Les réseaux : Twitter, Facebook, Mastodon, … ; Tiers : parce qu’ils sont arrivés, dans ma vie numérique, après ma blogosphère.
Jeudi dernier, après avoir rebondi sur deux billets que j’avais lu dans mon agrégateur de flux — on ne dira jamais assez de bien de cette techno qui permet de suivre l’actu (ou de faire sa veille) d’un nombre gargantuesque de sites ; le second rebondissant d’ailleurs sur le premier pour enrichir le réflexion, je me suis dit que ça serait bien que je prévienne les deux auteurs que j’avais fait de même de mon côté, toujours dans l’optique de confronter nos sentiments et réflexions à ce sujet.
Évidemment, avec Dotclear, je clique sur le 3e onglet qui permet de signaler ça à autrui, via trackback/pingback/webmention interposé, puis je lance la recherche automatique pour récupérer les URLs qui permettront de faire le lien. Résultat ? Chou blanc. Rien, nada…
Je suis alors retourné sur les deux sites en question et j’ai constaté … eh bien rien en fait. Pas de commentaires possibles. Reste le mail, si on le trouve, sauf qu’on sort pas mal de l’immédiateté (relative) des interactions, ou alors tenter de trouver les auteurs sur un des réseaux tiers que je mentionnais en liminaire, et puis ensuite… Ça devient ultra compliqué en fait !
J’ai souvent entendu des blogueurs justifier le fait de ne pas avoir de système de commentaires chez eux pour cause de spam. À la réflexion je trouve ça plutôt étrange si je fais l’analogie avec le mail. Personne, que je sache, n’a arrêté d’utiliser le mail pour cause de spam, pourquoi alors couper les commentaires alors qu’on possède depuis longtemps les outils pour éviter les indésirables ?
Je constate du coup un assèchement des relations et je pense que ce n’est pas étranger à la désaffection des blogs depuis des années. Les dites relations ayant (mal) migré sur les réseaux tiers. Au passage celles-ci ont été franchement accélérées — ou dégradées, selon le point de vue — car leur portée ne dépasse plus guère les quelques secondes pendant lesquelles le tweet (ou son équivalent) est dans la ligne de mire avant d’être englouti par les suivants.
Là où le temps des échanges via les blogs duraient plusieurs heures, voire jours, on est passé maintenant à quelques secondes, voire minutes dans le meilleur des cas. Largement en deçà du temps de réflexion ! Sans compter la dispersion puisqu’il y a peu ou pas d’interactions entre ces réseaux. Je me demande ce qu’il reste du rapport humain dans ces éphémères conditions.
Ce n’est pas la première fois que je parle de ce ressentiment, ça va d’ailleurs devenir un marronnier à force. Mais c’est pas grave, un blog c’est fait aussi pour ça :-)
Ou alors c’est une réflexion de vieux, allez savoir !
C’est la même chose dans toutes les sociétés : partout cohabitent, d’une part, une jeunesse pleine d’ardeur, et d’autre part la vieillesse qui calme le jeu.
Iain , L’Usage des armes
1 De mume -
Tout d’accord avec toi…!
2 De Cunégonde -
C’est con mais un blog où on ne peut pas laisser de commentaire ne me donne pas envie de le lire. Y a pas d’interaction.
3 De Emmanuel -
Certes, mais à la différence du mail ou chacun possède une copie de la conversation, les commentaires sont éparpillés, uniques et susceptibles de disparaître au bon vouloir du responsable du site, ou si le site disparaît du paysage.
4 De Bernard -
J’ai constaté, effaré, que certaines de mes connaissances gardent ouvertes, sur leur ordis, leurs connexions sur ces réseaux 24h/24 et 7jours/7, même en étant absents de chez eux/absentes de chez elles…
Je me suis déjà fait “engueulé” après avoir posté des messages sur un de ces réseaux un peu tard le soir. Motif :
Mille milliard de mille sabords! Je n’avais pas imaginé une seconde que leurs connexions à ces réseaux les poursuivaient à ce point.
Est-ce parce qu’on est “vieux” ? Non, car les personnes que je cite ne sont pas des “d’jeunes”. Plutôt, amha, parce qu’on a une expérience de ce monde-là: (je suis déjà intervenu sur des ordis pour nettoyer les infections et autres bestioles qui s’y étaient introduites)
Et puis il y a aussi cette frénésie du rester connecté au reste du monde à chaque seconde qui me tarabuste; tout autant que ce besoin de vitesse imposé par ce mode de vie (écriture des sms avec deux ongles, lecture des messages en diagonale, réponse instantanée, etc…)
Tout semble indiquer qu’il faudrait, aujourd’hui pour “être” (ou sembler exister), aller vite (voire très vite) et, ce, partout à la fois…
Perso, je préfère suivre ce conseil de “vieux”:
…. mais sans téléphone portable et autres objets “connectés” à proximité !
5 De pinkilla -
Certains ferment les commentaires parce qu’ils n’en ont quasi jamais. Ils se disent qu’un tweet peut faire l’affaire.
6 De Franck -
Emmanuel eh bien je ne suis pas très d’accord. Un commentaire est une contribution dans le contexte ; si ce dernier disparaît, ça ne me paraît pas inopportun que les commentaires disparaissent avec. De plus le mail reste privé (a priori) ce que n’est pas le commentaire.
7 De Emmanuel -
Oui, un commentaire est une contribution dans le contexte, nous sommes d’accord sur ce point. Le mail privé oui, avec un cercle de destinataires plus où moins large.
Et du coup, je pense aux mailing-list, qui peuvent être publiques et où chacun peut quand même disposer de ses propres commentaires en local (et de l’intégralité des messages d’un échange même).
