À perte de vue des immeubles en béton, alignés comme à la parade devant la route et de l’autre côté la plage de sable fin. L’Adriatique, du côté de Pesaro, où nous allions souvent quand j’étais gamin. Nous logions dans un hôtel, de la 2e ou 3e rangée d’immeubles, gagnant probablement ainsi quelques lires sur le prix de l’hébergement, la distance avec la mer influant directement sur le prix de la chambre.
Une routine s’installait rapidement, avec le petit déjeuner et ces petits pains au goût introuvable ailleurs — je n’ai à ce jour pas retrouvé ce parfum particulier — suivi d’une séance à la plage, pour jouer avec tous les autres gamins italiens du coin. Le déjeuner, toujours dans la salle tout en haut de l’hôtel, avec les spaghettis en entrée sur lesquels, mon frère et moi, mettions le plus de parmesan râpé possible, on adorait ça, puis la sieste, invariablement, où nous avions le droit de ne pas dormir et de lire, à condition que ce fut en silence (nous partagions tous la même chambre), puis retour à la plage pour tenter de retrouver les copains — qui ne comprenaient pas un mot de ce qu’on pouvait leur dire, et c’était réciproque, mais on s’amusait bien —, qui bien souvent n’avaient pas bougé de là, sauf pour un aller-retour rapide au déjeuner.
La fin de l’après-midi nous ramenait à l’hôtel, non sans être passé sous la douche d’eau douce en haut des escalier qui montait vers la rue. J’adorais le goût et la sensation de cette eau non salée, après avoir passé tellement de temps dans les grosses vagues chaudes de l’Adriatique. Le dîner, enfin, puis de temps en temps une balade en ville ou vers le port, et parfois un dessin animé au cinéma, je me souviens d’un Tom et Jerry.
À perte de vue les parasols en tissu, alignés comme à la parade après la route et de l’autre côté de la barre d’hôtel du front de mer. L’Adriatique, du côté de Pesaro, où nous allions souvent…
1 De samantdi -
Ah qu'il est bien, ton texte ! Je m'y sens transportée, dans ce lieu, j'entends le bruit des vagues et je sens le goût du parmesan...
2 De Gilsoub -
Comme une envie de faire plouf, me rappelle des vacances en Adriatique, tout pareil on ne se comprenait pas, mais ce n'était pas un problème ! Si les adulte pouvait garder cet insouciance !
3 De lynxxe -
Ton texte m'a accompagnée dans la journée, j'y ai pensé souvent, pour sa tonalité poétique et parce qu'il m'a rappelé un état d'enfance, de vacances, de sensations, de routines qui s'installent, de ces moments où l'on ne comprend pas tout des affaires des grandes personnes mais où l'on a son propre monde. Je me disais que c'était cela écrire : tes mots qui réveillent des souvenirs chez ceux qui te lisent, qui font sentir vivant. Un vrai plaisir à lire et relire.