J’ai grandi dans une ville où les ouvriers agricoles, après avoir été des manouvriers locaux ont été polonais, espagnols ou portugais. Puis algériens ou marocains.
Il y avait un racisme très clair, les Arabes étant dédaignés sous le nom de melons ou ratons. Un café, situé aux confins de la gare ne devait pas être approché. C’était un boui-boui peint de jaune laiteux, peuplé de quelques vieillards occupés à laisser passer le temps, assis par terre dans l’ombre des façades bleues et rongées.
Il flottait devant les épiceries, toutes étaient tenues par des Espagnols en blouse, une odeur de fruits chauffés. Sur les abricots, une mouche métallique. Des tomates gercées, des bananes.
Nous venions d’ailleurs et parlions « pointu » aux yeux des gens, par ailleurs persuadés de vivre dans le plus beau coin du monde.
De ce temps, mon frère a gardé une aversion pour la région. J’ai pour ma part conservé d’excellents souvenirs. Nos convictions politiques expriment une torsion étonnante, contradictoire.
La photo du jour : quelques merises du chemin des escargots. Notre sentier.