Les derniers billets de Thierry Crouzet étaient assez pessimistes, et puis celui-ci donne des pistes pour améliorer la situation. En remettant notamment à l’ordre du jour l’usage de la blogroll, ce réseau social numérique avant l’heure. Je l’avais supprimée de cet espace car ce n’est pas évident à maintenir (techniquement et émotionnellement) et je trouve que mon OPML est trop personnel pour le publier fréquemment.
David Blogrolls et découverte ,
Je viens de lire un petit article chez David Larlet qui réagi lui-même à la lecture d’un article de Thierry Crouzet qui se demandait comment sauver notre web, le personnel, celui qui perdure dans l’ombre des réseaux sociaux. L’idée de réactiver la blogroll est dans l’air, puisque justement, dans la petite liste (une douzaine de blogs) qu’il cite, un d’entre eux est en train de développer une solution technique qui s’appuie dessus.
Par curiosité, et parce que je m’occupe du développement de Dotclear depuis quelques années, et parce que je blogue sans discontinuer, et même quotidiennement depuis encore plus longtemps, je suis allé lire et observer les coulisses des derniers billets publiés sur chacun de ceux qui sont cités.
Sur les douze premiers, j’en ai compté trois seulement sur lesquels il n’est nul besoin de sortir du contexte de lecture pour réagir, on peut y laisser un commentaire — modéré ou non je n’ai pas essayé — directement sur la page concernée.
Sur ces douze, j’en ai compté quatre seulement — et les trois précédents en font partie — pour lesquels on peut, comme je pourrai tenter de le faire une fois ce billet publié, utiliser le système de pingback ou webmention pour « lier » ce que j’aurais écrit ici en réaction ou en relation avec leurs propos.
Malheureusement d’ailleurs, je ne pourrais pas commenter chez David, ni même utiliser un pingback/webmention/trackback (rétrolien) pour lui signaler mes propos ; et c’est je pense une des raisons qui fait que la blogroll des blogs s’appauvrit et qu’elle disparait sous l’horizon visible.
Nous avons l’habitude, chez Dotclear — j’entends par là ceux qui s’intéressent de près ou de loin à ce logiciel et qui l’utilisent pour publier —, tous les ans au moment de l’anniversaire de la sortie de la première version publique, le 13 août, de faire une fête des trackbacks (système qui est l’ancêtre des pingbacks et webmentions[1]. C’est plus ou moins réussi, notablement parce que le nombre de blogs qui tournent encore se réduit, en tout cas chez les copains, et que parfois on oublie de relancer l’idée, comme en 2016, mais ça maintient une sorte de lien sinon affectif au moins d’affinité.
David indique aussi que son « OPML » (aka sa blogroll) est trop personnelle pour pouvoir la publier. Je suppose qu’il parle de la liste des gens qu’il suit, probablement comme moi, à l’aide d’un agrégateur RSS/Atom et je suis tout à fait d’accord avec lui. Je ne publierai pas non plus mon « OPML » sans au préalable y avoir fait un peu de ménage — spécialement parce qu’avoir quelques liens « morts » ou inactifs n’est pas gênant côté agrégateur mais peut l’être lorsqu’on l’expose publiquement sur un blog.
De plus, maintenir une blogroll n’est pas facile, rien n’est automatique — encore un truc à développer si ça n’existe pas encore —, et c’est aussi une des raisons pour laquelle elle disparait, comme ça a été le cas ici même pendant très longtemps. Cela dit, je viens de la réactiver et je commence à l’alimenter petit à petit ; elle est encore incomplète ce matin. Elle est cependant visible sous le titre « Tribu », quelque part sur cette page.
Un autre aspect de la blogroll dont il faut aussi tenir compte est l’impact humain qu’elle peut avoir. Va-t-on peiner quelqu’un qui ne s’y trouve pas et penserait devoir y être et vice-versa d’ailleurs. Cette liste, publique, visible en permanence le plus souvent, est soumise au jugement de celui qui la consulte. Sans compter l’égo ou les égos qui viennent se rappeler à votre bon souvenir de blogueur : le visiteur qui clique sur un des liens de ma blogroll reviendra-t-il ici ou sera-t-il perdu à jamais ?
