Ce blog va entamer sa septième année d’existence dans moins d’une semaine, j’avais publié mon premier billet le 12 octobre 2004. À part les photos postées très régulièrement, en écho décalé de mon photoblog, plus beaucoup de billets, à peine une demi-douzaine par mois, ce qui est peu je vous l’accorde. Pas de jeux littéraires à l’horizon — les quelques récents ne m’ont pas inspiré du tout — et il faut le dire une lecture quasi confidentielle depuis quelques mois. Pas plus d’inspiration pour quelques fictions, et mes déplacements en scooter ne me donnent plus beaucoup l’occasion de tracer quelques portraits de voyageurs des transports en commun comme j’avais fait pendant un temps. Si je jette un œil aux statistiques — j’ai fait ça hier alors que je n’avais pas regardé depuis longtemps — il s’avère qu’à part les moteurs de recherche, Google et consort, les visiteurs en chair et en os se font rares (dans un rapport de 1000 pour 1 en faveur des premiers). Quand aux commentaires… Bref, j’imagine qu’il reste encore quelques agrégateurs de flux RSS qui passent par là et qui ne sont pas comptabilisés mais ça ne suscite pas plus de venue ici.
Air du temps ou pas, j’observe de plus en plus une raréfaction des publications sur les blogs, peut-être au détriment d’autres réseaux sociaux tels que Twitter, mais je ne le pense pas. Là où un article soulevait le voile sur un fait d’actualité, lançait le débat sur telle ou telle parole ou acte politique, nous observons dorénavant un bref sursaut de messages courts sur Twitter (et probablement de même sur les autres réseaux), sursaut dont la vie ne dure au plus que quelques heures pour les plus rémanents d’entre eux.
La conséquence de la perte de lectorat, voire de commentateur, avec lesquels nous conversions — pas toujours avec la meilleure franchise ou le meilleur français, mais ça participais de la richesse de l’endroit — est un appauvrissement direct du réseau social qui s’était forgé alors. Ceux que nous avions fini par croiser IRL, dans la vraie vie, sont souvent retournés dans leurs intimités et à part un noyau dur rien de nouveau n’approche. Hier au Paris-Carnet nous étions une bonne vingtaine, certains venus de loin, et c’était un excellent cru. Les derniers mois avaient été beaucoup plus restreints, signe que ce rendez-vous a vécu, comme auront vécu les blogs ? Je me souviens de mes premiers Paris-Carnet, là où si vous n’arriviez pas avant vingt heures, vous aviez du mal à vous frayer un chemin pour aller saluer quelqu’un que vous reconnaissiez. Cinquante était souvent la norme, c’était joyeux, bruyant, vivant. C’est toujours vivant, encore un peu, c’est devenu l’occasion pour moi de croiser des amis et j’y retournerai pour cette raison, mais la ou les nouveautés ne viendront plus de ça, pour l’instant du moins.
Je vais continuer à publier des photos, c’est facile à faire, en tout cas du point de la publication que j’ai automatisée au maximum. Probablement continuer à publier une sélection du mois, façon détournée de me faire un pressbook — candide manière d’imaginer pouvoir être remarqué et changer de métier, j’ai au moins le pouvoir de rêver à ça de temps en temps. Et puis ce sera certainement tout. J’avais pendant un temps imaginé publier sur mon métier ou sur d’autres expériences personnelles, mais les risques — et ils sont bien réels — n’en valent pas la chandelle.
Je vais me faire un café…
… et j’ouvre les commentaires. Après tout il n’y a pas de raison que personne ne puisse s’exprimer ici.
1 De Franck -
Moi le premier pour dire que finalement je me suis probablement mal exprimé dans ce billet, ne cherchant pas à m’apitoyer sur mon sort mais seulement à pointer du doigt une sorte de fin d’époque que je regrette un peu.
Fin d’époque qui a plus d’inconvénients je trouve que d’avantages.
2 De mirovinben -
Je fais également ce constat vu de ma tout d’ivoire : moins de billets un peu partout dans “ma” blogosphère, du coup, moins de commentaires… J’espère que cela n’est qu’un ralentissement conjoncturel (rentrée ? automne ?)
Moi même j’ai levé le pied, sans trop savoir pourquoi. Peut-être que de me replonger dans la programmation Pascal Objet déporte mon attention hors du blog et de la photographie… ?
3 De samantdi -
On fait le même constat, et en même temps, on a eu tellement de chance, déjà, de se rencontrer grâce aux blogs ! De tout ce que mon blog m’a apporté je me réjouis chaque jour ou presque, mais il fort probable que pareille moisson ne se représentera plus.
