Là-bas, on ne trouve pas souvent de baraques à frites. Tout est beurre salé, salicorne, algues bio. Pourtant un soir, attirés par la gouaille des autos-tamponneurs du Bolide, nous avons naturellement fait la queue devant la caravane du Palais du sucre. Un couple en tenait les rênes. Simultanément sur la crêpière, le gaufrier, les granitas, la barbe à papa et la préparation de la pâte à churros, ces deux-là connaissaient la musique. En toute humilité, chacun effectuait ses tâches. Devant le gaufrier, ils se permettaient un moment de conversation tandis que les chichis frétillaient dans l'huile. Face à nous, ils se parlaient sans se regarder. Sans nous voir. Accaparés par les commandes auxquelles ils étaient rompus. Elle, avait les traits fatigués, une robe à fleurs modestes. Lui, le cheveu clairsemé et un tatouage de dragon sur le biceps gauche. Les machines à 1 euro la surprise tout à côté proposaient des fantaisies gothiques ou des strings. Drôle d'époque.
Ce soir, tout doit être plié, là-bas. Le vent souffle sur les dunes. La peinture verte ou bleue des volets, mise à mal par le sable. Quelques lumières perdues dans la masse des villas attestent d'un reste de vie.