Rencontres

Drôle de bonhomme croisé hier dans le métro, alors que celui-ci venait juste d’arriver à son terminus pour repartir dans l’autre sens, à cette station où le quai se trouve central. Il a hésité longuement, pendant que la rame se vidait, tout en tenant ouvert son journal. Assis sur un strapontin, juste à côté de la porte il guettait le panneau indiquant le nom de la station puis le plan de la ligne affichée au dessus de la porte. Allait-il bouger finalement ? Je me suis dit tout d’un coup que quelque chose de bizarre se passait. Pourquoi ne descendait-il pas ? Était-il perdu ou s’était-il trompé d’arrêt ?

Quelques personnes qui attendaient sur le quai, dont nous, sont rentrées pour s’installer, et nous nous sommes assis au droit de l’endroit où il se tenait encore assis. Soudain il s’est levé, a attrapé de la main droite les deux strapontins tout en tenant son journal toujours ouvert de la main gauche et a commencé à les replier et à les déplier faisant mine à chaque fois de se rassoir. C’était étrange de voir ce va-et-vient et je me demandais quand cela allait se finir. Il s’est ravisé, s’est rassis, et a encore changé d’idée et s’est levé après avoir attrapé ses sacs de la même main qui tenait le journal. De l’autre, encore libre, il a ramassé le mégot qui trainait par terre. Il n’y avait pas de mégot. Puis encore, cette poussière qui faisait une sorte de tache sur le sol. Il n’y avait pourtant rien de saisissable à cet endroit. Enfin, il est sorti, nous laissant à nos interrogations ou indifférences respectives…

Je me suis demandé, alors que le métro repartait, s’il allait prendre le temps d’aller jeter son butin dans la poubelle au milieu du quai ou s’il allait rapporter ses trophées chez lui, pour les collectionner.

J’ai croisé plus tard un autre quidam, pas aussi étrange que celui-ci mais suffisamment pour que je le remarque. Indien ou pakistanais, il a traversé devant nous et s’est engagé dans une rue, quasi ruelle, alors que nous nous rendions à un rendez-vous convenu pour l‘after de la manif’ anti-ACTA à laquelle nous nous étions joints. Il portait de sa main gauche un sac à main, assez grand, de couleur marron, probablement en cuir ou dans un matériau l’imitant assez bien. De la main droite il tirait un diable bleu. Il marchait tranquillement, comme s’il rentrait d’une journée de travail d’avoir transporté et livré des colis de tissus ou de vêtements dans le Sentier, tout proche.

Étrange pour un samedi me suis-je dit, c’est Shabbat pourtant, le Sentier est au repos ce jour-là normalement. Ou alors c’était il y a longtemps et une autre population a investi les lieux ? À moins qu’il n’ai dérobé ce sac à une passante qui relaçait ses chaussures, allez savoir. Mais non, j’avais plutôt l’impression que ce sac lui était familier, allez savoir pourquoi…

Les provinciaux étaient décidément bien trop bruyants avec leur fin de déjeuner qui avait duré jusque tard dans l’après-midi et alors qu’ils entonnaient un hymne à celui qui buvait son verre comme les autres nous avons décidé de changer de crémerie, enfin de bistrot. Nous avons refait le monde, bien sûr, en tout cas un petit peu, ravivé un projet, et conclut que l’agilité lente était possible en expliquant que nous avions l’habitude de faire des sprints d’environ 6 mois, en bon père de famille avons-nous ajouté, ce qui a interloqué pendant quelques instants et finalement assez plu.

Retournés dans ce métro nous avons croisé un troupeau de gnomes habillés en orange vif. Plutôt petits ils étaient surveillés par quelques bergers ou pâtres ou que-sais-je encore, n’ayant pas tellement l’habitude d’en croiser. Assez bruyants eux-aussi, probablement des provinciaux car ils parlaient français de France nous les avons abandonnés notre station arrivée. J’ai trouvé curieux qu’ils aient organisé un voyage scolaire alors que les enfants étaient tout juste en vacances. Ça ne m’aurait pas plu, personnellement, me suis-je dit. Les vacances ne sont pas faites pour les passer avec les maîtres et les maîtresses, n’est-ce pas ?

J’aime Paris, j’vous ai pas déjà dit ?

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