À la lecture du titre de la chanson du jour j’ai eu quasi immédiatement le souvenir de mon maître de CM1 qui m’est revenu en tête. Le seul parmi tous les profs que j’ai eu dont je me souviens encore le nom aujourd’hui. Il était plutôt sévère, rigoureux dans ce qu’il nous enseignait et attendait de nous l’excellence, pas moins.
Monsieur C. avait en permanence posé sur son bureau installé au milieu de l’estrade une règle de section carrée en métal ; cette règle que chacun redoutait car, lorsqu’il arrivait que nous fassions un peu de chahut ou une bêtise, il l’utilisait pour en donner un petit coup sec sur le bout des doigts qu’il nous demandait de tenir serrés et tournés vers le haut. Parfois, nous avions droit à un sermon, pendant que le condamné — et c’était parfois moi — attendait sa punition debout devant le bureau.
Il se plaisait aussi, lorsqu’il déambulait entre les rangs pendant une dictée, par exemple, à attraper notre patte — et lorsque nous la portions courte c’était encore plus douloureux— et la tirer vers le haut pour nous signifier son agacement.
C’est curieux la mémoire, en fait. Une grosse majorité des souvenirs de gosse que j’ai encore aujourd’hui est constituée des souvenirs douloureux des coups et des sévices endurés alors. J’ai aussi le souvenir des heures passées au fond d’un placard, ou dans les escaliers en béton de l’immeuble, où je passais le temps en rêvant (et j’ai beaucoup rêvé).
Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi cette homme là, terrible s’il en était, avait l’heur de plaire à mes parents.
1 De mirovinben -
Le "coup" de la règle sur les doigts, je l'ai connu... en CM1 aussi. C'était en 1958 dans le 92. L'instit portait un nom fleurant bon la Corse.
C'est lui qui a dit un jour au paternel à mon sujet : "content de lui à bon compte". Phrase qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et qui m'a poursuivi pendant très très trop longtemps.
2 De Sacrip'Anne -
Ah quel bonheur que d'avoir échappé à ces méthodes disciplinaires barbares ! Pauvres de vous !
Et comme ça me fout en rogne, même si je sais ça vain, les enfants à qui on brutalise l'enfance, quelle que soit la forme se brutalité...
3 De Catherine -
J'ai lu ce texte hier et n'ai pas su quoi écrire.
Ce soir, c'est la même configuration.
Une phrase de Pennac en substance, dit à peu près cela : aucun chagrin d'adulte n'est aussi insupportable qu'un chagrin d'enfant.