois guidé par ce qu’en ressent celui qui la goûte. Elle est ambivalente, elle est chargée de symboles et de mystères.

Cette langue qu’on sent parfois sur le bord les lèvres, comme un chuchotement, comme une caresse. C’est un poème ou une complainte, une chanson ou un roman. Souvent elle finit par trouver le bouton qui déclenche en nous l’émotion. Le rythme a de l’importance, les pauses et les silences tout autant. C’est parfois une musique corporelle car il n’est pas rare de l’accompagner avec le reste de notre corps. Les mains, les bras, la manière de se tenir, de réagir, en disent probablement tout aussi long. Songez aux langues étrangères qui sont venues vous chatouiller, vous effleurer, comme un parfum nouveau qui viendrait nous enrichir, assurément. Parfois même elle nous donne envie d’en apprendre d’autres, et encore plus de les mélanger pour inventer de nouvelles façon de les utiliser.

Quel creuset merveilleux où la langue est la première à venir goûter !

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