Série - Auberge des blogueurs

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jeudi 30 juin 2022

Planning de ministre

Résumé Où Henri a plus travaillé en deux jours ce week-end qu’en l’espace des quinze jours précédents… Accueil d’arrivants, préparation de la partie de pêche de lundi et remise en état d’une vieille moto, et pour unedes friandises.

Avec : Natou et Joseph, P. Vergnes

C’est pas croyable d’avoir eu un planning aussi chargé pour un week-end ! Ça ne m’était jamais arrivé depuis… Ah oui, quand même !

Bouge pas, je te raconte par le détail, ma fille[1] :

D’abord, samedi, où il a fallu que je remplace au pied levé la petite patronne, donc dès potron-minet le matin, vu qu’elle allait manger des barbes-à-papa pour (ou avec) sa gamine à la kermesse de l’école, si j’avais bien compris.

Avec deux arrivées prévues d’après le registre, pour la chambre 4 et la chambre 6.

Pour la première, un couple, de Marseille ou des environs à en juger par leur accent. Elle, sympathique, même si elle n’avait peut-être pas le gaz à tous les étages. Il a fallu qu’on s’accorde un peu question compréhension mais on a fini par bien rigoler. Lui par contre, plutôt du genre j’me la pète et je prends tout le monde d’un peu haut, si tu vois le genre. Et puis mufle tendance machiste, t’as même pas idée.

Il a fallu quand même que je me monte leurs valises jusqu’à leur chambre, et encore heureux qu’il n’y avait un étage à grimper. Un cadavre d’âne mort dans chacune, minimum ! Bon j’abrège parce que sinon je vais encore en écrire des tartines et j’ai pas trop le temps…

Ensuite la seconde, pour un imprimeur si j’ai bien compris. On a pas trop discuté mais quand même suffisamment pour que j’apprenne qu’il allait devoir faire les aller-retours à Bourg assez fréquemment. Drôle d’idée d’aller pieuter si loin, mais bon, c’est lui que ça regarde, si ça se trouve il aime rouler. Toujours est-il qu’il était loin d’avoir l’accent de Marseille comme les précédents. Non, lui, je pense qu’on aurait pu se croiser dans le même quartier à Paname.

Ensuite direction la remise pour voir s’il y avait moyen de remettre en route cette vieille bécane que j’avais repéré et dont la petite patronne m’avait dit : « Vous pouvez l’utiliser si ça vous chante, de toute façon elle était déjà là quand j’ai acheté l’auberge et je ne sais pas à qui elle appartient ». Les clés étaient encore dessus et même si l’essence s’était depuis longtemps évaporée, le démarreur semblait vouloir tourner, une fois la batterie rechargée.

Un vieux Transalp, des années 80, un truc à peu près increvable ; fallait juste prévoir de remplacer les fluides, huile et liquide de frein, vérifier les pneus et les plaquettes et ça devrait être bon…

Autant dire qu’avec tout ça j’ai dormi du sommeil du juste jusqu’à ce matin.

J’ai enchaîné avec une visite express du côté du brunch en fin de matinée, prise de rendez-vous en passant pour le coup de pêche de demain matin avec M. … Ah ben tiens, plus moyen de remettre un nom sur sa tête à celui-là. Et puis j’ai filé, jour d’élection oblige, fallait que j’aille voter. Question politique, j’applique avec soin une vieille maxime qui ne m’a jamais trahi : « Pour ma sécurité, je roule à droite, et je vote à gauche ! » ; avec ça t’as peu de chance de te tromper, enfin dans le temps parce que maintenant c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

Autant dire que la sieste y est passée (à l’as) aussi ! Par contre j’ai pu récupérer des vers tout frétillants au tabac en allant au bureau de vote et c’est tant mieux sinon on aurait pas eu de quoi se faire quelques vifs, rapport au sandre qui me nargue depuis quelques semaines.

