Série - Auberge des blogueurs

Fil des billets - Fil des commentaires

samedi 25 juin 2022

Casse pas la tête

Résumé Henri, factotum à l’auberge, tente de raconter son histoire à sa future progéniture, lui-même issu d’un père néo-calédonien et d’une parisienne de « souche » il emploie à loisirs des expressions héritées de ses deux parents donnant un discours parfois compliqué à suivre.

On apprend comment il a été embauché par la patronne de l’auberge pour la saison et qu’il est un vieil ami de Gaston, qu’il a fait embaucher également pour servir de chauffeur-livreur ; par ailleurs, il cultive avec soin son goût pour la sieste, dans son hamac.

Avec : Jeanne Lalochère, Gaston, Lucien Durand (dit Lulu)

Mon père, ce héros … Alors en fait non, mon père, ce grand inconnu, je ne l’ai jamais croisé de ma vie, en tout cas pas de toute celle dont je me souviens, mais c’est pas grave. On dira. Et même Casse pas la tête, vieille expression de son pays que ma génitrice — une pure parisienne née du côté des Halles, les vraies, pas celles de Rungis — lui avait piquée, utilisait pour tout et n’importe quoi.

Bref…

Alors j’suis pas charbon ni noir, p’tit clin d’œil à Paul Wamo en passant. Tout blanc, quasiment diaphane, faut dire que j’aime pas le soleil et que l’essentiel de mes siestes se passent à l’ombre des résineux de l’auberge.

J’ai l’impression que je pars un peu en vrac, hein cher enfant, alors qu’en fait, c’est juste pour dresser une facette du portrait de mézigue. Alors je vais arrêter avec mes divagations et te raconter par le menu comment, alors que j’avais dans l’idée de prendre des vacances bien méritées tout cet été, et l’automne à venir dans la foulée, après avoir bossébricolé[1] tout l’hiver, je me suis retrouvé factotum — la vérité vraie, je savais même pas ce que ça voulait dire ce mot, avant que la petite patronne m’explique ! — pour les trois mois à venir.

Faut dire que la dernière rencontre s’est drôlement passée avec elle…

Je t’explique !

Je revenais du village sur mon vélo, un vieux Peugeot que j’avais vaguement retapé, quand je l’avais trouvée sur bord de la route de Pollox, son Combi en vrac, ou quasi, avec des tas d’outils et de bordel étalés par terre, un cric soulevé de travers et un pneu parfaitement dégonflé !

Faut dire que le dit pneu semblait avoir l’âge du camion, un vénérable modèle T1 du début des années 70, c’est à dire environ 50 ans. Autant pour la carrosserie, si t’en prends un peu soin, ça peut le faire — même décoré avec des fleurs façon hippie comme celui-ci —, autant pour de la gomme, c’est largement que t’as dépassé la DLU !

Seulement voilà, avoir le cœur à l’ouvrage c’est bien, mais si t’as pas la façon, ça peut pas. Je lui ai donc proposé de m’en occuper, assorti d’un joli Casse pas la tête et vingt minutes plus tard, elle avait de nouveau un boudin gonflé autour de sa roue. Entretemps on avait bien évidemment causé de ci et de là, ce qu’on avait pas eu l’occasion de faire depuis quelques semaines et je lui ai appris que je connaissais l’auberge de Blanche depuis tout p’tit, ou presque. Elle m’a aussitôt répondu que si c’était possible ça l’arrangerait bien que je lui file un coup de main jusqu’à la fin de la saison…

Fin valab’[2] l’entretien d’embauche !

J’ai dit oui, pas fâché de me faire un peu d’oseille avant de me la couler douce pendant l’hiver — j’avais en tête d’aller aux antipodes faire un bout de brousse et chercher mes racines, enfin a minima celles du daron… Et puis au passage, passer d’homme à tout faire à factotum, c’est une belle promotion, ma mère aurait été fière, la pauvre ! J’me moque, mais je l’aimais bien ma daronne !

J’ai croisé en vitesse le futur veilleur de nuit, Lulu, quand j’arrivais à l’auberge ; on a échangé deux-trois mots et puis il est parti au village. Un brave type j’ai l’impression. Par contre, y’a aussi un gus bizarre qui a été embauché, pour s’occuper des chambres d’après ce que j’ai compris, avec un prénom que j’avais jamais entendu avant, d’ailleurs je ne m’en souviens déjà plus, c’est dire.

