Paris-Web 2011, premier jour

Après un billet général sur cet événement et les quelques photos, voyons maintenant en détail ces trois journées particulières, en commençant par le premier jour de retrouvailles avec plein de têtes plus ou moins connues, déjà rencontrées IRL comme on dit ou de manière virtuelle sur Twitter, les forums, et ailleurs.

Je suis arrivé sur place avec @Kozlika et @tomek un peu en avance et nous nous sommes aussitôt dirigés vers l’accueil pour y récupérer nos badges. Trois files pour les auditeurs, déjà nombreux dans le hall — beaucoup sont déjà passés et dégustent un café un peu plus loin —, et une file réservée aux orateurs dans laquelle j’avise, après avoir rempli les formalités d’usage, David Rault avec qui nous avons prévu un petit halva-war depuis l’année dernière. Nous convenons de nous revoir très vite à une des pauses de la journée et je file vers l’entrée où un gentil cerbère contrôle d’un œil avisé nos badges flambant neuf.

Plus loin, @hellgy, @biou et d’autres membres du staff nous offrent gentiment un sac rempli de goodies et après avoir papoté 34 secondes 17 dixièmes nous filons nous recharger en caféine un peu plus loin. L’heure approche, la stress augmente, le trac des quelques orateurs que nous croisons est palpable, la tension est à son comble et épuisé je m’affale dans un large fauteuil au premier rang du petit amphithéâtre où je vais enfin assister à la première conférence de la journée.

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Il est 9 heures, Xavier Borderie s’avance vers la scène avec l’œil qui frise et arborant une taille de barbe assez particulière — Laurent Gloaguen en est tombé amoureux dès qu’il a vu cette photo — et nous ouvre alors le bal en introduisant le premier acte.

Accessibilité : soyons agiles — Élie Sloïm et Laurent Denis

Élie Sloïm et Laurent Denis

Que dire ? Eh bien j’ai pensé, pour changer un peu des dithyrambiques paroles que tout un chacun pourrait prononcer sur la qualité de toutes les conférences et ateliers organisés pendant ces journées, vous expliquer, un peu, comment j’ai abordé cela d’un œil de photographe tout amateur que je suis.

Laurent et Élie sont des bêtes de scène, ça se voit tout de suite et l’ensemble de la salle est concentrée sur les propos de l’un et de l’autre, se passant la parole à la façon des tennismen professionnels à Roland-Garros. Certes l’éclairage est parfois un poil juste pour prendre des photos sur le vif mais cette salle a des murs quasiment parfaits — ils sont bruns foncés mat — et m’offrent de quoi mettre en valeur les personnages que j’immortalise sur la pellicule.

J’ai parfois été gêné par la lumière assez vive dégagée par l’écran où étaient projetées les diapositives et mon boîtier a eu un peu de mal à faire des mesures de lumière me fournissant tantôt une photo sur-exposée tantôt sous-exposée. Placé où j’étais, au premier rang et à gauche de la salle, je n’avais aucun mal à capter Élie, par contre Laurent m’a souvent donné du fil à retordre, étant juste dans l’alignement de l’écran. Je n’ai quasiment que des ombres chinoises de sa prestation.

J’en ai profité pour photographier une des traductrices LSF qui signait pour les quelques personnes sourdes ou mal-entendantes présentes dans la salle — je suppose que ça pourra aussi servir au moment du visionnage des vidéos qui seront publiées prochainement. À la fin de la conférence, où j’apprendrais qu’il faut être agile quand on fait de l’accessibilité, une des personnes sourdes s’est levée et s’est tournée vers le public pour poser une question. Ses mains ont commencé à bouger dans tous les sens et nous étions fort satisfaits d’avoir une traductrice capable de nous dire à vive voix ce qu’elle disait. Nous nous retrouvions handicapés, temporairement certes, mais suffisamment pour avoir besoin d’une aide afin de comprendre les propos énoncés.

L’heure est passé très vite et il fallu alors se diriger promptement vers le grand amphithéâtre pour profiter d’une place correcte — dans les tous premiers rangs — afin de suivre la conférence suivante proposée par David Rault.

