Parfois, pour se rendre la vie plus simple, il faut d’abord regabeler [1].

Ou plutôt, aller chercher les difficultés là où elles sont nichées.

Hier soir on a “convoqué” le Lutin Facétieux pour une discussion fort sérieuse.

Où il a été d’abord question du rappel à la loi : interdit de frapper, soi, un autre humain. C’est partout dans le monde, c’est valable pour tout le monde, dans toutes les circonstances. Que quand on ne respecte pas la loi, il y a des sanctions, quand on est grand, ça peut être une amende, ou la prison, ou faire des choses pour la communauté. Et que pour les petits, ça prenait d’autres formes. Que son père allait voir le psychologue du Lutin la semaine prochaine pour en parler avec lui et qu’on poserait des règles spéciales pour lui à la rentrée. Que le but n’était pas de l’exclure, mais de lui donner des guides pour qu’il regagne notre confiance, qu’il rentre dans la loi. Qu’on trouverait des dérivatifs à la pulsion, comme crier un grand coup, ou tordre son bonnet de rage (j’en tricoterai d’autres !).

On a ensuite évoqué le point le plus douloureux : si tu as fait ça, c’est sans doute parce que tu as une grande souffrance. Et on a commencé à passer en revue ce qui pouvait coincer dans sa vie, parce que les mots, chez lui, c’est compliqué. Alors parfois il faut lui en soumettre quelques uns pour qu’il reconnaisse ce qui, en lui, fait écho. Evidemment, la souffrance d’être moqué pour ses difficultés de langage. Rassurer. Rappeler qu’il n’y est pour rien, mais qu’il travaille dur pour améliorer. Que ça n’est qu’une partie de qui il est. Qu’il est normal qu’il en souffre, mais qu’il y a des adultes autour de lui pour l’aider, sur tous les plans.

Et puis évidemment, évidemment, la souffrance de ne pas vivre avec sa mère la relation qu’il en espère. On a acquiescé au fait que c’était un vrai grand motif de souffrance. Expliqué qu’on était trop près de lui pour l’aider, mais que c’est pour ça que le psychologue était là. Pour voir quoi faire de cette souffrance. Que c’était dur pour lui et qu’on le savait, mais qu’on ne le laisserait pas dévorer par son petit monstre intérieur de souffrance devenu incontrôlable.

La bonne nouvelle c’est qu’il était dans un piteux état avant, signe que ça a cogité. La bonne nouvelle c’est qu’il me semble que si c’est sorti à ce moment, c’est aussi signe qu’il se sent dans un environnement qui peut l’aider à trouver des solutions. La bonne nouvelle c’est qu’il avait finalement l’air soulagé de s’être fait prendre, j’y vois le soulagement de qui se dit qu’il n’a pas trouvé la porte de sortie, mais qu’il y a des gens pour l’aider à trouver, maintenant. La bonne nouvelle c’est que Cro-Mi va bien, elle a tout à fait compris que finalement, elle était la victime mais qu’elle n’y était pour rien, et que c’était signe, bizarre et inacceptable, mais signe quand même, qu’elle était importante pour lui. La bonne nouvelle c’est qu’elle semble être partante pour faire partie de la solution. La bonne nouvelle c’est que demain soir, c’est les vacances, qu’il va aller s’aérer, et nous souffler un peu, faire le point avec son psy, réfléchir à comment intégrer celle de l’école dans le processus.

Mais bon sang, c’est dur, et on est épuisés.

Note

[1] Chercher des difficultés sur