Ah, j’oubliais, le gars Gaston sera aussi de la partie, à sa façon ! Lui et moi c’est une vieille histoire — avec une véritable fruitière, du Macvin et un hérisson dedans[3] —, mais là c’est l’heure du gastro, donc je t’en causerai une autre fois.

J’ai aussitôt ré-installé mon hamac dans le petit bois derrière la plage, mon coin à sieste préféré ; si vous me cherchez, après le déjeuner, … alors en fait non, oubliez ;-)

Casse pas la tête et va manger…


PS: J’écris tout ça pour laisser une trace à mes descendants[4] ! Ni plus, ni moins.


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Notes

[1] La bricole, c’est un art, si tu sais pas, tu peux pas comprendre ;-)

[2] Encore une expression à ma vieille !

[3] Oui je sais, c’est compliqué, mais faut pas tout mélanger !

[4] Note pour moi-même : penser à faire des descendants !

dimanche 26 juin 2022

Comment ça j'suis pas zen ?

Résumé Petite bagarre sans (trop) de conséquences entre Henri et Gaston qui lui a « salopé » tout le gravillon à l’entrée de l’auberge, ce qui lui vaudra une belle lèvre coupée, Gaston héritant d’un bel œil au beurre-noir ; le tout se finissant, comme souvent, devant quelques chopes de bières.

Il continue par ailleurs à raconter ses souvenirs d’enfance.

Avec : Gaston

Suggestion de présentation, mai 2022
Suggestion de présentation

Le salopiot !

Il m’a tout tranchéïfié le gravillon à l’entrée de l’auberge quand il est venu vendredi dernier avec son tank ; on a pas idée de se trimbaler avec un engin pareil, qui pue le mazout, ce qui au passage démontre le peu de soin qu’il y apporte vu qu’il tourne au sans-plomb son moulin ! J’me demande bien ce qu’il a pu transporter pour que ça sente autant…

J’avais pourtant passé des heures à passer le râteau pour aligner les petits cailloux devant les bacs de fleurs, histoire de faire plaisir à la petite patronne et voilà que tout est à refaire…

Mais y connaît pas Raoul ce Gaston, y va avoir un réveil pénible[1]. J’lui ai raconté ma façon de voir les choses et on s’est fritté comme à notre habitude, avant d’aller vider une bière au village, comme à notre habitude. C’est super pratique les habitudes !

Ah oui, faut pas que j’oublie de passer chez la mère Grolleix pour lui arranger le siphon de son évier qui a recommencé à se boucher ; mais après la sieste, hein, on va pas casser la tête ! Je l’aime bien cette grand-mère, elle connait tout sur tout dans le pays et peut-être même quelques trucs en plus.

Bon, tout ça c’est bien, mais c’est pas important, revenons à l’essentiel, chère progéniture, que je continue de te raconter le lascar.


Pour en revenir à mes origines, bâtardes donc, je suis né quelque part sur le caillou, mais d’après ce que j’ai compris la famille est assez vite rentrée chez les zoreilles passés les retours de couche. Me demandez pas pourquoi, je n’en ai pas le début de la plus petite idée, sauf que tout ce que je sais, c’est que j’ai appris à marcher au mileu des gentianes et des narcisses.

Ensuite, j’ai usé mes fonds de culotte à la communale — en fait elle n’existait déjà plus la communale quand j’étais p’tit, mais j’aime bien ce mot — et je n’ai pour ainsi dire jamais quitté le fond de cette vallée à part quelques fois pour aller passer une semaine de vacances à Lamoura, pas loin d’ici.

En même temps, y’a de quoi s’occuper toute la journée dans le quartier, voire la nuit aussi quand tu peux faire le mur et aller faire quelques tours pendables aux vieux du village…

J’ai le souvenir d’un vieux Ernault-Somua que j’avais mis en vrac dans le fossé après l’avoir piqué dans la grange du père Adrien, parce que tu comprends, rouler sans phare, la nuit, c’est pas trop évident surtout qu’on était pliés à rigoler, et… Non, la suite c’est pas pour les pyjamas ! Je mettrai ça dans mon testament, ça fera rire le notaire.

Bon, je pensais pouvoir t’en raconter plus mais la petite patronne a l’air méchamment stressée avec les premiers clients qui débarquent demain et il y a dix milliards de trucs à finir de préparer d’ici l’apéro !

Tiens en parlant de ça, faut que j’aille mettre cette petite bouteille de Chartreuse au frais, je la préfère glacée qu’avec des glaçons.