Les goûts et les couleurs — David Rault

David Rault

Ce grand amphithéâtre est particulier lorsqu’on est auditeur car, quand vous êtes installés à l’un des premiers rangs, vous vous situez sous le conférencier. Du coup les photos de la scène sont en permanence en contre-plongée, ce qui me gêne un peu je trouve car ça a tendance à éloigner le sujet de celui qui le regarde. Mais passons sur cet particularité de cette scène pour nous concentrer sur la conférence qui m’a posé le plus de problème ! Oui, oui, je n’invente rien. David nous a gratifié d’un feu d’artifice de couleur et j’ai eu le plus grand mal à trouver les bons (ou plutôt les moins mauvais) réglages. Quand vous passez d’un fond rouge à un fond jaune ou bleu vif eh bien ça change complètement la façon de shooter et j’avoue avoir eu pas mal de déchets quand j’ai développé mes photos.

David est un artiste sur scène et je pense qu’il serait capable de présenter à peu près n’importe quel sujet avec autant de maîtrise. Cela dit, il excelle surtout sur les domaines qu’il aborde régulièrement, j’ai encore le souvenir de sa magistrale conférence de l’année dernière sur les polices de caractère, et cette édition sur les couleurs était de même facture.

L’heure des questions-réponses est arrivée aussi vite qu’avec la conférence précédente et après un aller-retour trollesque qui en a fait rire pas mal, je suis retourné dans le petit amphi pour la suite des réjouissances. Mais avant cela, une petite pause m’a donné l’occasion de saluer de nouvelles têtes et d’aller faire quelques photos à l’extérieur où, malgré un temps plutôt maussade, je trouvais une lumière suffisante pour déclencher. Ça sera aussi l’occasion pour Kozlika d’initier avec Daniel Glazman l’idée d’une petite conférence sur l’histoire des CSS — j’y serai assurément, nous en reparlerons j’espère rapidement.

Il est bientôt l’heure et je reprend le chemin qui me ramène vers l’intérieur en en profitant pour témoigner de l’instabilité capillaire d’hellgy :

Hellgy

Tester l’ergonomie de son site même sans budget — Maurice Svay

De retour dans ce petit amphi je me suis replacé à peu près au même endroit pour suivre cette conférence très économe où nous apprendrons qu’il ne faut pas un budget de ministre pour effectuer quelques tests utilisateurs — ce que d’ailleurs j’ai noté dans un coin de ma tête pour les prochaines install-parties de Dotclear.

Maurice Svay

Je retrouve avec plaisir cette petite salle et ses murs sombres et son éclairage particulier, beaucoup plus intime que le grand amphi dont les murs sont illuminés de couleurs claires et douces. Maurice navigue avec pas mal d’aisance, maitrisant visiblement bien son sujet et conquiert facilement l’auditoire. Le public est attentif et ne réagit quasiment pas à mes déclenchements. Cet appareil que j’ai depuis quelques mois est assez silencieux et c’est un régal de photographier avec.

C’est à cette conférence que je me suis aperçu de la jeunesse de l’auditoire. À part Monique Brunel croisée un peu plus tôt le matin et ce monsieur aux cheveux blancs assistant à la présentation de Maurice je n’ai vu que des jeunes et très jeunes — en tout cas plus jeunes que moi. C’est sûrement une excellente chose pour les métiers du web.

Monique Brunel

En repartant vers le grand amphi, à la fin de la conférence j’ai croisé David en discussion avec Stéphane Deschamps et Delphine Malassingne, devant la grande salle et je lui ai glissé rapidement une munition de Halva — le meilleur qu’on puisse trouver dans le coin où j’habite, et il paraît l’un des meilleurs de beaucoup de coins de ce pays — et il m’a annoncé qu’il viendrait avec les siennes le lendemain et vous verrez, mais pas tout de suite, qu’il avait apporté de quoi tenir un (petit) siège — j’ai d’ailleurs quasiment tout dévoré à l’heure qu’il est.

Je veux un VRAI sous-titrage ! — Sophie Drouvroy

Sophie Drouvroy

J’attendais cette conférence avec un petit pincement au cœur parce que je savais que Sophie avec un trac immense avant de la faire et que quelques jours auparavant, quand je l’avais croisée, elle avait avoué avoir envie d’aller se cacher aux antipodes plutôt que de venir ici (j’exagère, mais pas beaucoup beaucoup). Il faut dire que le challenge était rudement élevé et elle e rempli la mission qu’elle s’était donnée de façon admirable.

