Merci quand même…

« Merci quand même… et bonne journée. »

Voilà ce que nous avons entendu ce midi alors nous avions rendu les clés de la chambre et que nous venions de régler la note. Nous avions remarqué sur celle-ci une légère erreur — d’une ridicule somme de trois euros cinquante — en notre faveur, erreur pour laquelle l’employé nous a demandé d’un ton très suspicieux si nous en étions sûrs. Bref, voilà comment s’est terminé notre séjour dans cet hôtel de Privas — je tairai son nom pour ne pas lui faire de la publicité involontaire, il ne le mérite pas.

Nous avions choisi cet établissement en fonction d’un certain nombre de critères dont l’accès à internet via un wifi gratuit — ou plutôt compris avec le prix de la chambre — ainsi qu’un confort et une décoration de bon goût dont nul ne saurait se priver lors d’un cours séjour dans une belle ville du sud de la France. Nous avions consulté et admiré les magnifiques photos des chambres — et non pas les photos des magnifiques chambres, l’ordre des mots à son importance — et porté notre choix sur la chambre « chinoise », toute en décoration asiatique dans des tons de vernis rouges et profonds et autres tableaux de calligraphie exotique.

Ordonque, nous voilà samedi midi à l’entrée de l’hôtel pour réclamer les clés de la chambre réservée un mois plus tôt. Nous étions arrivés un peu tôt et avions tenté notre chance prêt à attendre le temps nécessaire dans un des salons dont cet établissement de ce niveau ne manquerait pas d’être pourvu si celle-ci n’était pas encore prête. Saint-Picodon[1] était avec nous ce jour là car la chambre n’avait pas été louée la veille et était donc prête à nous accueillir. Nous entrons dans l’ascenceur et appuyons sur le bouton du 2e étage, intitulé « Salon Massaï », avant-goût de la décoration que nous allions trouver dans le hall et les couloirs de ce niveau. Nous cherchons le numéro et nous arrivons bientôt devant la porte. Un tour de clé et nous voilà enfin arrivés au bout de notre périple du jour.

La porte et son groom vaincus[2] — ils n’auront résisté que jusqu’au moment où nous nous sommes mis à deux pour pousser —, nous entrons dans la chambre, pressés de poser enfin nos sacs et de découvrir le lieu où nous allons passer un long week-end. La visite fut de courte durée car à part les quelques centimètres courants de chaque côté du lit, de taille tout à fait standard heureusement, nous en avions fait le tour. Bizarrement la salle de bains attenante avait une surface quasi équivalente — j’exagère mais à peine. J’avance ensuite vers la fenêtre dont le store était baissé pour admirer le point de vue. Je découvre en remontant le fin tissu une fenêtre carrée d’environ soixante centimètres de côté. Je m’attendais tout de même à un peu mieux. Une petite fenêtre donc, ouvrant bien sûr du côté le moins pratique vu l’exiguïté des lieux et agrémentée d’un store qui ne sert à rien sauf à en empêcher l’ouverture complète — zéro pointé au décorateur ou à celui qui aura conçu ce dispositif.

C’est dépités et très admiratifs du travail du photographe qui aura réussi à faire croire au visiteur virtuel que des espaces immenses l’attendaient dans ces chambres à thèmes africains, occitans ou asiatiques, que nous avons fini par douter de l’option “Confort supérieur” que nous avions sélectionnée pour quelques euros de plus lors de notre réservation.

Nous avions sur un des côtés du lit, un petit bureau et une petite chaise et c’est là que j’ai soudain compris la provenance des thèmes choisis. En effet une chaise étroite comme un tabouret de traite, à l’aspect tout à fait asiatique, était à demi glissée sous le bureau. Je l’ai tirée et me suis assis… et me suis relevé aussitôt. Impossible de mettre un postérieur occidental la dessus, ou alors il faut être très jeune, très souple ou très masochiste. Je suis quasi sûr qu’un mobilier équivalent orne les chambres africaines. Voilà tout le génie révélé du décorateur et ensuite du photographe qui aura rendu cela insoupçonnable sur ses clichés. Chapeau les artistes !

