Des bûches, de l’alcool, des chips, des stylos, des revues, des femmes nues avec des étoiles sur les seins, des bonbons rouges ou bleus et de l’essence.
L’odeur de l’essence à la pompe à essence autrefois, les petits personnages Walt Disney en gomme multicolore, collectionnés par mon frère. Ça portait un nom bizarre, j’ai oublié.
Pas de bûches, pas d’alcool, pas de chips, pas de stylos, pas de revues, pas de femmes nues avec des étoiles sur les seins, pas de bonbons rouges ou bleus. De l’essence. Des bouteilles de Butagaz en pyramide. Des flaques irisées parfois. Les chiffres tournaient sur la borne lentement, prix au litre. Comme la poupée Bella allongée, yeux clos. Redressée, yeux ouverts, iris bleu vif strié. Le petit bruit des paupières. J’adore.
Les dimanches au soir, saluer en partant les silhouettes vieillissantes depuis la plage arrière de la voiture. La rue dans la nuit du village. Arrivés au stop, tourner à droite. La station-service et son trottoir affaissé, la famille qui la tenait : un vieil homme, son fils, sa bru, les enfants. Deux fillettes très démodées. Un garçon peut-être. Deux bornes. La télé, le générique annonçant le film du dimanche soir de TF1 derrière les rideaux de nylon. Et la route ensuite dans la campagne noire. Les phares jaunes.