
Depuis que je m’astreins à décrire les photos que je publie j’ai perdu toute spontanéité dans ma façon de montrer, ou dit autrement, l’image capturée sur le moment et que je voudrais publier dans l’instant ne le sera pas et restera dans mon appareil — le plus souvent mon smartphone — le temps que je me décide à prendre le temps de décrire celle-ci pour la rendre accessible.
Et parfois, et de plus en plus souvent, je ne publie rien, parce que je n’ai pas le temps de décrire, ou parce que la description en elle même est ardue — c’est un réel exercice qui (me) demande concentration et un environnement idoine, sans bruits par exemple. J’ai d’ailleurs énormément d’interrogations sur ce qu’il faut ou ne faut pas décrire — couleurs, détails, plans, … —, ce qui freine le processus et parfois décourage d’aller au bout.
J’ai tenté à plusieurs reprises d’utiliser la dictée vocale pour faire ça, mais d’une part elle a ses défauts et il faut repasser souvent derrière pour corriger — défaut de prononciation de ma part, environnement sonore dégradé — et d’autre part je n’aime pas faire du bruit en public pour des trucs qui ne concernent que moi sur l’instant.
Par ailleurs cette métadonnée n’est pas toujours bien « transportée » d’un appareil à un autre, d’un réseau social à un autre, et souvent, quand je télécharge l’image publiée par mes soins je découvre que la description que j’avais pris le temps d’ajouter n’est pas intégrée aux métadonnées du fichier récupéré. On perd là aussi énormément de fluidité, de spontanéité quand il faut au mieux faire du copier/coller ou refaire la description manquante.
J’attends avec impatience le jour où une aide intégrée au gestionnaire de photo sur mes appareils me libèrera de cette tâche ; voilà un excellent domaine d’application de l’IA et je me demande pourquoi ça n’est pas déjà fait ! Ou alors ça existe et je ne le sais pas (encore) ?
Vous faites comment, vous ?
1 De Deidre -
Je l’avoue, si je m’astreins également à le faire sur mastodon, pour le moment, je restreins la description au strict minimum. Je trouve également l’exercice difficile… Ce n’est pas pour rien que nous préférons souvent les images aux mots.
2 De ludo -
J’ai le même problème. Il m’arrive toujours d’être spontané et c’est souvent sans accessibilité.
3 De urbanbike -
Comme vous, j’éprouve ces freins à décrire un cliché pour la bonne raison que c’est mon œil (…ajoute des mots comme …culture, habitudes, plaisir esthétique, contraste, des meilleurs et j’en passe) qui a cadré sans un processus intellectuel, bavard…
La lumière a fait le reste.
Aussi suis-je à la peine à expliquer une prise de vue instinctive.
Enfin, je n’ai pas le vocabulaire pour décrire un réverbère dont l’ombre se détache sur un mur.
Faut-il également décrire ce réverbère, son usage, s’attarder sur l’ombre projetée sur une surface bâtie qui recèle elle-même de détails (un arc en brique comblé de pierres dans laquelle une ouverture moderne a été percée).
Comme mes pouëts ont une durée de 15 jours, j’ai laissé tomber.
4 De tout lu -
Justement les images ne sont pas accessibles aux personnes mal voyantes, utilisant un lecteur d’écran, aux personnes n’ayant pas la même vision (pensée) que l’auteur et donc ont besoin de description.
Ce n’est que penser à soit/ses capacités de dire cela.
Je comprends la réaction de l’auteur, ce n’est pas un exercice facile dans tous les cas, parfois c’est trop compliqué, parfois pas l’énergie pour etc.
Sur Mastodon personnellement je ne publie plus d’image/photo ou ne les repartage plus en l’absence de description. Rares sont les fois depuis 1 an et demi où je publie une photo image sans description, auquel cas je le précise et bien souvent une âme charitable la décrit en commentaire, mais il ne faut pas compter sur ça pour se dire qu’on a pas besoin de ne pas mettre de texte alternatif…
N’ayant pas de problème de vision les descriptions de médias on pourrait croire que ça ne me touche pas et pourtant ils me sont très souvent utiles pour comprendre/rajouter des informations à ce que je n’aurais pas pu comprendre dans le message texte d’origine.
