Clapot

Clapot

J’aime particulièrement cette image — je dis image à dessein — parce qu’elle montre à l’évidence les artefacts inattendus d’une compression logicielle. La sorte de grillage sur le côté bas et à gauche, qui forme presque une arrête de poisson, le bruit visiblement présent, qui rend moins lisible et altère la netteté de l’ensemble.

Je ne me souviens pas s’il pleuvait au moment de faire cette photo, ni même s’il a seulement plu pendant cette dernière journée dans ce coin-là. Je me souviens des découvertes, parfois silencieuses souvent complices, que nous faisions chacun cherchant du coin de l’œil la lueur susceptible d’être attrapée.

Après le choc des mauvaises nouvelles, on est tenté de revenir à la flaque des habitudes. Il existe forcément un petit coin du monde où l’on s’est vaguement installé, où l’on a pris des responsabilités dérisoires. Nom de pays ou de quartier. Nom de rue. Nom de ville ou de village. Métier, fonctions et fonctionnements. Odeurs familières, clapotis des paroles maintes fois répétées, tiédeur exacte des corps, gestes connus par cœur jusqu’à l’écœurement. Le bonheur et l’angoisse assis dans le même fauteuil. La vie dans les délaissés. La vie sur sa seule pente et épousant ses plis.

Pierre Péju, La Vie courante

Alors je forme des projets, parfois dérisoires, parfois grandioses, et je rêve…

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