Une tache est venue conchier[1] le joli tableau de famille recomposée dont nous nous réjouissions il y a encore quelques jours.
Une tache en forme de violence surgie au milieu de nous, choquante, agressante, incompréhensible pour trois d’entre nous.
Nous avons appris lundi d’une Cro-Mignonne un peu bouleversée que le Lutin Facétieux, une fois à l’école, lui distribuait, à l’occasion, quelques coups sans raison. Du genre à surgir du fond de la cour, latter, repartir.
Blessure de l’une qui n’ose pas dire en espérant que ça s’arrange, parce qu’elle l’aime, quand même.
Incompréhension de nous, qui ne prônons ni ne donnons exemple de violence comme mode de fonctionnement autorisé.
Confronté à ces accusations, il confirme, sans pouvoir expliquer autrement que par : “je ne pouvais pas m’en empêcher”. Alors quoi ? Quelle souffrance de plus vient nourrir son petit monstre intérieur, celui que nous tentons tous de domestiquer pour vivre en société, et qui le rend incontrôlable ?
Douleurs écolières ? Erreurs chez nous ? Soucis de plus avec sa mère ?
Et là, ce moment, sans doute l’un des plus compliqués de ma vie de mère et belle-mère. Protéger ma fille sans sombrer dans ma propre colère, dans ma rage qu’on lui ait touché un cheveu de tête comme ça, gratuitement.
Sanctionner sans brîmer.
Rappeler à la loi.
Monter un plan d’action. Favoriser le renforcement positif de la bonne conduite mais ne pas fermer les yeux sur le non excusable. Et surtout, surtout, ne rien faire de ça sans chercher la cause, gratter jusqu’à ce que qu’on trouve quoi et comment l’aider, en dépit de tout, de ma colère, de la confiance qu’il a perdue, de sa mère qui n’aide pas.
Ne pas sombrer moi-même complètement dans la violence de la colère, trouver moyen de la transformer à usage constructif. Tenter d’être juste.
Et hurler à la mort dès que je trouve un coin juste à moi, seule et loin du monde.
Note
[1] Souiller, salir