PS : Ne pas oublier, demain matin, 9h, c’est p’tit déjeuner avec toute l’équipe, s’agirait pas de louper ça, je suis curieux de voir à quoi ressemblent ceux que j’ai pas encore croisés !


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Note

[1] j’adore ce film !

lundi 27 juin 2022

Me voilà bien !

Résumé Henri fait la connaissance de l’espiègle Adèle, fille de la patronne de l’auberge, et consent à lui prêter son hamac, de temps en temps. Il raconte brièvement sa rencontre avec le reste des membres du personnel.

Toujours avec l’idée de laisser quelques traces à ses enfants (imaginaires), il indique préparer la barque pour la prochaine partie de pêche sur le lac.

Avec : Adèle, Gaston, Denis Carolo, Lucien, Jeanne Lalochère

C’est incroyable, mais quel culot ! Ça valait au moins 8 jours d’IVT ce qu’il m’a fait le gars ; au lieu de ça la pharmacienne n’a pas voulu me filer autre chose qu’un conseil à base de poche de glaçons pour faire diminuer le volume de ma lèvre. Je la retiens celle-là.

Et puis bien sûr, les emmerdes volant en escadrilles, voilà-t-y pas que la fillotte de la patronne s’est approprié mon hamac en revenant de l’école alors que j’allais m’y installer pour ma longue convalescence. Mais d’où elle a cru qu’elle pouvait l’utiliser ? C’est privé ce genre de choses, ça se prête pas voyons ; aucune éducation ou plutôt tout une éducation à revoir. Va falloir que j’en touche deux mots à la petite patronne…

Mais en fait, dès qu’elle a ouvert son claquet, je me suis mis à rigoler et évidemment ma lèvre s’est rouverte. Bonjour le tee-shirt propre de ce matin, le rouge virant maronnasse sur du bleu, c’est définitivement moche !

— T’as raté une marche ou bien ?

Sur le moment j’ai pas pipé et je l’ai regardé avec mon regard méchant numéro 2 — j’en ai une belle collection —, et puis elle a enchaîné :

— Il est cool ton hamac, ça te dérange pas si je le garde encore un p’tit peu ? Tout ça en faisant genre la starlette papillonnant avec ses paupières.

J’ai pas pu me retenir, et elle non plus d’ailleurs !

— Casse pas la tête, tant que tu me le salopes pas, tu peux l’utiliser tant que tu voudras, et tant que ça ne sera pas l’heure de ma sieste, hein ?
— Génial, j’t’adore, t’es trop pas fun, lolilol !

Je me suis assis le dos contre l’arbre tout en réfléchissant à l’expression qu’elle venait d’employer. « trop pas… ». « Trop », je vois bien, mais le « pas » qui suivait m’avait laissé pour le moins perplexe et puis les pensées ont versé vers d’autres cieux…

Je me suis réveillé alors que l’après-midi était déjà bien entamée et le hamac devant moi était vide. Trop tard pour m’y remettre, j’ai repris le chemin de l’auberge en me frottant la lèvre ; j’ai horreur des croutes, alors je gratte, tout le temps, comme quand j’étais petit et que je passais mon temps à les retirer dès qu’elles étaient un peu sèches.


On forme une drôle d’équipe tout de même. J’ai rencontré tout le monde lundi matin au petit déjeuner, même Gaston était là qui avait fait l’effort surhumain de se pointer — visiblement avec quelques indiens dans le crâne — et à l’heure je vous prie ! J’ai pas trop entendu Léandre, l’homme de chambre — il paraît qu’il y tient à cette dénomination —, par contre le Denis, un vrai moulin à paroles ; une fois lancé, impossible de l’arrêter, à croire qu’il veut être Calife à la place de la petite patronne !

J’ai dans l’idée que c’est pas près d’arriver…

On a causé deux minutes avec Lucien, ce matin, au sujet de l’alarme incendie qui s’est déclenché l’autre soir et de l’origine de tout ce bazar. Quand j’ai appris le fin mot de l’histoire je me suis dit que ça me ferait du grain à moudre pour vanner la gamine ! En fait c’est dommage qu’il bosse de nuit et moi de jour, je crois qu’on aurait pu bien s’entendre comme larrons en foire, et puis il a l’air d’avoir de la bouteille. Mais bon, on choisit pas toujours ses horaires, hein ?