De retour à l’auberge, sortir la plate, la trainer jusqu’à la plage et la retourner en attendant la mise à l’eau, préparer les cannes, récupérer les hameçons et graisser un peu les moulinets qui en avaient bien besoin, vérifier que l’épuisette et les deux seaux étaient bien là[2] ; parce qu’il ne faudrait pas trop traîner demain matin si on voulait avoir de quoi se vanter avant le gastro du midi !

Petit bonheur de la journée, quand même, j’ai pu déguster une profiterole à tomber par terre, avec le chocolat chaud et la glace à la vanille de Madagascar, à se damner ! Heureusement que j’avais un joint à remplacer dans la cuisine, justement cette après-midi dis-donc — comme quoi les coïncidences et le vent couleur chocolat dans le bon sens, ça aide —, sinon j’aurais raté ça.

Eh bien tu sais pas quoi ? La seconde et même la troisième étaient aussi bonnes !

Le coup de pêche de demain, tranquille au calme, va me faire du bien pour me remettre de toute cette agitation…


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Notes

[1] En fait, j’ai pas encore décidé combien ni de quel genre il ou elle ou ils ou elles seront, ni les proportions ; c’est compliqué en fait les drôles comme ils disent dans le Sud-Ouest !

[2] Note pour moi-même : penser à ne pas oublier le couteau comme la dernière fois. Parce que couper les lignes avec les dents, j’aime pas.

vendredi 1 juillet 2022

Le pied dans l'eau

Résumé Une partie de pêche où Henri emmène P. Vergnes, Pâquerette et Gaston ; récit d’une bataille acharnée entre l’homme et l’animal. Du sang, des larmes, de la sueur, la vie quoi !

Lundi matin, potron-minet que je m’étais réveillé et il fallait parce qu’il y a avait un coup de pêche au programme avec un des résidents — tu m’excuseras fillot, j’ai encore oublié son nom ! Donc j’avais avalé un café fissa, tant pis pour les tartines de confiture et je m’étais dirigé avec mon client vers la plate qui m’attendait depuis la veille au bord du lac.

Chemin faisant on avait retrouvé l’une des résidentes — attends, elle a un nom de fleur, ah oui : Pâquerette qu’elle s’appelait, elle s’appelle toujours d’ailleurs mais passons — avec qui on avait convenu du rendez-vous de ce matin et qui attendait près de la barque.

On avait attrapé le matériel dans la remise, et on était retourné au lac et trouvé Gaston, qui tirait sur sa clope, confortablement installé sur la coque.

— Dis gars, t’as une place dans ta galère ? M’avait-il demandé. Je serai pas contre un petit tour en mer histoire de taquiner le goujon !
— Euh, c’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases[1]. Tiens, bouge plutôt ton luc et aide moi à retourner la plate…

Mise à l’eau, tous les quatre bien installés, Gaston et moi faisant office de rameurs le temps d’aller dans le coin que j’affectionnais depuis quelque temps et j’ai commencé à expliquer deux-trois bricoles à nos clients pendant que Gaston s’amusait avec les vers…

— Alors voilà, avais-je commencé, on va d’abord faire un peu de vifs avec les vers et ensuite on verra s’il y a moyen de sortir une belle pièce ou deux.

J’avais commencé à équiper deux cannes pour sortir des gardons, puis leur avais expliqué comment piquer un ver avec l’hameçon et enfin je leur avais montré comment lancer et attendre que le petit bouchon frétille avant de tirer d’un petit coup sec, mais pas trop fort, s’agissait de les conserver vivants, pour les remonter.

Dorénavant, la Pâquerette, je l’appellerai Mitraillette, tellement elle y mettait du cœur à son ouvrage et qui nous sortait un gardon frétillant toutes les trente secondes ! On avait passé à peine dix minutes que le seau était déjà bien garni pour la suite…

Pendant ce temps, M. Vergnes — ah y’est je me suis souvenu de son nom — avait visiblement compris l’idée et tentait plus ou moins habilement de faire pareil, sans avoir le même succès. N’est pas Mitraillette qui veut !