Initialement prévue dans le grand amphithéâtre il avait fallu intervertir les deux conférences prévues pour que chacun puisse trouver une place assise. Cela dit je pense qu’il aurait aussi fallu un grand amphithéâtre pour cette conférence et rapidement les derniers arrivés ont été contraints de s’installer à même les marches d’escalier ou juste sur les côtés de la scène. Ce changement de dernière minute avait probablement mis à mal la concentration de Sophie et le démarrage a été un tout petit peu laborieux et je sentais la salle de plus en plus bienveillante, on devinait que les gens avaient envie de la porter pour l’aider à continuer.

C’était la première fois qu’une personne porteuse de handicap nous exposait ses besoins, ses préférences et ses coup de gueule parfois. J’ai appris ici et d’autres l’auront appris également qu’elle préférait avoir trop de sous-titres que pas assez. Qu’elle souhaitait avoir des couleurs pour différencier ce qui était inscrit en bas de l’écran, etc etc. Bref une belle leçon de vie et l’empathie de tous était palpable dans cette petite salle.

Nouveau dialogue de sourds — ce n’est absolument pas péjoratif de ma part — et nous voilà encore handicapés, nous les entendants, attendant la traduction légèrement décalée d’une traductrice LSF de cette question posée en langue des signes. De l’immersion totale !

Cette conférence est mon coup de cœur de ce Paris-Web 2011 ! (mon petit doigt me dit que je ne suis pas le seul à avoir fait ce choix).

Nous voilà arrivé au déjeuner où j’ai pu constaté que la qualité de celui-ci n’avait pas baissé par rapport à l’année dernière. Tout était bon, en quantité suffisante et sur une surface telle qu’il était assez commode d’aller se servir. Chapeau. Là je n’ai pas fait de photo, because j’avais un poil faim :-)

Ensuite, café terrasse sur le parvis où j’en profite pour capter quelques têtes connues et pas connues et un peu connues, en gros un peu tout le monde en fait. D’autres prennent eux aussi des photos, tout le monde se photographie, c’est le pays des bisounours ou tous sourient \o/ Je plaisante mais c’est un peu l’ambiance qu’il y a eu tout au long de ces journées ce qui rend d’ailleurs l’atterrissage de pas mal d’entre nous assez rude le lundi matin lorsque nous sommes de retour dans la vraie réalité réelle de nos quotidiens journaliers. Si j’en fait trop, dites-le, n’hésitez-pas, hein ?

L’heure de retourner à l’intérieur arrive vite et j’avise un facétieux Karl Dubost tentant de refaire la coupe de cheveux de Mathieu Drouet, un des photographes officiels de l’événement. J’avais décidé d’aller voir la conférence en anglais de Robert Nyman et je me suis alors installé, toujours au deuxième rang (le premier était réservé aux traductrices LSF, aux personnes sourdes et mal-entendantes, aux orateurs et au staff de Paris-Web).

HTML5 APIs: Where no man has gone before — Robert Nyman

Robert Nyman nous a dressé un inventaire assez exhaustif des API disponibles autour d’HTML5 et j’avoue humblement que ça m’est un peu passé au dessus de la tête. Sans préjuger de la qualité de cette présentation qui m’a cependant donné une idée au détour d’un mot prononcé dans un tout autre contexte — je vous en reparlerai peut-être si ça débouche sur quelque chose de concret — j’en ai surtout profité pour dérouiller un peu mon anglais. Eh bien ça va à peu près. C’est pas fluent mais ça va, je pourrais encore me débrouiller pour survivre dans un pays anglophone qui parlerait d’API de browser.

Robert Nyman

Robert Nyman est très agréable à photographier car il occupe la scène, toute la scène. Se déplaçant de droite à gauche au gré de son discours et j’ai ainsi pu faire quelques photos intéressantes à ce moment. Au passage je me suis permis de prendre un ou deux clichés du caméraman présent à ce moment tout en me disant que la vidéo était vraiment un autre monde. Je sais que mon boîtier est capable de très belles choses en vidéo mais ça me m’attire pas du tout et je suis admiratif de ceux qui arrivent à en faire avec autant de constance. Rien que d’imaginer ensuite reprendre les rushes et faire le montage idoine… J’ai vraiment pas le temps de faire tout ça. Bref, laissons ça aux vidéastes et reprenons tranquillement mon shooting en règle.