Mais comme tu dis, on continue comme-ci comme -ça, tranquillou… J’ai quand même fait quelques belles rencontres ces derniers temps, une blogueuse toulousaine, Marie, qui vient au cercle de silence.
C’est chouette quand même :-)
4 De Gilsoub -
Il faut surtout regarder les stat le jour où tu publies, finis mes tours de blogues, je ne vais voir que ceux dont les rss me réveillent ;-) Quant à la concurrence de Twitter ? Je n’y crois pas, ce n’est pas du tout la même philosophie… celle de Facebook? Oui, pour une majorité de blogues sans contenus bien précis (genre skyblog) où c’était plutôt genre « trop LOL la soirée chez manu »… J’utilise les 3 et pas pour les mêmes raisons :-) Perso, j’ai toujours mes 50/60 visiteurs jours, une partie toujours les même et d’autre qui tourne, et je continue à faire de belle rencontre sometime ;-) Continue, et si jamais tu veux de remettre à l’écriture, surtout n’hésite pas ;-)
5 De lipki -
je ne suis qu’un lecteur de flux rss qui viens faire acte de présence.
6 De O-plus -
Tiens, c’est re-ouvert ? Alors, tu vois, Franck, y a encore des gens pour venir causer avec toi :-))
J’ajoute aussi ma voix aux propos de Gilsoub. Si l’envie te prendre d’écrire ou de raconter, n’hésite surtout pas.
Une taiseuse qui sort du silence rien que pour toi :-)
7 De François Granger -
Je partage assez ton regard “désabusé” (?) sur la période. Vu que je suis en plus privé de Paris carnet pour cause d’agenda conflictuel, je subit la double peine. En même temps, mon rythme de publication est tombé dans l’indigent. Ce n’est pas que je n’ai rien à dire, mais pas le temps et l’énergie pour le mettre en forme. C’est pourquoi j’utilise Twitter et Facebook comme substituts de sociabilité.
Je crois qu’il y a une vraie opportunité de voir apparaitre de nouveaux auteurs grâce à la raréfaction des posts des auteurs actuels.
8 De Veuve Tarquine -
A dire vrai, je n’ai pas vraiment d’avis sur la question. Peut-être parce que moi aussi je déserte parfois — avant de revenir plus convaincue que jamais de la nécessité des blogs… Les remous se sont calmés. Oui. Mais j’avoue que cela ne me déplaît pas complétement. Je trouve que les mots — les commentaires !— y sont plus raisonnés, y sont moins dictés par des postures parfois artificielles. Le rythme n’y est plus le même. L’unité de temps des publications y est plus long. Mais j’aime aussi cette douceur après une frénésie qui a parfois frisé l’hystérie. Je dois concéder cependant que l’on y rit moins aussi… mais tes commentaires démontrent combien ont y trouve encore des gens de qualités :)
9 De Otir -
Je ne sais pas, Franck, je ne sais pas. Tout doit dépendre de tant de choses différentes en vérité. Je suis sûre que ce n’est pas la “concurrence” de Twitter ou de tout autre réseau social, mais le cycle de vie, en ligne et hors ligne : les disponibilités évoluent, les gens changent d’activités et de plages de temps qui étaient consacrées à un moment donné à une activité qui pouvait être la priorité et qui est passée à un autre plan, etc.
Pour moi qui suis comme rattachée par des fils très ténus à beaucoup de monde auquel je tiens très fort, les risques que ces fils se cassent m’angoissent toujours beaucoup. Alors bien sûr, je réagis à ce genre de billet, et prends la peine de commenter, ce que je ne fais pas d’habitude, parce que les enjeux seraient seulement de me manifester, de renouveler ma gratitude pour le don quotidien de tes photos, de ta présence qui me parle sans que je dise chaque jour de quoi.
Le problème de nos blogues c’est qu’ils ont besoin de réciprocité, de réassurance, de validité, ou bien on leur attribue une autre valeur, et il faut sans doute y réfléchir et s’en contenter et s’en réjouir. Et puis tout à coup quelque chose se passe qui remet en question les routines qu’on avait établies pour soi-même, et l’idée de perdre rend d’autant plus précieux ce que l’on avait mis en place, même si cela n’était pas nécessairement reconnu et validé par une foule enthousiaste…
:-)
Tu continues d’être un écho très important, pas seulement un ami, à force, de longue date !
10 De mirovinben -
J’ignore si le commentaire d’Otir a un copyright. Si oui je dis juste “+1”, si non, considère que je “copie/colle” l’intégralité de son propos.
C’est exactement ce que je ressens. Du “Je ne sais pas” à “Tu continues d’être un écho(…)” inclus.