Aujourd'hui labile

J’ai bien senti deux ou trois fois l’envie de bien faire devenir labile chez ce garçon qui œuvrait autant qu’il pouvait bien faire pour nous servir à table hier soir. Nous dinions alors dans un restaurant d’application d’une école hôtelière pour faire suite à un vernissage d’un copain photographe.

« Baie attitude » côté jardin « Baie attitude » côté cour

Il faut dire qu’un des profs présents ne ménageait pas ses élèves, maniant l’insulte et l’injure avec une habileté crasse. Du genre « Elle est où la sauterelle ? » en parlant d’une des filles partie chercher quelque chose en cuisine, ou encore « La bouffe ne doit pas coûter cher dans ton pays ! » à ce garçon qui se démenait, plutôt bien d’ailleurs, avec son caramel.

Habillé façon rocker, pantalon de cuir, chemise blanche avec le col grand ouvert, grosse gourmette au poignet, il éructait ici et là à l’adresse des pauvres diables qui couraient dans tous les sens, malhabiles pour certains et pourtant pleins de bonne volonté. On s’est mis à rêver de mettre le quidam dans la situation inverse, un jour, juste pour qu’il constate comment il pouvait être blessant d’humilier ces jeunes en public.

Une civilisation se transforme lorsque son élément le plus douloureux -l’humiliation chez l’esclave, le travail chez l’ouvrier moderne - devient tout à coup une valeur, lorsqu’il ne s’agit plus d’échapper à cette humiliation, mais d’en attendre son salut, d’échapper à ce travail, mais d’y trouver sa raison d’être.

André Malraux, La Condition Humaine

J’ai eu le sentiment, mais sans pouvoir être tout à fait affirmatif, qu’il était raciste, surtout vis-à-vis des noirs présents dans la salle. Par contre je suis certain qu’il est un vrai con.

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