Ensuite on était passé aux choses sérieuses, Gaston toujours avec ses vers frétillants sur son hameçon ; il en avait enfilé trois ou quatre et il avait l’air d’avoir envie de tout faire le contraire de ce qu’il faut faire quand t’es un pêcheur sérieux. Mais bon c’était pas grave, du moment qu’il ne nous mettait pas la plate à l’envers, comme l’autre fois…

Changer de canne, pour le carnassier faut du un peu plus costaud, surtout question fil et moulinet, montrer comment enfiler un gardon le long de l’hameçon, histoire de le garder bien vivant avec la queue frétillante, puis lancer et attendre…

On avait sorti, comme ça, quelques jolies perches, dont une arc-en-ciel, très belle mais imbouffable qu’on avait aussitôt remis à la baille, mais pas de brochet et pas de sandre non plus, surtout le gros que j’avais repéré il y a deux mois et que je m’échinais à sortir depuis.

— Attention quand vous les détachez de l’hameçon, avais-je prévenu, la dorsale est piquante, il vaut mieux les attraper avec un doigt derrière la branchie, comme ça ça ne risque rien, en voyant M. Vergnes se démener avec sa dernière perche et sucer son doigt qui commençait à perler de rouge…

Au bout de deux heures on s’était dit qu’avec la petite dizaine de perches, excellentes en filet accompagnées de quelques frites — faudrait qu’on en touche deux mots à Janette, voir si elle pourrait nous les préparer tout à l’heure —, on pouvait plier les gaules et rentrer à l’auberge.

C’est à ce moment que j’avais vu Gaston s’agiter un peu, à la proue, en tirant un peu fort, puis en relâchant la tension ; on voyait bien que son fil était quasi au max de ce qu’il pouvait supporter :

— T’es toujours aux vers là ? Lui avais-je demandé
— Yup, ça a l’air de vouloir jouer là-dessous, m’avait-il répondu sans quitter sa ligne des yeux.

On s’étaient alors installés pour le regarder faire, une fois nos cannes rangées au fond de la plate et au bout de quelques minutes il avait fini par sortir…

Mon sandre !

Oui, tu lis bien, ce grand couillon avait sorti mon sandre, celui qui devait faire pas loin de 90 cm, avec deux-trois vers au bout d’une ligne à tirer du gardon ! Comme ça, l’air de rien. Putain de karma, des fois.

Gaston m’avait alors dit avec un clin d’œil, tout en rejetant le monstre à l’eau :

— T’inquiète gars, t’auras ta chance une autre fois !


Attends, c’est pas fini, tu sais quoi ? En arrivant à l’auberge, j’ai vu le journal du coin ouvert sur une table avec ça :

Deux jeunes Lédoniens prennent trois sandres et un brochet à Vouglans

Luigi Loersch et Armand Michaud avec un brochet de 75 centimètres. Photo DR, mai 2022
Le Progrès, 29 juin 2020 : Trois sandres et un brochet à Vouglans

… trois sandres de 90, 90 et 85 centimètres ainsi qu’un brochet de 75 centimètres …

J’te raconte pas comment j’suis vénère quand même ! Mais je l’aurai, un jour, je l’aurai.


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Note

[1] J’adore ce film !

samedi 2 juillet 2022

... et c'est tant mieux parce que j'f'rai pas ça tous les jours !

Résumé Magasiner avec Natou et Adèle, c’est éprouvant pour Henri.

Ah mes aïeux — tiens d’ailleurs ça me fait penser que je ne les connais pas trop non plus ceux là… —, quelle journée !

