(Sables mouvants, très dangereux pour les navires)
Oh ! un mot que je connais ! Le premier depuis le début, j’espère qu’il y en aura d’autres.
Comme la citadine que je suis ne trouvera pas de sables mouvants dans sa journée du 16 février prochain, je me permet de faire ce billet à l’avance pour vous raconter quelque chose de mon adolescence.
En 1998, je passais le bac de français, et je choisissais pour l’épreuve écrite le commentaire composé. Je m’en souviens parfaitement, et je vais vous expliquer pourquoi.
En première, j’ai eu la chance d’avoir une professeure de français vraiment exceptionnelle. Je pense que c’était d’ailleurs le meilleur prof de toutes mes années lycée. Madame T. était une grande femme blonde, un peu extravagante, qui corrigeait ses copies à l’encre violette. Elle a quand même réussi l’exploit à me faire aimer Phèdre de Racine. Très humaine, très à l’écoute de ce que nous étions, bref, alors que le français n’avait jamais été ma tasse de thé, j’en arrivais à apprécier ce qu’elle nous enseignait. Au programme, Les livres I à IV des confessions de Rousseau (ça par contre, cela a été imbuvable pour moi), Electre de Giraudoux et une vingtaine de textes à proposer à l’oral du bac. Parmi ces textes, un extrait du Rivage des Syrthes de Julien Gracq. On l’a étudié en classe. Longuement. Elle l’a repris systématiquement pour décortiquer et réviser l’oral. Nous l’avions vu et revu en cours ; c’était le texte que je connaissais le mieux, avec l’étude de l’œuvre de Giraudoux, je connaissais mes cours par cœur sans trop d’effort.
Arrive juin, et nous voici, dans la salle d’examen. Je vais directement à la fin du sujet, car je misais tout sur Electre en dissertation. Et merde, c’est Rousseau. J’étais très déçue, et je commence donc à lire le sujet en entier. L’argumentaire, je n’aimais pas ça, car j’étais experte en hors sujets. Voyons le commentaire composé. Les bras m’en tombent, c’est inespéré. Je regarde Sylvia avec des yeux énormes, c’est pas possible. C’est un texte que je connais quasi sur le bouts des doigts, c’est le Rivage des Syrthes de Gracq ! J’ai écrit ma copie d’un trait, quasiment sans faire de brouillon. Résultats, un 16/20.
Depuis, je suis persuadée qu’elle savait ce qui allait tomber au bac et qu’elle a essayé de nous aider. J’aurais adoré savoir si c’était vraiment le cas ou non. Dans tous les cas, la coïncidence était un peu trop grosse pour que je me dise que le hasard seul fait bien les choses….