La blogroll est une bonne idée. Les blogs avec la possibilité de commenter aussi, tout autant que ceux qui permettent de les rétrolier. C’est la raison pour laquelle je maintiendrai ces possibilités dans Dotclear et ici même ; je trouve juste un peu dommage que les deux-tiers des blogs se ferment à autrui en n’ouvrant pas ces possibilités. Pour moi, sortir du navigateur ou juste de la page, ouvrir un mail, rappeler du coup le contexte de sa réaction (à coup de copier-coller entre le billet et le mail), etc, est rébarbatif le plus souvent.
Peut-être que je suis qu’un vieux râleur feignant, un footer de merde quoi !
Note
[1] Ces derniers seront au programme de la prochaine 2.11 de Dotclear, en début d’année 2017.
1 De Sacrip'Anne -
Et bien je suis bien d’accord avec toi.
(Bon, ok, j’ai commencé par lire OKLM au lieu de OPML, mais même après autocorrection, je suis d’accord :D)
2 De Jean-Christian Paul Denis -
Réseaux - Jean-Christian Paul Denis
(…) Aujourd’hui sur internet les gens sont liés par les réseaux sociaux, la plupart croie même qu’il n’existe que ça, Facebook, Twitter, ou je ne sais quel Snapchat… Mais le web, l’internet (les (…)
3 De Tomek -
Complètement. Et on a aussi beaucoup tendance à commenter sur les réseaux plutôt que sur les blogs, peut-être que c’est un des facteurs de raréfaction de possibilité de commenter ?
Ce qui me chagrine également est le recours à Disqus (notamment) pour gérer les commentaires… un truc dont la confidentialité est pour le moins limitée.
En tout cas, ma blogroll n’a jamais déserté mon blog… :-)
4 De Franck -
Disqus, tout un poème :-) D’ailleurs, parmi les 3 blogs dont je parle plus haut et sur lesquels on peut laisser un commentaire, l’un d’entre eux utilise ce système.
Maintenant je comprends qu’on hésite à ouvrir les commentaires chez soi, parfois source de plus d’inconvénients que d’avantages : spam, modération parfois nécessaire, trolls — encore que pour ces derniers ça puisse se discuter !
Par contre, qu’on n’intègre pas plus ce qui fait le lien plutôt facilement via les pingbacks et consorts, alors que ce n’est qu’une ou deux lignes dans le code de la page, ça m’étonne toujours…
5 De JcDenis -
+1
Et, heu, mon retrolien n’a pas marché :(
6 De Franck -
Si il a fonctionné, juste intercepté par Akismet, je viens de le libérer :-)
7 De Sylvain -
Tiens j’avais déjà remarqué le “De Anonymous blog” chez moi aussi dans le nom du retrolien, un bug peut-être ?
8 De Franck -
Je ne sais pas trop, je vais tester le rétrolien chez JcDenis pour voir…
9 De Franck -
Eh bien non, ça coince chez lui : « Something went wrong : Trackback not allowed for this URL. ». Mais il y a peut-être un filtre, genre FairTrackback, que je trouve justement pas très fairplay, qui empêche de passer ?
10 De JcDenis -
Voir falloir remettre en route la machine à trackback :)
Et je regarde ces jours ce qui coince chez moi, mais fairtrackback, entre autres, vérifie que tu parles bien de moi dans ton billet ;)
Sinon le Anonymous Blog est normal, c’est codé en dur.
11 De Actualités -
★ Blogrolls et découverte |
(…) Blogrolls et blogs (cache) (…)
12 De Franck -
JcDenis c’est justement ce que je reproche à FairTrackbacks : l’obligation d’insérer un lien dans le corps du billet. À mon sens ça n’a rien d’obligatoire et ça ne devrait pas l’être.
Je vais pas modifier mon billet (je parle de manière générique), à chaque fois que je trouve un nouveau rétrolien à faire, sinon c’est plus la peine de rétrolier, le lien dans le billet, s’il n’a pas de rel="nofollow" devrait normalement conduire au billet lié. Du coup pas vraiment besoin de rétrolien.
13 De JcDenis -
Tu vas être déçu, webmention requiert également qu’un lien existe dans le billet !
Je trouve ça plutôt normale, sinon rien ne m’empèche de faire du spam à tout va sur tes billets dès que je parle de Dotclear sur mon blog et tu finirais par désactiver les trackbacks :)
14 De Franck -
Euh oui, l’argument est un peu fallacieux vu la quantité astronomique de spam qu’on reçoit via les trackbacks, soit environ zéro depuis des années :-)
Sinon tu veux dire qu’une URL indiquée à la main dans le textarea idoine (onglet rétrolien) ne suffit pas à faire une webmention chez le copain d’en face ?
