Brume

Brume : écran de fumée dispersée autour de l’état d’urgence — je ne vous rappelle pas ce qu’est et pourquoi on met en place un état d’urgence, d’ailleurs dans état d’urgence il y a urgence, et une urgence qui dure, comment dire… — censé nous assurer une atmosphère sereine pour aller voter ce jour et dimanche prochain.

On va donc aller voter en naviguant à vue, et choisir pas au hasard du tout le bulletin à glisser dans la petite enveloppe. Tiens, en parlant de naviguer à vue, vous n’avez pas l’impression que c’est un peu le cas là-haut ? Pilotage automatique indexé sur le taux d’opinions favorables pour l’exécutif.

J’avais appris, plus jeune, que l’armée était là pour protéger l’état, et la police pour protéger les citoyens. Doivent être dans la brume aussi ces derniers, à nous cogner comme ça (au sens propre et au sens figuré).

Tiens, d’ailleurs, à propos des soi-disants problèmes de redéploiement des forces de l’ordre, ça ne les empêche pas de faire du chiffre comme mercredi dernier où j’ai vu deux équipes d’au moins 3 personnes venir à une demi-heure d’intervalle verbaliser quelques véhicules pas trop bien garés. Ça donne pas du tout l’impression d’un état d’urgence s’ils ont le temps de faire ça, vous ne trouvez pas ?

Ou alors ils ont d’ores et déjà intégré que l’état d’urgence allait devenir la norme habituelle, au même titre que le plan vigie pirate l’était devenu depuis toutes ces années.

Toujours est-il que d’un point de vue électoral la gauche (sic) au pouvoir a réussi à s’accaparer une bonne partie de la population inquiète avant tout de sa sécurité. J’ai quant à moi l’impression que ça va surtout servir aux extrêmes, surtout à droite. Comme disent certains, vaut mieux faire confiance au bon dieu qu’à ses saints.

Le drame est que, si le parti de la famille Le Pen arrive un jour au pouvoir, il n’aura plus beaucoup de lois à changer : presque tout l’arsenal répressif dont il rêve sera en place et l’opinion publique sera habituée à cette absence de liberté au nom d’une sécurité qui ne sera jamais assez assurée. Quant à l’Europe qui nous empêche de nous défendre, pourquoi ne pas la quitter ? C’est cela le mollétisme : le calcul politique au détriment de l’intérêt d’une gauche qui est en train de perdre son âme et, surtout, de l’intérêt de la nation.

[ source : Libération - Coulisses de Bruxelles, Jean Quatremer : « L’impasse sécuritaire de François Hollande » ]

N’oubliez pas d’aller voter aujourd’hui !

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