Nous avons huit jours

Bonjour tout le monde.

Vous savez que depuis quelques mois je m’occupe du secrétariat de Dotclear et qu’à ce titre je me charge du courrier du cœur des fans envoyé à l’adresse de contact. Ça ne représente pas beaucoup de travail, sauf parfois quand il faut s’appliquer à faire une réponse courtoise, polie et censée à un importun oubliant la politesse au bord du clavier.

Hier après-midi, alors que je travaillais comme une brute depuis des heures sur un travail harassant et pénible, en appliquant toutefois le principe célèbre désormais de la GAO développée avec maestria par Hellgy lors du dernier Paris-Web, j’ai reçu un mail ! Étonnant non ? Certes j’en reçois assez fréquemment et ma boîte croule sous la pile de courrier en souffrance, genre, là, j’en ai… un. Bref, je commence à lire et… Et plutôt que de vous expliquer de quoi il retourne, je vais plutôt pour reproduire ici les meilleurs morceaux dudit courrier.

Commençons par le début :

Bonjour,

One point !

Créateur de site internet, je me permets de venir vers vous pour vous demander de bien vouloir suspendre une page d’un utilisateur de vos blogs portant énormément atteinte à mon client.

Ah, ça commence fort. Voilà un membre d’une agence web, ou indépendant, peu importe, qui souhaite une action de ma part sur un de nos blogs. Bon, voyons la suite, vu que nous ne modérons pas a priori les commentaires publiés chez nous, il se peut en effet qu’un de ceux-ci soit sujet à critique, à tout le moins vu cette première phrase.

Au passage vous remarquerez que ce quidam — j’aime bien ce mot quidam, pas vous ? — prend d’extrêmes précautions en s’autorisant à venir nous demander de bien vouloir… Mazette, que de politesse et de courbettes !

Notre site qui viens d’être créé : www.aiseetlogis.be [ NDLR j’ai modifié l’URL du site, ceci n’est pas un billet de promotion ]

Très bien, d’ailleurs je clique sur l’URL du site en question pour découvrir un site internet constitué de deux pages (accueil et contact) et qui d’après ce que j’ai vaguement compris (il y a beaucoup d’images sans légende et quasiment pas de texte, bravo au passage pour l’accessibilité, du coup je dégrade sa note façon agence de notation WCAG) proposerait de vous aider à concevoir votre intérieur avec moult meubles, objets de décoration et autres idées lumineuses.

Deux secondes plus tard j’ai fini le tour du site et je reprends la lecture :

Le blog en question : http://www.darchis.be/eric/blog/index.php?2005/04/14/75-pourrais-je-parler-a-mme-darchis#c4159

Je clique — eh oui que voulez-vous je suis curieux — et j’arrive sur un billet d’un blog Dotclear 1 — je n’imaginais pas qu’il en existât encore à ce jour — et sur une longue liste de commentaires. Je note dans un coin la date du billet, 14 avril 2005, ce qui met le contenu de ce billet hors de toute action judiciaire vu que le délai normal (pour autant que le billet n’ait pas été modifié entretemps) est de trois mois.

Il faut dire que j’avais déjà la puce à l’oreille sur la suite de la missive, ayant personnellement déjà expérimenté ce genre d’échange par le passé. Je note ensuite la date du commentaire en question, puisque l’URL fournie pointe sur un commentaire, qui est le 25 janvier 2011, beaucoup plus récent certes, mais tout aussi en dehors des trois mois de fraîcheur requis !

Je vous laisse le temps d’aller lire, en diagonale si vous êtes pressés, le contenu du billet, puis celui du commentaire en question, qui au passage, n’a strictement rien à voir avec le site créé par ce quidam.

Jusqu’ici j’avais pris le parti de laisser courir et de faire un classement vertical en renvoyant un simple « LOL » au requérant, surtout que le blog en question est hors de notre périmètre d’action, nous n’en sommes ni l’éditeur, ni l’hébergeur. Lisons la suite si vous le voulez bien, parce que ce n’est pas fini !

Les informations sur ce blog porte atteinte à notre crédibilité et nous pose énormément de souci de communication.

Ça on s’en doutait un peu vu la phrase précédente. Passons sur les fautes de grammaire, j’en fait suffisamment personnellement pour les passer sous silence et continuons avec la partie la plus croustillante :

Sous un délai de huit jour, je ferai une demande de plainte au procureur de la république pour injures et diffamation en publique et de me constituer partie civile.

Ah, voilà, les menaces, enfin, je commençais à m’impatienter. C’est vrai quoi, pourquoi s’arrêter à une demande polie et attendre la réponse ? Allons au plus court et mettons tout dans le même courrier, c’est beaucoup plus simple, hein ? Bref, j’ai huit jours, monsieur est trop bon, pour … pour quoi d’ailleurs ? Ah oui, aller suspendre la page en question. Huit jours au terme desquels ce quidam portera l’affaire en justice.

Je ne suis pas spécialiste de droit, encore moins de droit belge, puisque le blog en question est visiblement belge d’après son nom de domaine et les infos WHOIS que j’ai pu récupérer, mais j’émets l’hypothèse qu’il ne doit pas être bien éloigné du notre. D’ailleurs si un spécialiste du droit belge passe dans le coin, peut-être pourra-t-il éclairer nos lanternes ?

Quoi qu’il en soit, selon le droit français, je pourrais dire ceci :

  1. On ne demande pas une plainte — et à qui d’ailleurs ? —, on la porte ;
  2. on ne peut porter plainte pour injure et diffamation pour le même fait, c’est soit l’un, soit l’autre ;
  3. on ne peut se porter partie civile sans avoir au préalable porté une plainte simple restée sans suite ;
  4. il faut ne pas se tromper de cible et s’adresser à l’éditeur du blog, pas à ceux qui ont conçu le système de publication ;
  5. il faut vérifier que l’action envisagée est encore possible au regard de la prescription qui s’y applique (3 mois en ce qui concerne cette affaire).

Voilà pour le droit, ensuite je pourrais également arguer qu’il n’est pas évident, en tout cas il ne l’exprime pas en termes clairs dans son courrier, qu’il soit la victime et encore moins la nature exacte et précis des dommages subis et soit donc en mesure de déclencher une action en justice. Ça manque un peu de … corps, vous ne trouvez-pas ?

Pour être tout à fait exhaustif je précise la fin très polie de son courrier :

Dans l’attente de vous lire, je vous prie de croire en l’assurance de ma considération la plus respectueuse.

Cordialement.

Suivi de son nom, titre (webmaster) et numéro de téléphone portable. Le tout en provenance d’un mail émis depuis la région de Toulouse où cette agence officie apparemment.

Voilà. Nous avons huit jours, enfin sept puisque ce courrier date d’hier, pour réagir et j’ai pensé, vous qui ne savez pas trop quoi faire de votre week-end pluvieux à venir que vous seriez mes meilleurs collaborateurs pour que nous écrivions une jolie réponse élégamment tournée ! Z’en dites les gens, vous êtes partants ?

Si oui, je vous propose de reprendre point par point et d’élaborer un missile une missive collective. À vous lire ci-dessous, dans les commentaires, m’sieur-dames ;-)

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