Ganesh, le muezzin et les cloches du 13e

Street-Art dans le 13e — Auteur : C215

J’ai beau lire et relire les journaux et autres dépêches d’hier soir ou de ce matin, pas beaucoup d’infos sur la fête de Ganesh célébrée hier dimanche dans les rues de Paris. Je m’attendais pourtant à un déferlement de haine et de violence, à tout le moins dans les mots, au sujet de cette démonstration de ferveur religieuse dans l’espace public laïc de Paname !

Hier matin, dimanche de grass’mat donc, comme chacun dans la capitale, j’avais les fenêtres grandes ouvertes pour espérer un léger courant d’air susceptible de rafraîchir d’un degré ou deux la température ambiante. Soudain, volées de cloches comme tous les jours, particulièrement envahissantes dans ce quartier d’hauts immeubles qui réverbèrent le son d’icelles, à tel point qu’étant passablement intolérant au bruit je me suis demandé si je n’allais pas sacrifier la température au profit d’un peu de moins de bruit en fermant les fenêtres. Surtout qu’elles durent longtemps ces sonneries, en particulier le week-end d’appel à la prière et à la messe !

Bien sûr, à chaque fois que je les entends, je me pose la question de savoir comment réagiraient les habitants d’ici si c’était un muezzin qui chantait l’appel à la prière à la place de ces cloches sonores ! La réponse, vous vous en doutez, je la présuppose comme vous tous : un tollé évidemment.

Alors quand je lis et entends ici et là que tous ces démonstrations religieuses musulmanes envahissent nos rues et nos plages, je me gausse, parce qu’à part un voile ou deux — et encore, j’ai toujours eu du mal à différencier le voile musulman du voile juif du voile catholique ou du voile de chez le couturier à la mode, bref de tous les voiles sur les têtes — c’est franchement pas ce qu’il y a de plus visible ! Et puis sérieusement, quand il m’arriver de croiser une de ces femmes couverte des pieds à la tête par cette chaleur, mon premier réflexe est de la plaindre de devoir (ou vouloir) porter tout ça et pas de me dire qu’elle m’impose quelque chose !

Maintenant je n’ai pas l’intention de débattre de l’aspect contraignant ou pas des tenues imposées ou choisies par les femmes ; et d’une ça les regarde, et de deux, s’il fallait vraiment agir pour éviter ces contraintes, ce n’est pas en les interdisant qu’on y arriverait, mais plutôt en éradiquant l’espèce de pouvoir que les hommes leur imposent au nom de [ mettez ici n’importe quelle croyance, religion, conviction, … ].

Conclusion, tout ça n’est qu’un épouvantail typique du débat politique de ces dernières années ; épouvantail extrêmement pratique, facile et ré-utilisable à volonté pour éviter les sujets qui fâchent vraiment !

J’aimerais plutôt qu’on recause de cette loi passée au forceps et qui redistribue les cartes dans le monde du travail, et pas au profit des plus faibles. J’aimerais qu’on rediscute de cette inversion de courbe du chômage (de type A évidemment les autres ne comptent pas ou plus) qui masque un effet de bord de la mise en stage d’une bonne partie des chercheurs d’emploi et qui du coup ne comptent plus comme tels. J’aimerais qu’on remette sur la table la fabuleuse idée d’un revenu de base sans condition.

J’aimerais qu’on cause vraiment de politique et de comment on fait, avec les ressources qu’on a, pour vivre ensemble sans trop se marcher sur les pieds — oui, je sais, utopie, fiction, fantasme, tout ça, …

La prochaine campagne présidentielle promet d’être pénible, et ce n’est pas moi, homme, blanc (c’est-à-dire pas franchement bronzé), hétéro, gagnant plus que correctement ma vie qui suis le plus à plaindre, loin de là — tiens, tout d’un coup, j’ai beau fouiller ma mémoire, je ne me souviens pas si j’ai été un jour contrôlé par les forces de l’ordre (à part au volant ou au guidon s’entend).

Tiens au fait, l’état d’urgence, on en a repris pour combien de temps encore ? Jusqu’après les élections ou bien ? Du coup, les manifs’ de l’automne, les forces de l’ordre auront toujours consigne de nasser virilement les manifestants ou bien ? D’ailleurs, est-ce qu’on aura encore le droit de protester dans la rue à plus de quelques uns formant un attroupement troublant l’ordre public des puissants ou bien ?

Pour en revenir à Ganesh, dieu sympathique s’il en est puisque celui de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir ; j’aimerais assez une candidate qui porterait ces valeurs en étendard, et à défaut, je me conterai d’un candidat portant ces mêmes valeurs.

Voyez que je ne suis pas si difficile !

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