Elles sont tous les soirs sur mon chemin, quand je rentre du boulot. Après avoir garé ma moto dans le parking je parcours les quelques centaines de mètres qui me séparent de mon domicile et à chaque fois j’ai droit à un timide « Bonjour ».
Jamais plus, parfois rien.
Parfois je réponds « bonjour », parfois rien, la tête ailleurs…
Elles sont toutes asiatiques, parlent quelques langues différentes, parfois je crois reconnaître du chinois. Elles ont toutes un petit sac de course à la main, histoire de donner le change en cas d’un improbable contrôle policier.
Je passe tous les jours, et tous les jours elles m’interpellent d’un « bonjour « timide, lancé presque en chuchotant quand je passe à leur portée, jamais de très loin.
Il y a quelques mois il y a eu une descente policière, après une enquête de plusieurs mois racontaient les journaux et les trottoirs se sont vidés. Pendant quinze jours environ. Puis elles sont revenues, encore plus nombreuses qu’avant.
Je me demande si elles vont finir par me reconnaître, à me croiser ainsi tous les jours depuis des mois, mais qui ressemble plus à un blanc qu’un autre blanc ?
Les clients sont rares ou alors extrêmement discrets, ou alors les deux, qui sait ? J’en ai vu un négocier une fois, un autre partir avec l’une d’entre elle…
Je les plains parfois, surtout l’hiver ou quand il pleut et qu’elles sortent alors leur grand parapluie pour protéger leur tenue légère. Passer la nuit dehors à susurrer leur « bonjour » aux hommes pressés d’aller se mettre à l’abri, cols relevés et manteaux fermés.
Toute l’année elle disent « bonjour » aux hommes seuls qui passent par là, évitant soigneusement les couples et ceux qui marchent avec des enfants.
Bonjour et uniquement bonjour.
Peut-être ne connaissent-elles du français que ce mot là ?
1 De mirovinben -
Que ce mot ? En même temps, s'il faut en retenir un seul dans une autre langue, "Bonjour" est tip-top.
Le deuxième pouvant être "Merci", le troisième "S'il vous plaît" et le quatrième "Pardon".
2 De Bernard (l'autre) -
pour une fille de joie ça n'est pas utile...(stop), peut être, notamment quand elles se font cogner.
aussi, quand elles ne ramènent pas assez d’argent... avant de prendre des coups, voire plus...
Quant à fille "de joie", je me demande toujours "la joie" qui peut être trouvée dans ces relations strictement commerciales avec le client et, le plus souvent, de soumission à un ou plusieurs hommes qui leur arrachent l'argent qu'elles ont durement gagné et leur liberté...
Reste en ma mémoire des images (de la vie réelle) notamment sur ces filles quand elles deviennent âgées, les vitrines à Bruxelles et deux chansons.
Une, ancienne, dont je ne me souviens plus du titre ni de l'auteur, et qui raconte en substance ce qu'elles regardent quand elles sont avec un client: le plafond !
L'autre, dont j'ai déjà donné le lien, cette chanson de Ricet Barrier: "Putain de métier"
Plus loin, pour redevenir "romantique" (fleur bleue), ce film :
Un idiot à Paris de Serge Korber, avec, notamment, Dany Carrel (La Fleur) et Jean Lefebvre (Goubi, le "fada" du village) et des dialogues de Audiard