Je t’explique…

Hier, au petit matin, j’embarque la marseillaise — non pas la mitraillette, elle, elle est déjà repartie d’ici, faut suivre —, la marseillaise donc et la minote de la petite patronne[1] pour aller magasiner à Bourg vu que la première avait des valises pleines et lourdes de fringues de plage, en gros et qu’ici, passé six heures l’après-midi ou avant neuf heures le matin, ça pique un peu.

Elle m’avait demandé si je pouvais lui servir de taxi et Adèle, la minote, s’était auto-proclamée conseillère spéciale es mode et tenait absolument à nous accompagner.

Direction Bourg où je devais refaire le plein question pêche, un moulinet à faire réparer, quelques lignes à renouveler et peut-être une nouvelle épuisette, l’ancienne étant bien fatiguée.

C’est dans les premiers mètres du trajet que ça avait commencé et ça s’est arrêté, dans ma tête et mes esgourdes qui bourdonnaient, pile au moment où je me suis allongé dans mon hamac, six ou sept heures plus tard, j’exagère à peine…

Des vraies pipelettes, celle du Sud et celle du … Tiens d’ailleurs d’où qu’elle est la petite patronne, je me demande si je l’ai jamais su !

Et patati et patata, … Je vais pas tout vous raconter, d’ailleurs j’en ai oublié la moitié, reste qu’Adèle avait réussi à vouloir faire de Natou une aubergiste comme sa daronne. Autant dire que c’était pas gagné gagné vu le personnage, super gentille, peut-être même trop gentille pour ce métier si tu vois ce que je veux dire.

On a donc commencé par ce qu’il me fallait, j’avais préféré commencer par le sûr question délais, et ensuite je ne me souviens plus très bien à part que j’ai servi de porte-manteaux pendant des heures. J’ai dit oui à tout quand on me demandait mon avis, même quand c’était moche, après tout j’suis qui pour juger, hein ? Pas comme Adèle qui avait décrété ce qu’il fallait ou ne fallait pas.

Trois jours en durée ressentie plus tard on était enfin ressorti du magasin et j’ai lutté — environ 17 secondes, j’ai ma fierté — pour refuser le resto gentiment offert par Natou avant le retour à la cabane, heureusement franchement plus calme qu’à l’aller, visiblement faire des courses de fringues, ça fatigue sévère — c’est bizarre d’ailleurs, moi quand je m’y mets, ça dure environ dix minutes, le temps d’essayer et de payer ; les deux s’étaient endormies passé la sortie de Bourg.

J’ai juste un doute sur la possibilité de ranger tout ce qu’elle a acheté dans les valises bourrées à craquer qu’elle avait à son arrivée…

Sinon elle est un peu bizarre la bagnole à Gaston, à causer en portugais !


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Note

[1] Avec son autorisation bien sûr ! S’agirait pas de faire ça en douce.

dimanche 3 juillet 2022

Des fois, on se demande !

Résumé On en apprend un peu plus sur la rencontre des deux parents d’Henri ; il va par ailleurs à Pollox peut-être acheter une auto.

Ça tient à peu de choses des fois la vie, hein mon fils ?

Tiens, ma daronne m’avait expliqué un jour pourquoi elle était tombée amoureuse de mon daron : il ressemblait à Yul Brynner, pour de vrai, chauve ou quasi comme lui, plutôt grand, bref voilà toute l’explication. En écrivant ça, tout d’un coup, j’me dit que c’est couillon qu’elle se soit marié à mon père, plutôt qu’avec Yul Brynner ! Ça m’aurait un peu plus plu, probablement, et il ne se serait pas tiré avant que je sache marcher, probablement !

Et en conséquence de quoi, je n’aurai pas été factotum allant à Pollox sur mon vieux peugeot, mais dans ma Ferrari rouge, ou dans ma Porsche bleue, pour aller faire un tour avec mon Avion privé sur la Côte d’Azur ; va savoir ! Mais non, il a fallu qu’elle tombe sur lui pour n’en profiter — et quand je dis profiter, c’est dans les toutes petites largeurs, parce que c’était plutôt l’inverse disait-elle — que quelques années, le temps qu’elle attrape un polichinelle dans le tiroir.

