Ondes

Et si, je me disais l’autre jour après avoir entendu une programmation musicale appropriée, et si la femme des “yeux revolver” (Marc Lavoine) et la “femme libérée” (Cookie Dinger) était une seule et même personne. Je me rends compte que nous avions négligé cette piste lors de notre dernière réunion. Jaurine avait exposé le fruit de ses fouilles récentes et malgré son enthousiasme il n’avait pu obtenir une autorisation pour une nouvelle exploration. Dommage. Ceci dit c’était compréhensible, nous n’allions pas pouvoir rester indéfiniment dans la région et d’autres zones de recherche devaient être parcourues avant le prochain plan.

J’ai pris quelques notes et j’ai refermé l’écran. Pas de quoi en faire un rapport au superviseur, la Mantra avait d’autres chats à fouetter ces temps-ci avec les émeutes du secteur nord. Je conservais dans un coin de ma tête l’image de cette caisse remplie de galettes circulaires noirâtres pendant que je me dirigeais vers mon poste d’observation. J’avais tout un secteur neuf à arpenter cette nuit, pendant les quelques heures qui m’étaient attribuées. Le programmateur avait choisi délibérément ces vieux classiques et les repassait en boucle depuis deux jours. Qui finirait par trouver la clé ? Qui ? Pour l’instant personne n’avait pu trouver un indice, personne. L’ancien avait même été consulté à de nombreuses reprises mais sa culture musicale ne remontait pas suffisamment loin pour être d’une quelconque aide.

J’ai rouvert mon encyclopédie des cyborgs tout en m’allongeant à mon poste. Voyons-voir, où en était à cette époque leur avancement technologique et avaient-ils déjà imaginé l’utilisation d’armes cybernétiques sur les champs de bataille ? “yeux revolver” se rapportait forcément à ça, mais je n’arrivais pas à faire le lien avec le deuxième titre, “femme libérée”. La directive d’émancipation des cyborgs datait de trop peu pour qu’ils aient pu à l’époque seulement l’imaginer. Les idées se croisaient dans ma tête pendant que le casque de contrôle se plaçait doucement sur mon crâne. J’ai aussitôt perdu conscience de l’environnement pour me retrouver quelque part autour de cette planète bleue, en vol stationnaire au dessus d’un espace arboré. Très peu de mouvement, du vent probablement, quelques animaux ici et là qui ne pouvaient sentir ma présence et du bruit, beaucoup de bruit…

Je me suis “réveillé” au son de la “femme revolver” qui résonnait dans mon cerveau. Quelques heures avaient passé, pendant mon tour d’observation, encore une nuit pour rien. Mais pourquoi la “femme revolver”, pourquoi ces mots au réveil ? Ah oui, voilà, le temps de retrouver le fil de mes pensées et j’avais fait le rapprochement avec le nuage que j’avais traversé cette nuit. Un nuage d’ondes radiophoniques, vestige d’émissions lointaines du passé, lorsque la radio diffusait dans toutes les directions. On retrouvait de temps à autre quelques bribes de chanson, d’une émission et même avec un peu de chance de quelques messages publicitaires dont la Mantra était friande. “femme revolver”, c’était en fait le raccourci du message capté cette nuit qui disait Une femme a été arrêtée alors qu’elle brandissait un revolver en direction du président qui se…, il n’y avait malheureusement pas la suite. Drôle de coïncidence. À moins que le programmateur ne soit lui aussi passé par ce nuage ?

J’ai reposé doucement le casque-micro que je portais depuis la veille au soir, j’ai refermé l’écran sur le clavier du portable et je me suis levé de ma chaise. La séquence n’allait pas, il faudra que je dise à Marc de la reprendre, le synopsis n’était pas assez détaillé et on perdait le sens du jeu. J’ai griffonné quelques mots sur un bloc qui trainait au bord de mon bureau et me suis dirigé vers le lit pliant qui était resté ouvert dans un coin de la salle. Je vous jure que développeur de jeu vidéo est tout sauf une sinécure !


Texte écrit à l’occasion des sabliers givrés de Kozlika, dont l’entame du grain 1, choisie par Agaagla, provenait d’un billet de Mavie sur son blog Une vie rêvée : Séduire comme une femme :

Et si, je me disais l’autre jour après avoir entendu une programmation musicale appropriée, et si la femme des “yeux revolver” (Marc Lavoine) et la “femme libérée” (Cookie Dinger) était une seule et même personne. Je me rends compte…

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