Cinq ans que je n’avais pas mis les pieds chez un ophtalmologiste, parce que la correction des verres que j’avais jusqu’à présent me convenait plutôt — à part quand la fatigue oculaire vient jouer les trouble-fêtes, mais ça on n’y peut pas grand chose quand on est un geek comme moi — et que j’avais profité de la possibilité de réutiliser une ordonnance de moins de 3 ans pour faire refaire ses lunettes.
Cinq ans donc, que j’utilise des lunettes au format interview (vision de près et vision intermédiaire), parfaites pour bosser avec des écrans de tailles et de positions différentes sans gêne.
Il faut savoir que je suis (légèrement) myope, depuis plus de vingt-cinq ans et presbyte depuis une demi-dizaine d’années. L’effet combiné des deux défauts fait qu’au delà d’un mètre, environ, j’ai une vision parfaitement nette sans avoir besoin de porter de lunettes correctives.
Il y a tout de même une gêne récurrente quand les lunettes ne corrigent que la vision de près, c’est que lorsque tu fais du vélo, ou de la moto, et que tu dois t’arrêter pour vérifier ton chemin sur le GPS ou sur le téléphone, ou lire un message, tu es obligé de rechausser celles-ci, à condition de les avoir à portée de main, ce qui n’est pas toujours le cas ou pas toujours très pratique.
Bref, pour cette raison je m’étais dit que ça serait chouette d’avoir des lunettes qui m’offrent le meilleur des trois mondes : pas de correction pour la vision de loin, une correction légère pour la vision intermédiaire et une correction complète pour la vision de près. La réponse à ça, m’a confirmé l’ophtalmo que j’ai vu il y a quelques jours, c’est le verre progressif.
Ok ; mesures (au passage ma vue de près a tout de même changé depuis quelques années1), ordonnance, puis je file chez l’opticien pour commander mes nouvelles lunettes. Choix de la monture, repérée à l’avance (celle de la photo ci-dessus), prise de mesures pour les réglages en fonction d’icelle, et je suis retourné chercher ma paire de lunettes hier midi.
La catastrophe !
Autant pour la vision de loin c’est parfait, ça couvre environ les 65% supérieurs des verres, autant en dessous je ne vois plus rien, ou plutôt je vois une ligne de texte nette et le reste flou, quelle que soit la position, l’orientation ou la distance de l’écran (ou de la feuille de papier).
Par exemple, en prévisualisant ce billet, avec mes anciennes lunettes c’est quasiment net sur toute la hauteur et la largeur (petit bémol vers le bas), sur mon écran de Mac positionné à environ 40 centimètres de distance devant moi ; avec les nouvelles voilà ce que je vois net (le reste étant tellement flou que ça gêne la lecture de ce qui est net)2 :
Avouez que ça fait peu et que ça handicape quand on passe son temps devant un écran !
Quand au téléphone qui a un écran qui fait environ 6 pouces de diagonale, je vois net sur environ un tiers de la hauteur et à peine sur toute la largeur. À condition toutefois de le tenir juste sous le nez et de lever la tête pour profiter de la correction de près, tout en bas des verres.
On m’avait prévenu d’un temps d’adaptation qui pourrait durer jusqu’à plusieurs jours ; mais en l’état je suis dans l’incapacité de travailler, ou même de lire, et je ne vois par conséquent pas comment je pourrais m’adapter vu que mon boss va moyennement goûter l’excuse de « Ah mais j’ai pas pu avancer parce qu’avec mes nouvelles lunettes je ne vois rien ! ».
Normalement l’opticien, d’après les CVG, est tenu de me remplacer les verres s’ils ne conviennent pas, dans les trois mois, et une seule fois. Sauf qu’à ce stade :
- J’hésite à revenir au format interview et perdre l’avantage de pouvoir les porter en permanence sur le nez.
- Avec un seul remplacement possible des verres, s’ils me proposent de refaire les réglages, la fois suivante c’est pas loin de 600€ qu’il me faudra débourser pour remplacer à nouveau ceux-ci.
- Je me demande même, vu la différence entre les deux ordonnances, si l’ophtalmo ne s’est pas un peu planté quand il a mesuré ce qu’il fallait mesurer.
- Faut-il que j’aille consulter un autre ophtalmo avant de prendre une décision ?
- Faut-il que je persévère et que je me force à porter les nouvelles lunettes en essayant d’oublier au passage les nausées continuelles ?
- Est-ce que la différence de netteté relève réellement de l’adaptation nécessaire ou il s’agit d’autre chose ?
Je vous avoue que tout ça me laisse perplexe et me porte à me tenir pour seul responsable/coupable d’avoir voulu plus de confort.
À l’automne 2016, les corrections portées sur l’ordonnance (verres interview) étaient celles-ci :
Vision de près :
- Œil droit : (80° + 0.25) +2.00
- Œil gauche : (90° + 0.25) +2.00
À l’automne 2021, les corrections portées sur l’ordonnance (verres progressifs) étaient celles-là :
Vision de loin :
- Œil droit : 0
- Œil gauche : (165° - 0.25)
Vision de près :
- Addition +2.50
Si je comprends bien, ma myopie est très légère sur l’œil gauche, ça n’a pas bougé depuis des lustres. Ma presbytie a augmenté (+2.00 → +2.50). Quand au reste, aucune idée, surtout sur ce qui est entre parenthèses !
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Ce que je trouve un peu bizarre puisque mes lunettes faites d’après une ordonnance d’il y a cinq ans me conviennent encore parfaitement pour travailler et lire tous les jours. ↩︎
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Et je parle pas de l’aller-retour entre l’écran et le clavier, je navigue dans un brouillard permanent ; heureusement que je connais bien mon clavier ! ↩︎
1 De Flo -
L’adaptation, c’est en termes de trouver la bonne inclinaison du visage pour viser dans quelle partie du verre tu regardes, et aussi en terme de nausées, dans les escaliers par exemple. Pour moi, à chaque nouvelle ordonnance, ça a duré 24h environ. Mais les corrections doivent être bonnes dès le début. Enfin, c’est mon expérience des progressifs.
2 De Franck -
J’essaie toutes les inclinaisons possibles et je fais de même avec la distance, inclinaison des écrans ; rien n’y fait, juste une ou deux lignes nettes et pas sur toute la largeur d’un 15 pouces par exemple.
Bref, ça va pas le faire :-)
3 De Catherine -
Un peu de trouble est normal les premiers temps, pour quelques mouvements : descendre les escaliers, picorer dans son assiette et non sur ses genoux, mais assez vite, on s’y fait. Perso, j’ai des opticiens de confiance, Atelier I…, Rue Saint Lazare. Je ne les lâcherais pour rien au monde, car ils sont sympas, très attentifs, vendent de très jolies montures, etc. La vue est mon sens principal, ça ne rigole pas. Courage !
4 De Franck -
Certes Catherine, sauf que dans mon cas il ne s’agit de gêne pendant les mouvements, ce que je conçois tout à fait, mais de gêne avec la tête et les yeux immobiles, idem pour ce que je regarde ; on est plus dans le même registre je pense.
5 De Cunégonde -
Tu ne paieras rien pour changer tes lunettes si y a une erreur de l ophtalmo. L opticien doit tout prendre à sa charge.
6 De Franck -
Retour de l’opticien, après explications diverses et détaillées, ils me remplacent les verres par des interview comme mes actuels sur mes anciennes lunettes ; c’est le mieux à faire d’après eux.
7 De Catherine -
Bon… Tant mieux ! Mon temoignage visait à décrire une certaine normalité dans la période d’adaptation, non à mésestimer ton vif inconfort.