Reflets multichromes


Le piquet

S’arrêter un moment, juste en écoutant la rumeur, de l’autre côté de la petite dune qui nous sépare de notre destination. Je me tourne à gauche, à droite et j’attends le souffle qui revient, doucement. Photo…

Le bunker

Et puis je reviens encore sur mes pas de la veille ou de l’an passé, pour voir, pour sentir, parce que l’endroit est riche, vivant, palpitant. J’ai des envies de monochromes lumineux et de couleurs douces ou contrastées, ça dépend de l’instant.

les chevaux

Nulle part ailleurs qu’au bord de l’océan j’éprouve cette sensation d’espace, d’immensité, de libération — mais en y pensant il y a bien un ou deux endroits qui me font aussi cet effet, dont un en particulier qui me revient et où je passe souvent le soir en rentrant du travail ; il faudra qu’un jour je m’arrête, peut-être, pour faire une photo.

Pors-Carn

— Oui ! je l’aime ! La mer est tout ! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. Son souffle est pur et sain. C’est l’immense désert où l’homme n’est jamais seul, car il sent frémir la vie à ses côtés. La mer n’est que le véhicule d’une surnaturelle et prodigieuse existence ; elle n’est que mouvement et amour ; c’est l’infini vivant, comme l’a dit un de vos poètes.

Jules Vernes, Vingt mille lieues sous les mers

Kifes

Je me souviens de mes lectures de gamin, « L’île mystérieuse », « Vingt mille lieues sous les mers », … qui me fascinaient, tout comme « L’Iliade et l’Odyssée » et autres contes et légendes des temps antiques, « antiques » songe-je subitement, « fourmi », « ansible », … , dégustant ces mots quand tout d’un coup me voilà dans mes lectures d’après et d’aujourd’hui, du fantastique, de la science-fiction, de l’espace, encore et encore.

Les traces

Respirer, lâcher les épaules, le ventre, tous les muscles, courber le dos, toutes les tensions coulent dans la grève.

Suivons la piste

Parfois je me dis, et si en moto, et puis finalement non, trop de bruit, trop rapide, trop … Plutôt un cheval, si seulement je savais monter et mener un tel équipage — mais en fait pourquoi pas, un jour, si l’occasion se présente ou s’organise, peut-être que ça me plairait de parcourir quelques marées sur le sable frais.

Horizon

Et j’en croise, souvent, en file indienne ou solitaire, au pas ou au trot — et je viens de passer quelques minutes sur wikipédia à comparer les allures ; j’adore cette sérendipité que j’opère depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, à commencer par ce vieux Larousse illustré dans lequel je ne manquais pas de regarder les planches des drapeaux, en 3e de couverture, je crois.

Les pieds dans l'eau

J’ai osé les pieds dans l’eau cet été, moi qui ne me suis baigné là qu’en de très rares occasions, j’avoue avoir retiré mes chaussures qu’encore plus exceptionnellement, c’est dire. Pourtant c’est agréable, finalement ; et je me souviens d’une partie de baignade avec le fiston, encore petit, qui rigolait autant qu’il pouvait quand les vagues de l’Atlantique nous bousculait, inconscient qu’il était du danger permanent que l’océan représente, alors que je le tenais fort dans mes bras. Le bienheureux — un film qui m’a inspiré, une fois.

J’ai l’esprit qui divague aujourd’hui, les pensées s’enchaînent, exquises, avec un lien ténu qui disparaît aussitôt ; image de petits rouleaux qui viennent s’écraser sur le sable en laissant des myriades de petites bulles — sont-ce des petits vers d’eau qui respirent ainsi, dessous, à moins que de petits coquillages, allez savoir…

S

Parfois je me rapproche d’un détail, pour en sortir un contraste d’avec toutes les images d’un jour, comme s’il fallait rompre la série, ne pas s’enfermer dans un style. Je crois que je ne veux pas qu’on me prête un style, qu’on reconnaisse une de mes photos anonymes en disant que tiens, j’ai déjà vu ça chez untel, il photographie souvent de cette façon.

Le cartésien que je suis pense alors que l’appareil sur lequel est vissé en permanence le même objectif ne doit pourtant pas permettre une infinité de styles, alors il y a surement une similitude qui revient. A contrario quand je regarde mes premiers clichés avec lui, je trouve des différences, une façon de voir qui a changé, j’ai changé.

Reflets

Les reflets du ciel, partout, les nuages, le bleu, les gens, … Je me cherche dedans mais l’angle n’est jamais celui qu’il faut, évidemment, je suis derrière l’objectif, jamais devant !

Miroir

Croire qu’une photo, c’est le simple produit d’un système optique, d’une ouverture de diaphragme, d’une émulsion, d’un temps de pose, erreur. Une photo, ça se fait aussi avec des sentiments, une certaine idée de la vie. Une bonne photo, ça peut être un hasard, un coup de chance. Mais cent belles photos, c’est le portrait d’un homme.

Claude Roy

J’aimerais lire un jour le portrait que vous vous faites de moi, je crois.

Vagues

C’est présomptueux pensè-je tout d’un coup que d’espérer ça, forcément. Et là j’hésite à poursuivre, deux sentiments contraires se disputant l’avant-scène, alors je choisis un chemin de traverse en faisant un pas en arrière et en observant le duel, encore une fois, je me protège derrière l’objectif.

Le poste de secours

Il est temps, je constate soudain, de retourner ailleurs, de rentrer, alors je rejoins les autres, qui remontent doucement vers la dune et vers la terre.

La cloture

C’était un joli jour que ce 15 août, en baie d’Audierne, cette année là.

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