J’ai aussi croisé, depuis le début de la semaine, quelques clients, sans trop m’y attarder d’ailleurs. Avec la gueule que j’ai en ce moment, je dois pas être très présentable et on me fiche la paix, un bref bonjour grommelé et hop, emballé s’est pesé. Finalement, c’est peut-être pas une mauvaise chose quand j’y pense…

Tiens faudrait que je retrouve le portrait que ma daronne m’avait offert quand on avait été à Montmartre quand j’étais minot, ça serait rigolo que le mette ici. Mais pour ça faudrait que j’ouvre mes vieux cartons et j’ai moyen envie.


Finalement, moi qui étais parti pour me raconter, du passé jusqu’à aujourd’hui, je m’aperçois que je cause de tout et n’importe quoi et surtout du futile. Alors soit je me paie une séance chez le réducteur de tête et je te dis après, soit je…

Attends, on m’appelle…

— Allo oui ? … Ah non, pas tout de suite, j’suis en train de préparer la plate pour claquer un coup de pêche dans la journée !
— …
— Je verrai si j’ai le temps d’ici ce soir, sinon je m’en occupe demain sans fautes !

Mais pourquoi j’ai emporté mon 06 avec moi ?!? Ah oui, je sais, la petite patronne y tient. « Vous n’êtes pas d’astreinte », qu’elle a dit, « mais je dois pouvoir vous joindre rapidement en cas de problème ». J’avais dit « Casse pas la tête ! », bien sûr.

Faudra que je songe à oublier de le charger, de temps en temps, histoire de rester crédible…


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

mardi 28 juin 2022

دل باغ باغ ہو گیا - Mon cœur s'est transformé en jardin

Résumé Encore quelques bribes du passé d’Henri et son déménagement depuis Paris pour le Jura. Il prendra soin à l’avenir d’éviter celle qui l’a alpagué pour le tartiner de miel, il a sa fierté.

C’est l’heure d’aller pêcher dit-il.

Avec : Malia, Gaston

« Mon cœur s’est transformé en jardin » est une belle expression qui résume assez bien comment je me sens depuis que j’habite dans la région. Ça date de mes plus jeunes années, quand ma mère avait décidé de quitter Paris pour la province, ou plutôt pour le calme et la « lenteur » tranquille de cet ailleurs au-delà de la petite banlieue.

Un soir, après être revenue éreintée de sa journée de travail et avoir passé quelques heures serrée comme une sardine dans le métro, elle m’avait annoncé qu’elle avait trouvé un travail, loin, et qu’on allait s’installer dans une petite ville le mois suivant. On avait passé quelques week-ends et soirées à préparer les quelques cartons ou à jeter ce qui n’était vraiment pas utile dans le futur petit meublé qu’elle avait déniché.

C’est dans ces jeunes années — une fois installés là-bas — que j’avais découvert la campagne, la verdure, les animaux, le lait frais, les odeurs des prairies et celles des bois et forêts, la météo bien plus changeante que celle de Paname. Et puis les étoiles visibles la nuit qui m’avaient tant surpris lors de mes premières escapades nocturnes.

De Poulbot de Montmartre j’étais devenu une sorte d’Huckleberry Finn avec les hauts-forts du Jura pour terrain de jeu. Avouez que l’échange valait le coup !

« Mon cœur s’est transformé en jardin », c’est pas du caldoche, c’est pas non plus de l’argot parisien, non on dirait un mélange des deux, en fait, même si la vérité est différente (jette un œil en bas du texte, tu comprendras).

J’aime bien cette expression, presque autant que mon fétiche « Casse pas la tête », ce que j’avais d’ailleurs répondu à l’autre illuminée qui m’avait chopé dans l’escalier de l’auberge pour me tartiner de miel sur ma lèvre, moi qui ai horreur du sucré ! Sur le moment j’étais resté estomaqué, et j’avais d’ailleurs pas pipé jusqu’au moment où elle avait refermé la porte de sa chambre en me laissant comme deux ronds de flan dans le couloir.

Aussitôt à la douche, non mais. C’est vrai quoi, faudrait pas que ça cicatrise trop vite, sinon Gaston va encore me dire que c’était du cinéma les hurlements de douleur que j’avais poussés quand il m’avait envoyé un chtar bien velu ! J’vous l’avais pas dit que j’aimais bien retirer les croûtes au fur et à mesure, faut me laisser mes petits plaisirs.

