Premier janvier, accident de personne alors que nous étions dans le TGV, arrêtés en gare de Bordeaux Saint-Jean. Résultat, une heure trente de retard à l’arrivée. Nous étions content d’enlever les godillots une fois rentrés. J’ai trouvé les gens plutôt agressifs dans la voiture bar alors que nous faisions la queue comme une bonne dizaine de nos congénères afin d’acquérir à vil prix un croque-monsieur, un yaourt à boire et une bouteille d’eau gazeuse.
Deux janvier, alors que nous nous apprêtions à récupérer le scooter garé en bas de chez moi, je m’aperçois qu’il manque quelque chose. Le top-case et tout son contenu a disparu. Exit les deux casques, les gants, la ceinture spéciale pour le fiston, les cagoules, etc. Peu à peu je commence à me rendre compte de la collection de contrariétés que cela va apporter. Porter plainte au commissariat — pour un résultat nul il va sans dire, n’ayant aucune illusion sur les pouvoirs de la marée-chaussée dans ce domaine — ce qui va m’occuper plusieurs dizaines de minutes, voire quelques heures, tout dépendra de l’urgence qu’ils accorderont à mon cas. Tenter d’avoir un conseiller de l’assurance au bout du fil, ce qui s’avèrera impossible toute l’après-midi que j’appelle l’antenne dont je dépends qui m’annonce que tout le monde est occupé ou bien au service d’assistance prévu par mon contrat — je pense que mon téléphone sonnerait encore à cette heure là si je n’avais pas fini par laisser tomber, quasiment à bout de batterie.
Alors en attendant, nous nous sommes mis en quête d’un magasin d’accessoires moto. Deux d’entre eux s’avèreront fermés pour cause de trêve des confiseurs et ce n’est qu’après avoir été jusqu’à Bastille que nous finirons par trouver ce qu’il faudra, casques et gants. Pour le top-case, je verrai plus tard. De retour je m’enquiers de ce que l’assurance couvrira, une fois déduite la franchise et probablement un gros coefficient de vétusté, à condition bien sûr de retrouver les factures des objets dérobés. Résultat nul de ce côté. Les accessoires ne sont pas couverts par la formule que j’ai choisie à l’époque. De toute façon cet assureur n’assure pas ce genre de risque, ce que j’apprends aujourd’hui à mes dépens. C’est donc pour ma pomme, à moins qu’on me tienne un autre discours lundi lorsque je les aurai au téléphone, mais connaissant leurs goûts pour les petites lignes en bas des contrats, j’ai appris à me méfier. Quoiqu’il en soit, il faudra environ 800 euros de dépenses pour remplacer tout ça. Une paille !
Deux janvier toujours, j’ai un peu gâché son plaisir de déballer son tout nouvel appareil avec ma manie de très mal vivre ces contretemps moi qui souhaitais démarrer ce début d’année paisiblement. Pourtant on avait passé beaucoup de temps à étudier les modèles, à évaluer s’il fallait plutôt tel ou tel genre, avec ou sans objectifs interchangeables, s’il allait suffire pour une grande partie de ce qu’elle aime photographier — macro et portrait essentiellement —, si son poids et son encombrement valait la peine, etc. Bref, elle a tout de même fini par obtenir celui qu’elle lorgnait, un Lumix GF1 et son petit 20mm — qui ouvre à f/1.7 s’il vous plait ! —, et a commencé à jouer avec. J’ai eu l’occasion d’explorer un peu le bijou, et j’aurais bien aimé l’avoir à la place de mon bridge avant que j’achète mon reflex. Il a l’air vraiment très sympathique et les premières photos affichées sur l’écran du mac ont une toute autre gueule que celles que permettait l’Olympus.
En attendant je lutte pour me dire que je n’ai pas été marabouté, que je n’ai pas la poisse, mais quand même, ça fait beaucoup je trouve. Vous y croyez vous, à la loi des séries ? Parce que je voudrais bien que ce ne soit qu’un hic d’après agapes et pas le début d’une série d’emmerdements et de déconfitures.
1 De Cunégonde -
Ce qui a de bien avec la loi des séries, c’est que l’on est sûr qu’elle stoppe.
Ce qui est sûr avec le Lumix GF, c’est qu’il est bien sans fin.
2 De mirovinben -
Je “crois” à la loi des séries. Plus exactement je constate qu’elle existe même si chaque élément n’a souvent rien à voir avec les autres mais ça fait bizarre. Pas plus tard qu’hier, j’ai eu en rafale trois désagréments avec mon ordi :
Chaque incident (bénin) sans lien avec les autres. Ça m’a fait réagir comme toi côté loi des séries. Un peu d’ailleurs comme quand une action banale (éteindre une lampe) coïncide avec un bruit extérieur (pétard, bang d’un avion). Brève interrogation que la raison dissipe très vite.
Maintenant il y a une autre loi des séries : tu es arrivé à bon port, ton scooter n’a pas disparu, le Lumix semble être une superbe bête qui ne demande qu’à faire plaisir…
3 De Franck -
Tu as raison et je pense débuter la rédaction d’un billet intitulé, par exemple,
à partir d’aujourd’hui ou demain ;-)4 De samantdi -
Comme Mirovinbien, je crois à la loi des séries, et au mois de septembre, je me demandais comme toi si je n’avais pas été maraboutée : intoxication alimentaire puis sciatique puis entorse du poignet… Ce sont des faits qui arrivent dans une vie mais leur enchaînement les rend plus sensibles !