Je pense aussi aux mécanismes qui envoient un email suite à commentaire sur un blog (certains envoient une copie il me semble).
Je continue de trouver pratique et intéressante la possibilité de garder la trace de ce qu’on raconte à droite et à gauche, pour retrouver ce qu’on a dit un jour (ça m’arrive régulièrement).
trackback/pingback/webmention sont bien pratiques pour ça (Indieweb et Cie).
8 De Pep -
Si je peux me permettre… :-)
J’aimerais tout de même relativiser un peu cette histoire de “contexte”.
D’expérience (victime comme coupable), un commentaire est souvent un réceptacle à “private jokes” qui débordent, voire sont totalement déconnectées, du contexte propre au texte auquel ce commentaire est supposé être associé. Je trouve alors que ce fameux contexte risque de s’en trouver parfois trop altéré.
Tous les commentaires ne servent pas à démarrer ou à entretenir une discussion relative au sujet initialement traité. Lorsqu’il ne s’agit plus que d’interactions brèves ou de remarques de l’ordre du “poke”, la différence avec une bête réaction sur l’un des réseaux sociaux me semble mince. Très mince.
Et tout blog n’est pas destiné à se transformer en forum de discussion, non plus.
Mais c’est une opinion personnelle (et biaisée), évidemment.
:-p
9 De Franck -
C’est assez paradoxal, en fait, de voir ce système de commentaires dans le contexte du billet plutôt décrié, parce que troll, private jokes, pas de … etc et finalement arriver sur un sujet comme celui-ci à un fil de commentaires qui me paraît plutôt de bonne tenue ;-)
Ne changez rien \o/
PS : Les mailing-lists, malgré le bien que je peux en penser (elles ont aussi de gros défauts), impliquent une démarche supplémentaire et déportent la discussion sur un « réseau tiers », ce qui revient finalement au même.
10 De Pep -
“Remis en question”, “dédaigné” peut-être, mais pas “décrié”.
Il faut toujours que tu exagères ! :-p
Quant au fil des commentaires de ce billet, il figure probablement dans les 5% de fils “de bonne tenue” que j’ai dû croiser ces 6 derniers mois. Et je me sens d’humeur généreuse et optimiste, aujourd’hui. :-)
Sinon, comme toi, je ne suis guère convaincu par le recours aux mailing-lists. Au final, on retombe sur les webmentions, qui semblent être la meilleure piste à retenir en cette période.
Jusqu’à ce qu’elles soient, à leur tour, vandalisées.
OK. Mon optimisme n’aura pas duré bien longtemps…
11 De Tomek -
@Franck: bien d’accord avec ton billet et le commentaire.
12 De Tomek -
Arf, et voilà paf, plein de commentaires entre temps (et je n’ai pas rechargé la page alors que je pensais que si), et le mien n’est plus trop pertinent…
Sinon Pep, je te trouve un brin sévère sur la proportion de fils de com’ de bonne tenue. Mais on ne suit sans doute pas les mêmes ! :-P
13 De Pep -
Boah…
Ça dépend de l’humeur, mais c’est vrai que, lorsqu’il s’agit des commentaires, j’ai plutôt tendance à être de ceux qui ne remarquent que les trains en retard. ;-)
14 De Bernard -
Perso il m’est arrivé de fermer les commentaires pour plusieurs raisons:
En fait, pour le suivi, je conserve des stats et j’ai indiqué une adresse mel de contact, au cas où. C’est pratique pour moi, si quelqu’un veut poser une question il sait où me joindre.
Je gère ça comme mon mobile: N° de tél inconnu ? -> je ne décroche pas: il y a la possibilité de me laisser un message ! (=>filtre)
Quant à la notion d’archives (c’est mon dada pour ce qui concerne les fonds audiovisuels), je sais le boulot que cela représente d’avoir à gérer un nombre d’archives important et qui augmente régulièrement.
Pour ce qui concerne Dotclear (blogs) gérer ses archives me semble relativement facile si on utilise, au préalable, un classement par mots clé et donne un titre explicite au billet/page; mais c’est du boulot, hein !
Sur les rézos autres (FB, tweeter…), amha l’expérience Facebook me semble indicative du mode de fonctionnement: c’est le gestionnaire du réseau, pas l’utilisateur qui impose à la fois comment “catégoriser” et ce qui est affiché sur la page d’accueil. Donc, in fine. ce que l’utilisateur va récupérer, et comment il va s’en sortir pour traiter “ses” archives.
Il y aurait plein de choses à dire quant à blogs/autres réseaux. Mais, pour ce que j’en vois, il me semble que les blogs ont gagné par la qualité dans leur présentation et leur contenu rédactionnel.
Face à d’autres moyens de communication où l’important me semble être la vitesse de réactivité et l’audience (ou prétendue audience). Sans omettre la pseudo gratuité: un bloc nécessitant un hébergement.
15 De Bernard -
correction:
un blocun blog nécessitant, le plus souvent, un hébergement16 De Stéphane Deschamps -
Ouais, comme dit Pep :
Tout fout le camp.
Moi j’ai laissé ouverts les commentaires, et je n’en vois plus souvent la queue d’un.
Mais effectivement ton blog Franck est un des rares où l’on lit encore des commentaires pertinents. Ça fait du bien.
17 De Sacrip'Anne -
Entendu il y a quelques jours en réunion de la part d’une jeune collègue “non mais les commentaires sur les blogs ça se fait plus, c’est trop années 2000”.
Et ben tant pis pour eux et tant mieux pour ceux qui s’y accrochent et y trouvent encore du bonheur.
18 De Franck -
Tu pourrais leur demander, à ces jeunes là, s’ils utilisent encore le mail qui existe depuis un demi-siècle ;-) So seventies !