Tu vois, plutôt que d’avoir des origines caldoches, j’aurais pu en avoir du côté de la Mongolie, de la Suisse et de la Russie !

Mais comme disait celui qui aurait pu être mon père :

En somme, d’où on vient, où on est né, de quelle famille on vient, ça n’a aucune importance. Ce qui est important dans la vie de n’importe quel être humain, c’est ce qu’il a pensé, ce qu’il a fait, ce qu’il a accompli, en lui-même en tant qu’être humain, ou dans son travail, par lequel il s’exprime.

Interview de Yul Brynner par Pierre Dumayet, 1959

Y’a un truc qui me chiffonne quand même dans ce qu’il dit, rapport au boulot, parce que j’ai dans l’idée que c’est plutôt un truc qui fatigue si t’en as pas un qui t’intéresse et qui te plait !

Donc pour résumer voilà pourquoi j’ai du caldoche dans la caboche et du parigot dans le ciboulot !

Pour en revenir à mes affaires, je disais donc que j’étais sur mon biclou en direction de Pollox, pour aller voir de plus près cette petite bagnole que le neveu à la mère Grolleix veut vendre d’après la petite annonce que j’ai vu dans le journal. Y’a des impulsifs qui téléphonent, y’en a d’autres qui se déplacent[1]. Moi j’me déplace, donc me voilà sur la route, tôt ce matin, pour aller voir l’état de l’objet en question et éventuellement faire un tour avec et claquer une soupape, histoire de voir si ça vaut les quelques billets qu’il en demande…

Faut dire que ça me déplairait pas d’avoir un carrosse, plutôt qu’un âne avec porte-bagages, pour aller au bal du 14 juillet mardi soir prochain, si tu me vois venir… En fait non, oublie, c’est pas pour les pyjamas ce que j’ai en tête !

Parce que la petite patronne aura surement besoin de son combi et Gaston de sa limousine comme il l’appelle ; quant à son tracteur qui sent le gas-oil… Voilà !

J’ai mis un peu d’oseille de côté depuis quelques années, autant que ça serve à quelque chose.

Bon c’est pas tout ça, faut que j’y aille…


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Note

[1] J’adore ce film !

lundi 4 juillet 2022

Mélange des genres

Résumé Henri arrive en retard — qui a dit comme d’habitude ? — au dîner organisé par Gaston chez lui, avec Lucien, Jeanne et Adèle, Anna Fox, Marco, Charlie et Léo en guest stars. Du solide, du liquide, et des anguilles sous les rochers…

Fin valab’ la soirée chez le gars Gaston !

Tiens, ma minote, je vais te le faire façon pitch de cinéma :

D’abord les personnages :

  • Gaston, obligé vu que c’est quand même lui qu’avait organisé les festivités !
  • Léo et Charlie, mes deux minotes préférées après toi
  • Marco, pour une fois tout seul, étrange mais bon, c’est pas mes oignons
  • La p’tite patronne et sa minote, une future comme mes deux préférées après toi
  • Lucien le veilleur de nuit de l’auberge avec la permission de minuit, pour une fois
  • Anna, une résidente de l’auberge, étonnamment (spoiler : non)

Autant te dire que ça faisait bizarre d’avoir sa patronne et une cliente à dîner chez lui ! J’ai pas bien compris comment ça c’était goupillé mais j’ai comme l’impression qu’il y a des anguilles bien frétillantes dans le coin.

Ensuite le décor :

  • Chez Gaston, barbecue dehors, obligé vu la saison, avec un épisode au chaud dans le salon vu que ça pique un peu le Jura le soir et que certains sont pas trop isothermes …
  • Quelques bizarreries à picorer et du sérieux genre côtes de bœuf et tutti quanti, avec le liquide qui va bien pour faire glisser.