Ensuite, il faut en sourire, et se dire qu’en effet on n’était que passagers retardés et non proches de la personne accidentée ; que les voleurs n’ont pas pris le scooter et que ta coupine était un beau cadeau de la vie, mais si en plus elle devient photographe, oh la la, c’est quand même trop d’la balle :-)
Un truc en passant : quand tu as acheté le top case, si tu as payé avec ta CB, il se peut que ton achat soit garanti contre le vol, car il y a pas mal d’assurances incluses dans le fait de détenir une CB, à vérifier avec ta banque.
Allez, lance-le donc, le billet “Good karma”, histoire de faire tourner le vent !
5 De Franck -
Pour la CB c’était une bonne idée mais inapplicable ici car j’ai acheté le scooter d’occasion entièrement équipé.
Rendez-vous au prochain billet que je commencerai à écrire dès que j’aurais mis le fiston dans l’avion…
6 De Kozlika -
Je ne crois pas à la loi des séries, du moins pas autrement que pour n’importe quel calcul de probabilité. Si vous lancez une pièce 1000 fois en l’air elle retombera grosso merdo 500 fois côté face, mais peut être que les 300 premières fois ça sera côté pile et la pièce ne sera pas pour autant maudite.
Il y a, bien sûr, des tuiles (on se place là dans le registre des tuiles et non des drames, qui malheureusement répondent à ce même satané calcul de probabilités). En série ? Je ne crois pas, mais je crois que lorsqu’une tuile vous tombe sur la tête on est sonné et moins vigilant à la suivante. C’est ce qui s’est produit pour le top-case je dirais : tu as récupéré ton fils plus tard que prévu car l’avion qu’il devait prendre a eu une panne et que son vol a été remis au lendemain. La désorganisation induite et la déception t’ont fait renoncer à ton projet initial de mettre le scooter et/ou son chargement à l’abri : pas envie de se taper ça en plus. C’est pourtant bien parce que les vols de scooter et/ou de top-case sont fréquents que tu avais eu cette idée.
Peut-être la sciatique de Sylvie et son entorse découlent-elles du même genre d’enchaînement : intoxication -> douleurs, mauvaises postures et fatigue -> sciatique, puis faiblesse générale -> entorse.
Le retard du train c’est que dalle : pas de correspondance en jeu, une place confortable, rien qu’un épisode en plus de Six Feets Under et une discussion photo qui a porté ses fruits !
Il m’arrive des tas de mésaventures « en série » qui sont pour la plupart dues à du laisser-aller pour être peinarde un peu plus longtemps dans l’instant présent, dans les périodes où je suis fatiguée (corps et/ou tête) : je me dis que j’ai le temps pour faire des papiers, je m’y prends trop tard, je ne pars plus à Madrid. Je me dis que je fermerai mon sac tout à l’heure, mon téléphone en tombe et est perdu ; j’ai la flemme de me relever pour charger mes batteries, je le prévois pour le lendemain et le lendemain j’ai oublié, etc. Je reçois de ce fait ces « coups du sort » le plus souvent avec philosophie, je sais que c’était à moi de m’en prémunir, que c’était faisable.
Je crois aussi et surtout qu’il ne faut pas (se laisser) croire au destin – bon ou mauvais – au risque de s’en « déresponsabiliser » (spa le bon mot mais je ne l’ai pas sous la main).
C’était ma minute control freak ;-)
7 De xave -
Kozlika +1
8 De Franck -
Comme disent certains, « Mektoub ! »
Je suis de toute façon trop pragmatique pour croire à ces conneries, bien que j’ai eu il y a quelques années, une période un peu secto-mystique.
9 De gilda -
Il y a quelques années j’aurais répondu comme Kozlika, mais pour avoir il y a 4 ans pendant 5 mois traversé une sorte de triangle des bermudes de la vie comme elle va pas avec des éléments complètement disjoints et les plus rudes contre lesquels je ne pouvais strictement rien (sinon tenter de faire face une fois qu’advenus), je serais hélas moins positive.
Je persiste cependant à ne pas croire au destin, ni à la poisse, ni fondamentalement à rien.
Mais je sais désormais qu’on n’est pas nécessairement acteurs de ce qui nous tombe dessus et que certains enchaînements chronologiques n’ont aucun lien de cause à effet (contrairement à ceux de ces fragilités ou douleurs physiques qui effectivement se propagent par compensation ou aux petites négligences qu’on cumule par fatigue et qui tombent sur le côté beurré de la tartine).
Pour ce qui est de très mal vivre le cumul de contretemps, je ne crois pas que ce soit de ta part une manie mais d’une part une réaction plutôt naturelle et d’autre part qu’on y est d’autant plus sensibles qu’on vit par ailleurs des périodes de grands bouleversements (en bon comme en dur) : on a déjà tant à faire pour faire face qu’on a du mal à réagir légèrement à un “truc” de plus si insignifiant ou juste chiant soit-il.
Si ça peut te consoler j’en connais un que quoi qu’il advienne c’était toujours de ma faute et je me faisais parfois engueuler pour des trucs survenus par exemple à son travail au sujet desquels je ne savais rien. Mais bon voilà, il était épuisé, énervé et m’avait sous la main.
Bon courage pour les démarches et les complications financières. Au printemps ça ne sera plus qu’un méchant souvenir.