L'automne
mardi 7 octobre 2014. Lien permanent
D'accord, la lumière est devenue plus pâle, les feuillages sont délavés. Même l'érable du Japon reste en demi-teinte. Depuis deux jours, la pluie dépoussière les trottoirs, décroche les dernières feuilles.
Je n'ai pas envie d'automne. Encore moins d'hiver.
Passe Don't let me be understood de Jamie Cullum et Gregory Porter, puis la version de Nina Simone, si délicate. Et celle d'un film excessif de Tarentino.
Dansoter sur ces interprétations. Faire preuve de joie de vivre.
En faire trop en écoutant Sympathy for the devil.
L'automne, passable à condition des pommes Canada ou Clochard pour un crumble.
D'autres pommes pour un hachis parmentier.
D'accord.
L'automne, pour le plaisir de rentrer au chaud après avoir frissonné.
Pour les lumières des intérieurs, laissant la nuit bleu de Nîmes sur le paillasson.
Pour ces instants où un rien de soleil fade, s'attardant sur le dossier du canapé, capte toute mon attention.
Mais le fracas d'un pot de chrysantème sur le marbre d'une tombe.
La nuit trop hâtive.
Alors le plaisir de gainer ses jambes d'un nylon gris fumée.
Celui de porter plusieurs couches de vêtements.
Le bien-être ressenti à avoir chaud.
Mais, la problématique de ceux qui n'ont pas cette nécessité.
Les images de Courtinat.
Et encore Hokusai.
Tant d'automnes déjà passés. La répétition des saisons commence à se faire sentir.
L'automne, premier ou presque porte l'odeur de la gouache de l'école maternelle.
Ces ronds pots de jaune, d'orange ou d'ocre : nous plongions des éponges à peine humectées pour fournir (sur papier blanc) à des troncs austères des frondaisons flamboyantes.
Et puis ces jours de pluie et de vent, d'absolue grisaille.
Une poésie de Francis Ponge.
Le refuge d'une cuisine où l'on dilue le Cointreau dans la pâte à crêpes.
Nos mains enserrent une tasse de chocolat brûlant dans un café surpeuplé.
Un impromptu de Schubert à la barre du cours de danse, les muscles chauffés par les étirements, la silhouette tendue vers la fenêtre, en contrebas la place de la cathédrale, les essuie-glaces de la voiture de Papa qui attend, il lit un John Flanders. Les guêtres bleu ciel tricotées par Maman, la chaleur qu'elles procurent aux membres endoloris.
Le cache-cœur noué bien plus tard, vêtement affectionné par fidélité à ces exercices à la barre et ces mots lourds, forts de sens : Avant toi, je ne savais pas le sens du mot cache-cœur.
L'automne