Bon, en fait, je sais pas trop comment poursuivre alors je vais reprendre comme j’ai l’habitude ; j’suis pas Nabokov, moi, même si Feu Pâle et Lolita m’avait passablement marqué quand je les avais découverts, avec Svetlana, c’est une vieille histoire. Y’a un client de l’auberge qui mélange ça avec du San-Antonio. À première vue, c’est bizarre, mais quand tu sais le contexte, ça se comprend. Je t’expliquerai, mais pas maintenant.

Un prince sans pognon, c’est un taxi londonien sans essuie-glaces.

« San Antonio», Frédéric Dard

Sauf que là il s’agit d’un comte qu’a fait taxi à Paname, mais bon…

Évidemment avec Gaston ça n’a pas manqué, vachard comme toujours — c’est rassurant les habitudes quand même — quand il a vu mes pognes dégueulasses, le salopiaud, d’ailleurs je m’demande comment il ferait si j’existais pas ! Alors que j’avais apporté un vieux jambon de pays de derrière les fagots, histoire d’avoir un peu à coincer sous la dent pendant l’apéro…

Vous la voyez, ce coup-là, l’embrouille ? Dans le monde des caves, on appelle ça, un « cas de conscience «. Nous, on dit : un « point d’honneur »[1]. Faut dire pour ma défense que ma chaîne avait déraillé et que je m’étais mis minable pour la remettre en place !

J’allais pour remettre l’olibrius à sa place quand Charlie s’en est mêlée, et quand Charlie s’en mêle, tu écoutes et tu te tais, point.


Gaston et les petites, avaient fait les choses comme il faut ; je détaille pas vu que c’est en vrac dans l’estomac, mais purée, quel régal, un vrai kaï-kaï[2] ! Jusqu’au clafoutis divin que Jeannette et Jeannette (hé hé) avaient fabriqué dans la 2e cuisine — j’me comprends.

Du côté des anguilles, ça a eu l’air de pas mal se passer non plus, vu que Gaston à l’air d’en pincer sérieusement pour Anna — je me demande si c’est réciproque d’ailleurs, j’arrive pas à la situer, pour l’instant — tandis que Marco avait visiblement pas l’œil dans sa poche quand la p’tite patronne était dans le coin. Ça a un peu électrifié la soirée ! L’avenir nous dira…

Le problème c’était le temps ; c’est relatif le temps, mais jamais dans le bon sens, c’est mal fichu cette invention des zoreilles ! Quand t’en as besoin ou envie, y’en a jamais assez, quand t’en peux plus, ça dure des plombes.
Il était déjà une heure plutôt avancée et la plus jeune des minotes était pas loin des bras de Morphée.

La p’tite patronne a alors donné le signal du départ pour ramener tout le monde à l’auberge — j’ai bien senti que ça plaisait pas trop aux anguilles, mais bon, faut être raisonnable, parfois ! — et on s’est retrouvé tous les cinq, Gaston, les deux minotes, Marco et moi, de retour dehors à côté du brasero.

Léo et Charlie ont asticoté Gaston pendant quelques minutes pour savoir ce qu’il en était vraiment avec Anna et puis vu comment il peut être une tombe quand il veut — il a eu juste quelques regards en coin de mon côté, avec son œil qui riait —, elles sont tombées à bras raccourcis sur Marco pour le chambrer sur sa future villégiature à l’auberge, le temps de jeter un œil sur le combi et un autre sur sa proprio — j’me comprends.


Bon, c’est l’heure du gastro et ensuite, une petite sieste dans mon hamac préféré ! Après faut que je bricole un barbecue pour un des clients de l’auberge, une commande spéciale que j’ai pas pu refuser, on en recausera !


Texte écrit à l’occasion de l’Auberge des blogueurs, pendant l’été 2020

Notes

[1] J’adore ce film !

[2] Encore une expression piquée à mon daron.

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