C’est donc sur le lit que nous nous sommes installés pour, comme il se doit, aller s’enquérir de la bonne santé du petit monde de l’internet qui devait se languir de ne pas avoir eu de nos nouvelles depuis si longtemps. La magie du Wifi a opéré. En passant au préalable par un petit écran publicitaire nous avions ensuite un accès illimité — pour environ une vingtaine de minutes —, renouvelable autant de fois que nous le désirions et en s’assurant bien sûr que nous repassions par la même sélection de réclames diverses et variées. Las, il fallait faire fréquemment preuve de pugnacité pour convaincre les ondes de nous accueillir et si nous laissions celles-ci sans surveillance quelques minutes de trop il fallait recommencer les mêmes incantations. Ensuite, le surf sur la vague virtuelle s’opérait à travers les soubresauts d’un DNS mal calibré ou d’un proxy un peu bancal et nous nous retrouvions souvent chez untel.commerce.com à la place de bidule.libre.net ou encore chez donne-moi-tout-ton-cpu.flash.com au lieu de dotclear.ze-best-of-ze-best.org ! Peut-être aurait-il fallu que nous choisissions l’option payante, sans publicité aucune ? J’ai comme un doute sur la qualité de ce que nous aurions pu obtenir !

Curieux hôtel, curieuses manière de faire du commerce. Ils ferment tout le dimanche en milieu d’après-midi pour ne revenir que le lundi matin vers 7 heures. Entre-temps les clients sont livrés à eux-mêmes et gare à celui qui aurait oublié le code magique à composer sur le clavier du digicode digne d’un hôtel à prix discount. J’ai d’ailleurs le souvenir d’une chambre de ce genre d’hôtel qui était presque aussi grande que la notre ce week-end. C’est dire le peu de différence, hormis la note finale. D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces lignes, je me demande encore quel peut-être la taille d’une chambre au confort ordinaire dont il est question sur leur site ! Peut-être faut-il enjamber le lit pour passer de l’autre côté, si autre côté il y a.

Nous avons vérifié le nombre de cheminée de cet endroit référencé par les Logis de France et avons constaté qu’il en avait eu trois en 2009. Est-ce la piscine, fort belle il est vrai, ou bien le restaurant — chérot à mon avis mais que je n’ai pas goûté — qui leur auront permis d’en avoir autant ? Je trouve qu’un hôtel prétendant à un tel niveau de prestations bien léger compte tenu de l’absence quasi systématique de personnel quand vous cherchez un renseignement ou même lorsque vous souhaitez petit-déjeuner comme ce matin, ou bien encore si vous avez le malheur comme ce midi d’interrompre ceux-ci alors qu’ils sont en train de déjeuner dans la cuisine, juste à l’heure où les clients sont censés rendre les clés de leurs chambre.

Eh bien je préfère de loin le petit hôtel un peu désuet mais plein de charmes que j’ai eu à Vichy au début du mois et qui m’a coûté exactement le tiers de celui que nous avons réglé aujourd’hui. Fichtre, on ne m’y reprendra pas deux fois et si vous décidiez d’y aller malgré mes mises en garde surtout ne dites pas que vous venez de ma part, je le nierai haut et fort, tenez-le vous pour dit !

Je veux tout de même terminer sur une une note agréable alors sachez que j’ai passé un formidable week-end avec des gens merveilleux et visiblement heureux, ça fait un bien fou, vous pouvez pas imaginer… En fait si, vous pouvez certainement l’imaginer, je vous fait une entière et totale confiance pour ça ;-)

Notes

[1] Le Picodon est, comme chacun sait, un excellent petit fromage de chèvre, spécialité de la région.

[2] Le patron doit être un fana de musculation car quelques appareils de torture étaient à la disposition des clients de l’hôtel sur le palier de l’étage, juste en face des chaises longues en osier placées devant un écran plat, et il doit être persuadé que sa clientèle doit avoir besoin d’exercice pour avoir serré si fort le mécanisme du groom des portes des chambres.

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