Lorsque j’ai croisé les gens sortant du petit amphithéâtre où je me rendais pour suivre la conférence suivante, j’ai entendu fugacement un « la conf. où il fallait être » en parlant de celle concernant les neurosciences. J’avoue que ça m’a intrigué et que c’est surement une des vidéos que je visionnerai dès qu’elle sera disponible.

Un navigateur, comment ça marche ? — Anthony Ricaud

Anthony Ricaud

Vous savez comment fonctionne vraiment un navigateur vous ? Je veux dire, lorsque vous tapez une URL dans la barre d’adresse et qu’il vous affiche une très belle page — sauf quelquefois où c’est très moche, j’ai des noms —, avec de belles polices, de belles images et des belles couleurs ? Eh bien maintenant j’en sais un peu plus. C’est une sacré mécanique qui doit prendre en compte toute la syntaxe HTML, la mixer avec la ou les CSS qui vont bien, décider ce qu’il faut afficher ou pas, etc etc.

Anthony Ricaud qui travaille chez Mozilla nous a expliqué ça dans le détail avec des mots compréhensibles et sous le regard bienveillant de Daniel Glazman himself ce qui a du être un poil intimidant je pense ! L’heure allouée est passée aussi vite que pendant les autres conférences de la journée et nous sommes arrivés à pause de l’après-midi.

Ouvrir le Web un bug à la fois — Karl Dubost

Karl Dubost

C’est dans le grand amphithéâtre que je suis retourné pour terminer avec les deux dernières étapes de cette journée en commençant par celle de Karl Dubost sur ses préoccupations actuelles chez Opéra. Voilà encore une autre bête de scène avec qui j’ai finalement osé discuter un peu le midi à propos des photos qu’il prend et qu’il utilise pour illustrer ses articles. Il m’a avoué avoir son appareil en permanence avec lui, voire ouvert — ce que j’ai traduit aussitôt par prêt à déclencher et autour du cou — quand il se déplace dans la ville et ailleurs. Il m’a dit que l’important était là, de pouvoir déclencher sur l’instant, que l’occasion ne se représentait pas. Difficile à appliquer pour ma part quand je circule en scooter mais sinon je suis d’accord avec lui et j’ai souvent fait des photos remarquables — dans le sens qu’elles m’ont marqué — alors que j’avais comme ça mon appareil à portée de main !

J’aime beaucoup la photo que j’ai faite alors qu’il se concentrait avant sa conférence. J’imagine qu’il doit balayer ou repenser aux moments clés de son discours, aux idées fortes qu’il souhaite nous faire passer ou alors qu’il revoit en mémoire un paysage apaisant, qui sait ? J’ai beaucoup aimé également sa façon d’illustrer ses slides, avec des estampes japonaises je pense. C’était très zen, un peu à l’image de la façon qu’il a d’illustrer ses billets, toujours avec beaucoup d’à-propos.

Je suis resté pensif pendant que se mettait en place la dernière session de la journée, qui allait nous réveiller les neurones, nous faire papillonner les oreilles et briller les yeux…

Lightning talks — Daniel Glazman et Robin Berjon

Daniel Glazman et Robin Berjon

Ce fut un feu d’artifice. Un enchainement virevoltant de 10 orateurs pendant 4 minutes chacun. Une explosion de rigolade. L’occasion de faire des photos surprenantes — j’en ai déjà brièvement parlé hier — et ça a vraiment été un pari réussi par les deux compères et maîtres de cette mini cérémonie d’un peu moins d’une heure.

On se demande pourquoi ça n’a pas été fait avant. On n’imagine plus un Paris-Web futur sans cette idée magistrale et c’est avec un hommage marqué envers Dennis MacAlistair Ritchie[1] à l’instigation de Daniel que c’est terminé cette formidable journée. Pour moi c’était déjà un Paris-Web réussi.

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Il est temps de faire une pause et je reviendrais un peu plus tard vous conter la seconde journée de conférence

Notes

[1] J’ai sous les yeux une des mes premières bibles : LE « Kernighan et Ritchie» tout noir et aux pages jaunies que j’ai tant parcouru quand j’ai appris le langage C, au début des années 80.

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