Les grandes compagnies du web sont promptes à emboiser, essentiellement pour garnir leurs bases de données de profils en vue de les louer ou les vendre aux publicitaires (mais pas que), il est vrai, et pourtant j’utilise les services de pas mal d’entre elles quotidiennement. Google, Facebook, Twitter, etc.
On discute depuis quelques temps des soucis de vie privée et j’en entends beaucoup dire qu’ils veulent rompre tous les liens qu’ils ont avec ces services dont ils ne contrôlent pas l’essentiel de la sécurité.
Pour ma part j’aurais plutôt une réflexion proche de celle de David Larlet et considérer que ces métadonnées, voire ces données que je rends publiques, le sont volontairement et en connaissance de cause. Comme il le dit très bien, peu importe finalement qu’un quidam à l’autre bout de la planète sache que je suis à Paris ou à Bangkok, je vois assez mal ce que cette information, diluée parmi la myriade de celles qu’il récupère, peut lui apporter ou importer alors que finalement je préfère contrôler (si possible) ce que je montre à mes cercles proches.
Plus je réfléchis à ces histoires de confort et de sécurité, plus j’ai envie de dévier plutôt que de résister. Si le fond du problème est un désir de contrôle au niveau de la société, cela ne risque pas de s’arranger en ajoutant encore du contrôle au niveau personnel pour se cacher, hacker, etc. Ma stratégie (sur le long terme donc, vs. tactique) est de lâcher-prise sur le global et prendre soin du local.
[ D. Larlet : « Diversion numérique » ]
Cela dit ma réflexion à ce sujet n’est pas figée et il est bien possible qu’au gré de mes expérimentations et usages je finisse par délaisser ces services (qui comportent pas mal de bénéfices, comme par exemple un anti-spam efficient, le partage, la synchronisation, …) pour mettre en place et gérer les miens propres. Cela dit faire ça a un coût d’investissement et de fonctionnement qu’il convient de ne pas négliger.
Êtes-vous tous prêts à installer votre propre serveur, plus la sauvegarde qui convient dans un autre endroit géographique. Êtes-vous prêts à le configurer, puis à installer et configurer tous les services que vous considérez suffisamment sensibles pour ne pas les laisser gérer à autrui ?
Il faut en avoir les compétences, le temps nécessaire et l’argent et tout le monde n’a pas la combinaison des trois. Alors on pourrait également constituer des mutuelles, des coopératives, un peu ce qu’on fait quand on loue un serveur dédié entre copains pour s’auto-héberger. Il s’agira alors de faire confiance suffisamment à ce cercle plutôt qu’à un autre. Est-ce raisonnable ? Est-ce suffisant en terme de protection de vos données et méta-données ? Peut-être, peut-être pas…
Personnellement j’ai choisi de gérer personnellement ce que je produis, c’est à dire textes et photos publiés sur mes blogs. Pour les services (mails et consort), j’ai choisi délibérément de profiter des offres gratuites disponibles ; pseudo-gratuites puisque je paie en métadonnées. Cela dit je me pose une sempiternelle question avant de publier ou mettre en ligne quoi que ce soit : Suis-je d’accord pour que n’importe qui, proche ou pas, vienne consulter ou observer ce que j’ai affiché ? Si oui alors je publie, si non alors pas.
Il m’est arrivé par exemple de supprimer des billets que j’avais commencé à rédiger, ou des photos que je venais de prendre, simplement parce que je m’étais répondu non à cette question. Je pense que chacun doit être suffisamment informé des conséquences potentielles de ce qu’il dévoile et je ne crois pas avoir mis à mal ce que je considère comme ma propre intimité jusqu’à aujourd’hui.
Maintenant chacun choisira la position de son curseur…
1 De karl -
Deux réactions:
Personne A: On se voit dans ce café à 5h?
Personne B: Ah non, je ne suis pas confortable. Je n'ai pas confiance dans le propriétaire.
Personne A: OK, rencontrons nous plutôt à blah.
Personne B: Oui bonne idée.
Ici il y a une décision mutuelle sur les conséquences d'une activité partagée.
2 De Franck -
C’est vrai que l’interlocuteur devrait avoir légitimement la possibilité de choisir ce qui est fait des méta-données qui le concerne et que je produis en lui envoyant un mail (par exemple).
Dans une relation un-à-un, pas de souci, on peut déterminer le meilleur canal et s’y tenir, sauf qu’en l’espèce c’est une “relation” de un-à-plusieurs et je ne vais pas créer autant de comptes mail et utiliser virtuellement autant de tiers — reste à trouver les tiers de confiance acceptés par les deux parties — pour gérer mes mails que j’ai d’interlocuteurs (en faisant l’hypothèse que je ne puisse pas gérer mes mails moi-même, ce qui est le cas de beaucoup).
Nous avons utilisé pendant des siècles les services de la Poste pour acheminer nos courriers. Je pense que la plupart des lettres étaient transportées de manière sûres jusqu’à leurs destinataires, mais rien n’empêchaient alors les transporteurs de collectionner les méta-données disponibles ce faisant (lieu de départ, lieu d’arrivée), quand ce n’était pas directement le contenu (exemple des cartes postales).
Il me semble difficile de ne pas laisser d’empreinte, dès lors qu’on transmet des données, et il me semble tout aussi difficile de faire en sorte que ces empreintes ne soient pas éventuellement utilisées (en chemin ou à l’arrivée).