Il y avait une grande fièvre avant le départ. Nous étions une classe entière à partir en classe verte. Je chantais à tue-tête dans le car. Mais à l'arrivée, la poignée de ma valise resta dans ma main, le reste tomba, aussi vite souillé, dans une flaque café ou lait. Plus tard, je me retrouvais dans un petit lit du dortoir collectif, loin de ma meilleure amie. Mon livre de chevet disparut dans la foulée. La maîtresse et son mari eurent beau mener l'enquête, nul ne le restitua. Cela suffit à me donner le vague à l'âme et le regret des miens. Je pleurais mes parents, mon frère même. Je voulais rentrer chez moi.
Le reste du séjour s'écoula au rythme des jours ensoleillés où tout allait bien et des nuits cafardeuses où je voulais retrouver les miens. Le dernier soir, des enfants pleuraient leur départ imminent. Je pavoisais, trop contente de rentrer enfin à la maison.
Le bus mit du temps à nous décharger devant l'école. Des parents attendaient impatiemment, lançaient des coucous. Les miens: absents. La directrice me permit de leur téléphoner depuis son bureau.
On décrocha. On me répondit par d'affreux sons, de monstrueux borborygmes.
Troublée, je rejoignis la directrice qui me permit d'aller sonner à ma porte.
Un coup
Deux coups.
Je regardais au travers de la vitre aux petits motifs fleuris. Mon père arriva, m'embrassa, étonné et ravi que je sois déjà arrivée.
- Est-ce mon frère qui a répondu au téléphone ?
- Non, c'était moi. Pourquoi ? ... C'est toi qui a appelé à l'instant ?
- Ben oui Papa...
Eclat de rire non partagé.
- J'ai fait ces voix affreuses pour démotiver le petit plaisantin qui ne cesse pas de nous importuner... T'en fais une tête !
Ce jour tant attendu
jeudi 4 septembre 2014. Lien permanent