Open-Source

Les cailloux et les cailloux

C’est le terme habituellement employé lorsqu’on parle des projets de développement collaboratif, comme Dotclear en est un, ou plutôt en était un.

Parce qu’aujourd’hui, non seulement la team des développeurs se réduit à une seule personne, mais, d’autre part, les développements à venir n’intéressent plus personne. Et quand je dis personne je m’adresse uniquement aux développeurs dont je fais partie.

Je ne sais pas si ça vient d’une trop grande maturité du projet ; Dotclear aurait-il donc absolument tout ce dont on a besoin pour bloguer, voire un peu plus.
Je ne sais pas si la stack techno est devenue trop vieille et plus du tout attrayante ni dans l’air du temps — cela dit j’ai tendance à me méfier de l’air du temps qui change tous les ans.
Je ne sais pas si je manque de « charisme » pour inciter les gens à contribuer. Peut-être une combinaison de tout ça, je ne sais pas…

Quoi qu’il en soit, une seule personne assure le développement aujourd’hui, et de mon point de vue, une seule personne, c’est dangereux.

Si tu as une pomme, que j’ai une pomme, et que l’on échange nos pommes, nous aurons chacun une pomme. Mais si tu as une idée, que j’ai une idée et que l’on échange nos idées, nous aurons chacun deux idées.

George Bernard Shaw

Dangereux parce que je pourrais être amené à faire des choix incorrects ou erronés.
Dangereux parce que je développe et implémente sans débattre réellement avec d’autres de la pertinence et de la logique de ce qui est intégré.
Dangereux parce que je ne suis pas non plus à l’abri d’un « accident » et que du coup le projet pourrait potentiellement se retrouver sans plus personne.

On vit sur un fil ténu, car il n’y a pas de designer, pas d’intégrateur, pas d’expert accessibilité, pas de dev. front, pas de dev. back (à part moi), pas de tous ces métiers qui sont aujourd’hui nécessaires pour aboutir à un logiciel fini, métiers que je ne maîtrise absolument pas, quand bien même j’arrive ici et là à pallier le plus urgent.

Maintenant le on du début de la phrase précédente est peut-être réduit à ma seule personne après tout. Et dans ce cas ça n’est plus grave du tout, puisqu’étant le seul risquant quelque chose…

Qu’est-ce que tu risques, à part tout casser ?

Je développe les prochaines versions de Dotclear. Je développe et maintiens plus d’une cinquantaine de plugins — soit 1/6e de tous les plugins dispos sur DotAddict, ce qui est assez significatif de l’absence criante de contributions extérieures quand on y pense ; et encore quand je dis 1/6e, probablement beaucoup plus puisque beaucoup d’entre eux ne sont plus maintenus —, plus encore une dizaine de thèmes.

J’ai parfois l’impression d’être tout seul sur le pont et c’est très exactement ce que je redoute. Parce que c’est déjà le cas côté boulot, je suis seul dans mon micro-service, seul à m’occuper de tout ce qui ressemble de près ou de loin à l’informatique ; et que j’ai voulu m’intégrer dans le projet Dotclear pour ne plus l’être, seul.

Drôle de paradoxe n’est-ce pas ?

Arc-en-ciel

Certes je m’amuse encore beaucoup avec le développement, surtout parce que je teste et expérimente des technos que je ne connais pas ou que je maîtrise encore mal ; parce que j’aime le code élégant et qu’il y a encore pas mal à faire ; parce que PHP, Javascript, HTML et CSS évoluent sans cesse et que ça ouvre plein de possibilités — je ne vais pas les énumérer ici, mais il y a largement de quoi.

Mais dans le même temps je rage de ne pouvoir discuter techno avec un ou plusieurs autres du projet ; du coup, parce que je connais mes limites, parce que je sais que je n’ai pas la science infuse, ça me freine considérablement, ne sachant pas si le chemin choisi est réellement le plus adapté.

A knotty puzzle may hold a scientist up for a century, when it may be that a colleague has the solution already and is not even aware of the puzzle that it might solve.

Isaac Asimov, The Robots of Dawn

Et puis il faut dire que mon syndrome de l’imposteur est en embuscade permanente, et même si j’arrive à m’auto-persuader que je « tiens la route », version après version, plugin après plugin, je reste tout de même à la limite de ce que je considère être ma légitimité.

Bref, l’Open-Source c’est génial, Open en général d’ailleurs et ce n’est pas par hasard que j’ai choisi « Open time, open mind, open eyes » comme baseline, toujours pour cette idée d’ouverture aux autres, sauf que les autres ont disparu !

Y’a quelqu’un qui code dans le coin ?


PS : Le mot clé « bonheurs du jour » associé à ce billet est un poisson d’avril, évidement.

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