Va falloir que je me méfie d’elle à l’avenir parce que si ça doit tomber comme à Stalingrad… une fois ça suffit. J’aime autant garder mes distances ![1]

Bon, c’est pas tout ça, on va aller claquer ce coup de pêche et voir s’il y a pas un sandre ou deux brochets à sortir…


Petite perle linguistique : en ourdou (langue du Pakistan), il existe une expression qui signifie “mon cœur s’est transformé en jardin” pour dire que l’on est heureux (dil bagh bagh ho gaya / دل باغ باغ ہو گیا ). Fin du game du sublime

Lucie Azema


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Note

[1] J’adore ce film.

mercredi 29 juin 2022

La grande boucle

Résumé Une rêverie de faune, en musique.

Mes chers enfants,

Ça fait un moment que j’avais envie, avant de reprendre mon histoire, de vous dresser un peu le portrait des gens que je côtoie depuis quelques jours à l’auberge. Alors comme je suis d’humeur fantasque ce matin, je vais vous raconter le rêve que j’ai fait cette nuit.

Imaginez qu’on parte faire une ronde autour du lac, aux premières lueurs du jour, la rosée juste à point, avec une petite musique de fond…


A Minha Embala (Aline Frazão e César Herranz) - Licence CC BY-NC-ND

Sur la terrasse de l’Auberge, la petite patronne en tête de cortège — une belette en tablier —, puis sa fille l’espiègle Adèle — un écureuil avec un bonnet —, Lucien qui avait gentiment décalé sa nuit — en chien de berger des Pyrénées —, Gaston — ours mal léché ou panda sympa, ça dépend des jours, pardon gars ! —, Léandre avec les yeux dans le vague — un furet en cravatte —, Jeannette la cuisinière encore en tenue, on était pourtant le matin — un (maître) coq évidemment, et enfin Denis — un serpent tout bariolé, bien sûr !

La petite troupe avait démarré, et les résidents commençaient à suivre…[1]

Venaient deux inséparables — Mme Audiber et son mari —, une renarde feu et blanche — Mme Fox —, puis une libellule aux ailes mordorées — Mme June East —, une abeille butinante — des champs de pâquerettes.

Puis aussi une loutre avec des couettes — Mme DiMaggio —, suivie de près par un Sanglier en souliers rouges — M. Pict —, un âne souriant avec une dent en or — M. Robergeot, au passage ça faisait longtemps que je ne l’avais pas croisé lui —, un paon faisant la grande roue — M. Dindon, comme son nom l’indique !

Et encore une biche fatiguée aux grands cils — Mme Saunier —, une chimpanzé portant un casque de moto — MAX —, un rat des champs avec des lunettes — M. Mem, il avait un regard étrange, lui —, …

Et j’avoue que j’ai oublié la suite !

Je fermais la ménagerie en faisant voiture-balai — paresseux avec un coussin sous le bras, forcément !


C’est à ce moment que je me suis réveillé gardant en mémoire encore quelques bribes de ce rêve un peu étrange. Ça fait un peu bizarre tout de même de rêver qu’on écrit ici et qu’on raconte un rêve…

Ça y’est, j’suis paumé dans mes inceptions !

Alors je vais arrêter mes digressions et m’occuper d’aller préparer la plate pour cet après-midi ; je vais enfin pouvoir faire ce coup de pêche que je reporte depuis le week-end dernier. Yes sir ![2]

En attendant ça m’aurait bien pris dans l’idée de dessiner ce rêve, avec tous ces animaux autour du lac, si seulement je ne tenais pas un crayon comme une tanche ! Si j’osais j’irai demander à M’sieur Artus, le peintre, de me donner deux ou trois petits cours, vite-fait, juste de quoi esquisser un truc ou deux.

Seulement j’ai un principe : on ne dérange pas le client s’il ne nous a pas dérangé avant !

Alors je compte sur vous pour vous faire les images qui vont bien, hein ?


Finalement ça collait assez bien avec ce que j’avais pu observer samedi soir dernier, pour la plupart, quand on avait été faire l’excursion de nuit. Rien de très mémorable cependant, juste des petites impressions, voire des intuitions.

Je saute du coq à l’âne — t’as vu l’esprit d’à-propos ? —, et je me dis que ça serait sympa d’installer des lampions et de faire une soirée musette un de ces quatre ! Faudrait que j’en touche deux mots à la petite patronne. Je connais deux ou trois personnes qui pourraient s’occuper de la musique.


Attends ! La musique n’est pas encore finie…


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Notes

[1] J’ai demandé les blazes de chacun à Lucien, heureusement qu’il avait ça sous la main, parce que pas moyen de retenir les noms des uns et des autres, mémoire de poisson-lune aidant !

[2] j’adore ce film !

page 1 de 5 -

Haut de page