15 De JcDenis -
Tout à fait, celui qui reçoit la mention vérifie qu’il est bien cité à la source. Tu ne l’as sans doute pas vue dans le code car il reprend la même fonction que pour les trackbacks dans… fairTrackback.
(Et donc sans distinction, si tu désactives fairTrackback, tout passe.)
16 De Franck -
Alors dans ce cas, ça me va si je peux ouvrir comme ça en désactivant FairTrackbacks ;-)
17 De Marie -
Ahlàlà, cette petite phrase résume tellement bien une de mes sources de cogitation actuelles ! Ceci dit, je cogite moins sur la blogosphère « technique » des artisan·e·s du web dont nous faisons partie, que sur la blogosphère plus élargie que je suis depuis des années (à la fois « lifestyle » et culturelle).
Je constate, régulièrement, que les blogs que je lisais, parfois depuis une éternité, ont mis la clé sous la porte, voire, pire, ont totalement disparu de la toile, leurs archives avec (petite pensée pour « le web qui rouille » – cette conférence m’aura tellement marquée !).
Et que dire encore de l’appauvrissement du propos, sur les blogs survivants ? Entre contenus sponsorisés, blogs bardés de publicités, et autres concessions éditoriales au nom du profit (bien médiocre en général), j’avoue que je ne me retrouve plus dans les choix faits par certain·e·s blogueurs et blogueuses que je lisais pourtant depuis longtemps.
Je repense là encore à une conférence, cette fois-ci celle d’Antoine Fauchié à Sud Web 2016, dans laquelle il a parlé des « fanzines des gens du web », faisant ainsi l’éloge des sites et des blogs perso.
Je trouve l’idée tellement séduisante que je suis quelque peu revenue sur ce que je prônais dans « le design de soi » (à savoir, tout mélanger au sein de sa vitrine numérique, pro et perso, en mode « à prendre ou à laisser »).
Je me rends mieux compte aujourd’hui à quel point il est libérateur de ne pas tout mélanger, justement, et de cultiver, sinon son jardin secret (car rien n’est jamais vraiment secret sur le net), du moins son petit jardin à l’abri derrière des feuillages.
Qu’il s’agisse d’anonymat, de pseudonymat, de conditions d’accès à tel ou tel contenu d’un blog (mot de passe ? identifiants ? restriction quelconque ?), il existe pas mal de solutions pour continuer à bloguer « comme avant », avant que notre visibilité professionnelle ne s’en mêle et nous complexe vis-à-vis des sujets « abordables » ou pas. (Je parle d’expérience !)
Il est vrai, je m’éloigne un tantinet du sujet initial de ton billet. J’y reviens donc !
Je tiens énormément à ma page de liens, et au concept même de blogroll. C’est le seul moyen que je connaisse pour découvrir des blogs de qualité ! Lorsque je découvre un blog que j’adore, et que je vois qu’il y a une blogroll, tu peux être sûre que je vais cliquer sur tous les liens, gonflée d’espoir de tomber, peut-être, sur une nouvelle pépite. C’est rare, mais ça arrive.
Enfin, un mot au sujet des auteurs de blog qui ferment les commentaires : pourquoi ? Je n’ai jamais, jamais, jamais compris l’intérêt, surtout maintenant que la modération des commentaires est si aisée (ok, j’utilise WordPress, mais je suis sûre que dans Dotclear c’est facile aussi !).
Personnellement, les échanges permis ainsi sont une des raisons principales pour lesquelles je continue de bloguer, en dépit de la fatigue que je ressens régulièrement, et du manque de confiance en moi. J’ai la chance d’avoir toujours eu de super commentaires à la suite de mes billets, et cela m’a toujours énormément apporté, tant sur le plan humain et émotionnel que technique. Si je n’avais plus aucun commentaire ni aucun retour, je laisserais complètement tomber, je crois. Ce qui ne veut pas dire que je cherche ainsi à être légitimée, non ; mais que ces échanges me nourrissent et me sont nécessaires, pour élargir mes horizons et ajouter du grain à mon moulin cérébral.
Quant aux rétroliens, j’en suis également très friande ! Quel plaisir de découvrir encore d’autres blogs par ce biais… Les rétroliens font partie de ces choses, comme les flux RSS, dont je ne comprends pas l’abandon massif. C’est tellement pratique !
Allez, je m’arrête là pour aujourd’hui. :) Merci pour ce billet, si juste et si bien écrit.