Mais pire que l’absence de description je trouve sont : - les reprises mot à mot du message texte pour décrire l’image qui ne contient pas du tout cela - les descriptions : image d’illustration, droit réservés etc - les majuscules de partout pour mettre l’accent sur un mot alors que c’est une description le plus souvent utilisée par et pour les personnes ayant des difficultés visuelles Et sûrement d’autres exemples.
5 De Franck -
Voilà, le médium est différent et passer de l’un à l’autre (image vers mots) est compliqué.
6 De Diablotin -
Ça me rappelle mes études lointaines en arts appliqués, où l’enseignant nous proposait des “dictées” d’oeuvres graphiques : il nous décrivait une image manière très détaillée -les différents plans, à gauche, à droite, au centre…, les formes et les couleurs, les personnages et les objets…-. Cela nécessite un vocabulaire relativement précis et riche, mais, étonnamment, nous arrivions à des résultats assez similaires dans les productions finales des uns et des autres, assez proche de l’image dictée -qui nous était évidemment inconnue au préalable-, à quelques nuances près.
7 De Franck -
Oui c’est intéressant comme exercice, mais comme tu dis, il faut le vocabulaire idoine et on ne l’a pas toujours à portée de ciboulot ;-)
8 De Michel Loiseau -
Bonjour, Parfois, et même assez souvent selon le style du photographe, il me semble que la description est superfétatoire. Si je regarde une photo de Doisneau, je n’ai pas vraiment envie de savoir où elle a été prise, dans quelles conditions, à quelle date. Il en va, c’est un fait, pour la photo de presse, la photo de reportage. Là, oui, c’est nécessaire et essentiel. Pour la photo du jour que tu es en train de traiter, je me dis que ce n’est pas bien important pour moi de savoir qu’elle a été faite au Portugal. Maintenant, si la question est de savoir s’il est important de décrire une image pour les personnes mal-voyantes, c’est tout autre chose et je reconnais que je ne réfléchis pas assez à cela.
9 De Franck -
Michel je parle bien de l’accessibilité pour les non et mal-voyants et je ne remets pas en cause la nécessité de leur fournir une alternative textuelle, bien au contraire.
10 De Benjamin -
C’est triste si ce blocage t’empêche de poster. J’ai l’impression que tu te mets vachement la pression quand même… Je pense qu’il faut aussi du lâcher-prise sur la “fidélité”, parce qu’au final c’est illusoire de vouloir retranscrire 100% des aspects d’une photo. Si ça peut t’aider, je me rends compte que souvent je décris mes images en deux phrases, l’une qui décrit la scène générale, l’autre qui apporte des détails sur le sujet principal et qui donne son sens à l’image.
11 De Catherine -
les photos doivent rester magiques. On ne sait pourquoi elles nous parlent, nous émeuvent. Et puis, pourquoi tout mettre dans des boites, avec des classifications ? C’est tellement vain de vouloir tout contrôler. tram/ tram 29/ Lisbonne/ silhouettes /contre-jour / XXI eme siècle la photo dit bien plus que ça !
12 De Franck -
Catherine je parlais des alternatives textuelles des photos, essentiellement à destination des mal et non-voyant·e·s.
13 De Franck -
Benjamin je note ton principe des deux phrases, ça va m’aider !
14 De Catherine -
Merci Franck de cette precision😉. Rien d’étonnant, je suis mal-voyante. J’aime le traitement outre-mer de l’image si je vois bien.
15 De Cunégonde -
C’est un exercice extrêment compliqué pour moi, ce comprends ce que tu ressents. Si une photo n’était que ce que l’on voit, ça se saurait. Alors quoi décrit pour qu’elle soit comprise ?
16 De Catherine -
Sans doute, faut-il cliver par mot-clé au plus simple. Et laisser regarder. Quelle que soit sa vision, chacun interprétera les termes, mais cela relance la question : pour le mot bleu, par exemple, que mettent Cunegonde, Franck ou moi derrière ? Une idée mère, et tant d’autres ramifications subjectives…