(Celui qui recueille et explique les mots anciens ou obscurs d’une langue)
Je suis en inter-contrat depuis lundi. J’ai fini la mission chez mon client vendredi dernier d’une manière qui me laisse un peu un goût d’inachevé. Rien de dramatique, et je ne devrais me plaindre, car j’ai la chance d’effectuer cette période à durée indéterminée chez moi. Payée à rester à la maison.
Et je me sens drôlement glossographe quand j’explique ce qu’est l’inter-contrat à ma famille, en particulier à ma maman.
Pour les sociétés de services de type SSII, l’inter-contrat est une période entre deux missions chez ou pour un client. Pendant cette période, le salarié n’est pas facturable. C’est quelque chose de très courant, et si nous avons un vrai CDI (certaines SSII font signer des CDI chantiers, et dans ce cas la fin de mission correspond aussi à la fin du contrat), nous ne sommes pas au chômage pour autant. Parfois, la société de service n’a pas de places dans ses locaux et/ou de projet interne à faire faire au collaborateur, et dans ce cas, il est parfois autorisé de rester chez lui.
Payé à rester à rien faire. Pour une durée indéterminée.
Moi qui adore mon chez-moi, je pourrais être ravie. Je le suis, car je m’estime pour le coup très chanceuse.
Mais j’ai du mal à prendre cela sereinement.
Tout d’abord, même j’étais volontaire pour quitter cette mission, car je sentais le vent tourner et je voulais maîtriser mon départ (dans le sens : c’est moi qui part, ce n’est pas vous qui me choisissez pour me faire sortir de l’équipe, cette notion était importante pour moi), je trouve que je ne suis pas partie proprement. Départ avancé de six semaines faute de budget, je suis partie comme un vendredi, en laissant mon boulot en plan, comme si je revenais le lundi. J’aurai aimé voir la fin. Bon, ce n’est pas très grave, c’est la vie.
Ensuite, il y a trop d’incertitudes sur l’après : quelle sera ma prochaine mission ? Sera-t-elle intéressante ? Loin de chez moi ? Avec des gens sympas ? Et j’ai combien de temps devant moi pour le lancer dans des projets personnels ?
Pour le coup, il faut que je revienne au Carpe Diem dans toute sa quintessence : vivre l’instant présent. Alors je range. Je vois le rangement un peu comme un anxiolytique : faire le tri dans le matériel pour apaiser ses émotions, ordonner ses idées. Cela ira, j’en suis sûre, mieux après.